COLLABORATION SPÉCIALE

Après 18 semaines de saison régulière, place aux choses sérieuses avec la présentation des six matchs de premier tour éliminatoire ce samedi, dimanche et lundi sur RDS et RDS Direct.

Dans le premier de deux textes d'analyse. je vous propose quelques réflexions sur les duels impliquant des équipes de l'association Américaine.

Raiders c. Bengals (samedi, 16 h30)

Une des choses qui sautent aux yeux pour cette confrontation est le fait que ces deux clubs ont déjà croisé le fer cette année. Dans un match disputé à la fin novembre, les Bengals l’avaient emporté 32-13 sur le terrain des Raiders.

En décortiquant l’allure du match, on s’aperçoit que ce n’était en fait que 16-13 en faveur de Cincy avec une douzaine de minutes à jouer au match. Soudainement, Derek Carr a connu des ennuis en étant victime d’une interception en plus de commettre un échappé. Le temps de le dire, les visiteurs avaient marqué 16 points dans les cinq dernières minutes. Ce n’était pas à sens unique comme le pointage tend à l’indiquer.

Je serai très curieux de voir comment Joe Burrow se comportera à sa première expérience en éliminatoires. Avant tout, j’ai hâte de savoir si les Bengals arriveront à le protéger car mine de rien, il a subi 51 sacs du quart cette année (8,6 % de ses reculs de passes, ce qui est le pire ratio) en plus d’être frappé un total de 109 fois. Sa ligne à l’attaque est carrément l’une des pires de la NFL en protection contre la passe. 

Sera-t-il capable d’éviter les chasseurs de quart des Raiders? C’est l’une des clés du match, c’est évident. Parce qu’au-delà ce que nous révèlent les statistiques, Burrow en a évité un paquet, des sacs du quart en 2021 en se servant de sa mobilité. 

Je m’attends à ce que Vegas, avec les Maxx Crosby, Yannick Ngakoue et compagnie, soient en mesure d’exercer de la pression. Ils en ont appliqué toute la saison, je ne vois pas pourquoi ça arrêterait en match d’après-saison.

Il faut faire attention lorsqu’on voit le nombre de sacs cumulés par les Raiders, qui est plutôt modeste à 32. Ça leur confère le 24e rang dans le circuit Goodell. Ils sont toutefois 8es en ce qui a trait au pourcentage de pression réussie sur les jeux de passes, et 7es par rapport au ratio de batailles remportées, calcul qui recense lorsqu’un front défensif se rend au quart adverse en 2,5 secondes ou moins. Les sacs du quart, ça ne dit pas toute l’histoire!

En 2e moitié de saison, les Bengals se sont mis à lancer beaucoup le ballon, et Burrow a répondu de brillante façon au défi lancé par l’entraîneur-chef Zac Taylor. Il est en feu depuis quelques semaines, venant au 1er rang dans la majorité des statistiques relatives au jeu aérien.

J’ai l’impression que pour gagner samedi, il faudra peut-être revenir à la recette qui avait permis de remporter le duel du 21 novembre, c’est-à-dire un penchant vers la course. On avait déployé 38 jeux au sol cette journée-là contre 29 passes, et le demi offensif Joe Mixon avait connu un fort match.

Quant aux Raiders, l’équilibre à l’attaque sera essentiel. Ils s’amènent dans un stade bruyant devant une foule à Cincy qui sera survoltée, sachant à quel point elle est peu gâtée depuis plusieurs années (à preuve, leur équipe n’a pas gagné de match éliminatoire depuis 1991). Josh Jacobs, qui a livré du bon football dans le dernier droit, devra poursuivre dans la même veine.

Je vous disais que les Bengals n’ont pas gagné un match significatif depuis trois décennies. Qu’on le veuille ou non, ça vient avec une certaine pression. On est en présence d’une jeune équipe menée par un jeune quart et un jeune instructeur. Ce sont des éléments qui ne vont pas nécessairement en faveur de l’équipe de l’Ohio.

Les Raiders, eux, ont l’impression d’être en éliminatoires depuis un mois. Chaque victoire qu’ils ont décrochée pour terminer le calendrier était essentielle à leur qualification. Quel effet aura la victoire carrément folle obtenue en prolongation face aux Chargers, dimanche soir dernier? Reste-t-il suffisamment d’énergie dans le réserve à un groupe qui a joué un match des plus émotifs, et qui doit se retourner de côté avec une courte semaine de récupération et de préparation, le tout accompagné d’un déplacement vers Cincinnati?

Patriots c. Bills (samedi, 20 h 15)

On nous réserve un choc éliminatoire entre rivaux de section samedi soir, alors que les Patriots seront les visiteurs à Buffalo. En saison régulière, les deux formations avaient obtenu une victoire chacune sur le terrain ennemi. Celle de 14-10 des Pats à Orchard Park par une soirée hyper venteuse (pratiquement un ouragan) avait marqué les esprits, alors qu’ils avaient tenté 46 courses et qu’ils ne s’en étaient remis au jeu aérien que trois fois en 60 minutes.

Trois semaines plus tard, les Bills avaient pris leur revanche en l’emportant de façon décisive, 33-21, à Foxborough. Bref, on est en présence de deux clubs qui ne connaissent bien.

On ne peut nier le fait que les Bills ont terminé le calendrier avec plus d’aplomb, forts d’une séquence de quatre victoires. Les Pats ont connu des ratés pour leur part, comme en témoigne leur fiche de 1-3 pour conclure. Par moments, on a senti que les choses se complexifiaient pour le quart recrue Mac Jones.

Je ne serai pas original, mais à mon sens, c’est l’élément qui ressort le plus; cette bataille de quarts-arrières. D’un côté, une recrue qui gravit bien les échelons mais fait encore ses classes, et de l’autre, Josh Allen qui est pratiquement Superman semaine après semaine pour les Bills. Ainsi va aller la soirée d’Allen, ainsi vont aller les Bills.

Cette attaque, c’est réellement le Josh Allen Show. C’est lui qui lance le ballon, mais c’est aussi lui qui est le porteur de ballon le plus efficace. S’ils veulent se donner une chance de triompher, les Pats doivent trouver une façon de le neutraliser, sans quoi leur soirée sera longue. Ça commence en réussissant à le garder dans la pochette protectrice. Lorsqu’il arrive à s’en échapper, c’est là que s’ouvre pour lui un nouveau monde de possibilités, puisqu’il est à l’aise lorsqu’il s’agit des jeux réactionnels, ces fameuses séquences improvisées. C’est quasiment impossible de couvrir tous les receveurs des Bills lorsqu’Allen se met à se déplacer hors de la pochette. 

À travers tout cela, il faut éviter qu’il nous fasse trop mal avec des jeux de course structurés. Les Pats savent qu’Allen peut aller chercher de gros morceaux de terrain avec ses jambes.

Les Bills doivent se présenter avec la même attitude que lors du 2e duel, celui de la semaine no 16. Ils ont été physiques, combatifs et agresssifs. Ils se sont présentés au Gillette Stadium pour gagner. Ils ont blitzé contre le jeu au sol des Patriots et ont fait preuve d’audace en laissant leur attaque sur le terrain à trois reprises sur 4e essai en 1re demie uniquement. Sean McDermott et ses hommes n’avaient montré la moindre once d’hésitation. Ils ont voulu dicter le ton du match et l’ont fait de superbe façon, après s’être fait piler sur le corps dans le 1er rendez-vous.

En défense, Buffalo doit tout faire en son pouvoir pour que l’attaque soit entre les mains de Mac Jones. Comment y parvenir? Évidemment, il faut arriver à stopper le jeu au sol, quitte à y allouer beaucoup de ressources. Il faut défier Jones de faire du dommage avec son groupe  de receveurs, qui entendons-nous, n’est pas très talentueux. Un départ canon de l’unité offensive des Bills serait également le bienvenu, car il forcerait les Pats à jouer du football de rattrapage. C’est ainsi que la troupe de Bill Belichick sera contrainte à lancer le ballon plus fréquemment qu’elle ne le désire. Dans le 2e match, Jones avait connu l’une de ses pires prestations de l’année (laissons de côté celle du 1er affrontement), complétant seulement 14 passes pour 145 verges de gains, aucun touché et deux interceptions. 

C’est la formule à recréer du côté des Bills. Et n’oublions pas que le dernier quart recrue à avoir remporté un match éliminatoire était Russell Wilson, en 2012. La tendance ne favorise pas Mac Jones.

Steelers c. Chiefs (dimanche, 20 h 15)

Le match à l’horaire pour dimanche soir est celui qui, sur papier, nous semble le plus inégal. Les fiches des deux équipes en saison régulière parlent d’elles-mêmes.

J’ai envie de dire que les Steelers n’ont pas connu une bonne saison, mais il n’en demeure pas moins qu’ils se sont faufilés en éliminatoires. Toutefois, il faut admettre que même leurs victoires n’étaient souvent pas des chefs-d’oeuvre. Disons qu’en termes de points de style, on repassera du côté de Pittsburgh! Mais ils se sont battus et c’est en bûchant qu’ils sont restés dans le portrait éliminatoire suffisamment longtemps pour s’y retrouver à la fin. Mine de rien, à leurs 13 derniers matchs, leur fiche a été de 8-4-1.

À leurs quatre dernières sorties, les hommes de Mike Tomlin ont encaissé une défaite, et c’était justement à Kansas City, contre ces mêmes Chiefs. Ceux qui ont visionné le match se souviendront que ce n’était pas beau à voir, ce revers de 36-10. C’était 14-0 après 15 minutes de jeu et 24-0 à la mi-temps. En fait, c’était 36-3 jusqu’à ce que les Steelers n’inscrivent leur seul touché du match dans une cause désespérée, dans le classique « garbage time », avec trois minutes à écouler.

Ce gain éclatant, les Chiefs avaient réussi à le signer sans un joueur offensif important, puisque l’ailier rapproché vedette Travis Kelce était absent, ayant été soumis au protocole de la COVID-19.

Ce qui saute aux yeux lorsque je regarde l’ensemble de la saison de Pittsburgh, c’est que cette équipe ne marque pas beaucoup de points et que c’est souvent laborieux. Ben Roethlisberger a toutes les misères du monde à générer de gros jeux par la voie des airs. Ça prend un grand volume de jeux afin de traverser le terrain, et les jeux explosifs se font rares. Quand tu as ce genre de lacune et que tu te déplaces au Arrowhead Stadium, j’aurais tendance à dire qu’à moins de créer une flammèche qui n’y était pas en saison régulière, tu es dans le trouble.

Il y a de très fortes chances, à la base, que les Chiefs vont marquer une grande quantité de points. C’est pourquoi je crois que de survivre au 1er quart pourrait être le mandat initial des Steelers. Car en passant, Kansas City est classé au 1er rang de la NFL pour les points inscrits sur la 1re séquence offensive d’un match. Historiquement, l’équipe d’Andy Reid livre la marchandise dès le départ, et ça se concrétise souvent par un touché.

Les Steelers jouent mieux en 2e demie qu’en 1re, et c’est compréhensible, car ils ont régulièrement eu à combler d’importants fossés dans la dernière demi-heure de jeu. Si le trou qu’ils se sont créé est trop imposant comme celui du 26 décembre à K.C., il n’y aura pas là de grands espoirs de victoire.

Tous ces facteurs mis ensemble me portent à croire que pour assister à un triomphe des Steelers, ces derniers auront besoin d’un match parfait, sans le moindre accrochage. Il faudra terminer les séquences dans la zone payante avec des touchés, convertir des 4e essais, provoquer des revirements de façon à voler une possession ou deux à Patrick Mahomes, contrôler le temps de possession. De plus, le porteur de ballon recrue Najee Harris devra connaître un fort match de façon à ce que la défense reste fraîche sur les lignes de côté.

L’idée n’est pas de décourager les partisans de Pittsburgh… À mon avis, ils savent déjà que la commande sera considérable. Je cherche seulement illustrer à quel point la performance des visiteurs devra être un parcours sans faille pour que l’improbable se produise.

* propos recueillis par Maxime Desroches