Grosse nouvelle dans la NFL avec le retour de Jon Gruden à la barre des Raiders d'Oakland. La nouvelle a été confirmée par l'équipe samedi en fin de soirée.

Sa dernière saison comme entraîneur remonte à l'année 2008 à Tampa Bay, une absence de neuf ans à l'extérieur du coaching qui ne m'inquiète pas du tout.  Après chaque saison, son nom revenait sans cesse dans les spéculations lors de la période du black monday où plusieurs entraîneurs perdent leur emploi. Cette fois, il a su se laisser tenter par les Raiders et si les chiffres avancés par les médias sont véridiques, on peut comprendre son intérêt parce que 100 millions de dollars est un chiffre qui frappe l'imaginaire.

Au-delà du montant d'argent qu'il aurait accepté, il est plutôt rare qu'un entraîneur de la NFL signe un contrat d'une durée de dix ans, car ce n'est pas à ce poste qu'il y a le plus de stabilité.  Je suis persuadé que les autres entraîneurs dans la NFL ont été aussi surpris que nous, mais une fois le choc passé, ils ont compris que cette signature risquait d'influencer  positivement leur propre situation quand reviendra le temps de renégocier leur contrat.

Ceux qui s'inquiètent du fait qu'il n'a pas dirigé depuis huit ans n'ont pas vraiment à s'en faire parce qu'il y a des précédents. Je vous soumets le nom de Dick Vermeil, qui a connu un intervalle de 15 ans entre son dernier match à la barre des Eagles de Philadelphie et son premier avec les Rams de St.Louis avec lesquels il a remporté le Super Bowl en 1999. Comme Gruden, Vermeil était allé faire de la télévision.

Je pense que les partisans des Raiders n'ont pas vraiment à s'inquiéter par l'espace-temps qui sépare les deux derniers postes d'entraîneurs de Gruden parce qu'il a toujours été très près du football et il n'a jamais été déconnecté, bien au contraire. Il est vraiment à jour en matière de système de jeux. J'avoue tout de même que son arrivée pique ma curiosité et j'ai hâte de voir ce qu'il va réussir à faire. Mais ceux qui suivent le football américain savent qu'il est un maniaque et qu'il mange du football 24 heures sur 24.

Durant son passage à ESPN, il était toujours très impliqué dans le repêchage, ce qui lui a permis de garder ses entrées et de maintenir à jour ses connaissances en matière de football collégial. Tous les printemps, il tenait des camps pour les quarts qui pouvaient potentiellement être repêchés.  Pour se garder près de son sport, il avait créé à Tampa la Fired Football Coaches Association (FFCA) une forme d'Association des entraîneurs congédiés.  Ça permettait aux entraîneurs congédiés de jaser et de visionner du football pour se tenir à jour. Ça leur permettait également de partager leurs connaissances.

Il était tellement bien préparé pour son travail d'analyste au match du lundi soir. Pour cette rencontre hebdomadaire, il arrivait sur place le jeudi, soit cinq jours avant la partie et il en profitait pour assister aux entraînements et pour discuter avec les entraîneurs ainsi qu'avec les coordonnateurs. Il assistait aussi aux rencontres de production avec les coachs, ce qui lui a permis de prendre connaissance des nouveautés en matière de jeux et des nouvelles philosophies prônées par les équipes. Gruden est un gars intelligent qui a sans doute pris bien des notes et comme il est exposé depuis longtemps à tous les systèmes de jeux, je suis persuadé qu'il est à jour en matière de connaissance.

C'est la deuxième fois qu'il pilotera les Raiders. Il a fait ses preuves de 1998 à 2001 quand il a démontré qu'il était capable de virer une situation de bord. À ses deux premières saisons, il a joué pour ,500 alors que pour les deux dernières, son club a été champion de section.

Joh Gruden est monsieur Raiders et c'est tellement une bonne nouvelle pour cette équipe. Sa présence au sein du club va largement  déborder les limites du terrain. Avec sa personnalité, ses grimaces, son intensité ainsi que son amour et sa connexion avec les partisans, il va être un atout majeur pour l'organisation. Il sera la vedette du club, ce qui devrait avoir pour effet d'enlever un peu de pression sur les épaules  de ses joueurs.

Son statut de grande vedette est donc non négligeable parce que les Raiders vont déménager à Vegas en 2020 et qu'on souhaite avoir une équipe compétitive immédiatement après le transfert.  Les Raiders veulent éviter d'avoir une équipe moribonde quand ils vont quitter la Californie.

Gruden est un entraîneur reconnu pour l'attaque. L'ancien pilote Jack Del Rio n'a pas mal fait avec les Raiders, même que l'on avait prolongé son contrat en février 2017, mais on s'est rendu compte que le jeune quart Derek Carr avait fait un pas de recul. La pièce maîtresse de l'équipe ne s'est pas améliorée cette saison et j'ai l'impression que ç'a rendu les Raiders nerveux parce que lorsque  ton quart, à qui tu as consenti un contrat de 125 millions de dollars, ne s'en va pas dans la bonne direction, c'est difficile de gagner des matchs et de vendre des billets.

Gruden est très offensif et il travaille beaucoup avec les quarts. Il a l'habitude d'aller chercher le meilleur des quarts, ce qui est non négligeable.

Les Raiders vont payer 100 millions pour cet homme, que la même équipe avait échangé aux Buccaneers après la saison 2001 pour deux choix de première, deux choix de deuxième ronde et une somme forfaitaire de huit-millions de dollars. Sa présence va faire jaser et va faire vendre. J'ai hâte de voir le dynamisme que son arrivée va créer.

Gruden est intelligent et il espère faire preuve du même opportunisme à Oakland qu'à son arrivée à Tampa quand il a gagné le Super Bowl à sa première année après avoir hérité d'une solide défense bâtie par l'entraîneur précédent Tony Dungy. Gruden avait obtenu une équipe mature et il avait su peaufiner quelques aspects de l'attaque pour aller chercher les grands honneurs en arrivant.

 La saison 2017 a été plus difficile pour les Raiders, mais en 2016, l'équipe avait conservé une fiche de 12-4.Ça veut dire qu'il y a du potentiel à Oakland et Gruden est un homme fier, qui sait qu'il a entre les mains un jeune quart avec un beau potentiel.

*propos recueillis par Robert Latendresse