Comment ne pas être déçu de la performance des Jets?

Le scénario n’était pourtant pas très compliqué. Une victoire dimanche face aux Bills de Buffalo, où ils s’étaient inclinés cette saison, et ils accédaient aux éliminatoires.

Déjà éliminés et en danger de conclure le calendrier avec un dossier perdant, les Bills ne manquaient néanmoins pas de motivation. Offrir une victoire à leur entraîneur Rex Ryan contre son ancien club et terminer la campagne sur une note positive, voilà ce qui importait pour les Bills, qui n’avaient rien à perdre. Battre les Jets, c’était leur Super Bowl. Ils jouaient pour l’honneur et n’étaient nullement crispés.

Tout le contraire des Jets.

Alors que l’enjeu était de taille, les New-Yorkais ont paru complètement figés, nerveux et ont joué sur les talons. Ils ne se sont pas présentés. L’équipe entière a commis des erreurs coûteuses. À commencer par la défense.

Grâce à cette unité, les Jets avaient pourtant toutes les chances de l’emporter. Avant le match de dimanche, ils n’avaient alloué que deux touchés au sol depuis le début de la campagne, soit en 15 rencontres. Face aux Bills, ils en ont concédé deux...

Dotés de la meilleure défense du circuit en situation de troisième essai, les Jets avaient limité les clubs adverses à un taux de réussite de 32 % en pareilles circonstances. Dimanche, les Bills ont affiché un rendement avoisinant les 50 %...

Pas étonnant donc que les Bills aient contrôlé le temps de possession à raison de 39 minutes contre 21.

Et tout cela même si l’attaque des Bills était décimée par les blessures. Le porteur de ballon LeSean McCoy n’était pas en uniforme, tout comme les receveurs Robert Woods et Charles Clay. Bref, trois des quatre principales armes normalement à la disposition du quart Tyrod Taylor manquaient à l’appel. Il ne lui restait plus que Sammy Watkins.

Le plan de match de Jets se devait donc d’être simple. D’abord, il importait de ne pas laisser Taylor courir, un quart mobile capable d’improviser. Puis, il fallait neutraliser Watkins et ainsi forcer Taylor à lancer à ses autres receveurs.

Taylor a finalement effectué 10 courses pour 51 verges, inscrivant notamment un touché au sol.

Watkins a quant à lui été ciblé à 15 reprises, captant 11 ballons pour des gains 136 verges, et ce, malgré la couverture de Darrelle Revis. Visiblement, le demi de coin étoile des Jets craignait de se faire battre dans les zones profondes.

Ce ne fut guère mieux sur le plan offensif pour les Jets. Ryan Fitzpatrick l’agent double a été fidèle à lui-même. Capable du meilleur comme du pire depuis le début de sa carrière, le quart des Jets a choisi un bien mauvais moment pour renouer avec ses mauvaises habitudes, lançant trois interceptions au quatrième quart qui ont réglé le sort des siens.

Les Jets concluent donc leur saison avec une fiche de 10-6. C’est à se demander si ce dossier gagnant n’a pas été favorisé par un calendrier moins « difficile ». Outre leurs matchs de section, les Jets ont affronté des adversaires de la section Sud de l’Américaine et de l’Est de la Nationale, deux divisions pour le moins faibles. C’est sans compter qu’ils ont eu deux duels contre des clubs de quatrième place dans l’Américaine, soit les Raiders d’Oakland et les Browns de Cleveland.

Or, cela n’explique en rien leur contre-performance d’équipe face aux Bills qui leur coûte une place en éliminatoires.

Manning le gestionnaire

Je ne m’en cache pas, j’ai toujours été un fan de Peyton Manning.

Non, il n’est pas parfait. On peut entre autres lui reprocher sa fiche en éliminatoires, mais au-delà de tout cela, j’éprouve toujours un plaisir à voir jouer le quart des Broncos de Denver. J’ai toujours été fasciné par sa gestion de la ligne d’engagement.

J’étais donc heureux de le voir revenir dans la mêlée au troisième quart alors que les Broncos tiraient de l’arrière 13-7 face aux Chargers de San Diego. Dès son arrivée sur la pelouse, il a permis à son attaque d’inscrire des points lors de quatre séquences offensives consécutives, deux touché et deux placements, pour éventuellement l’emporter 27-20.

Manning l’a lui-même avoué au terme de la rencontre, cette remontée n’a pas été si exigeante puisqu’il n’a eu qu’à faire confiance à ses porteurs de ballons. Il n’a tenté que neuf passes, en complétant cinq pour des gains de 69 verges.

Il ne faut toutefois s’attarder uniquement à ces statistiques. J’ai senti que lorsqu’il s’est présenté sur le terrain, l’attaque des Broncos n’affichait plus le même visage.

Plus expérimenté et confiant, Manning a changé le tempo et accéléré le rythme entre les jeux, en plus de changer les jeux à l’occasion. D’ailleurs, tout juste avant la course de 17 verges de C.J. Anderson, qui a contribué au premier touché des Broncos au troisième quart, Manning a flairé un blitz et transporté le jeu de l’autre côté.

On a pu le constater ici, le travail de tout bon quart-arrière ne se résume pas qu’aux passes. Il importe aussi de changer le tempo, les jeux à la ligne d’engagement et attirer les hors-jeux à l’aide de la cadence.

La performance de Manning aura donc permis aux Broncos de conclure le calendrier régulier au sommet de l’Association Américaine plutôt qu’au cinquième échelon.

Gare aux Seahawks!

Un vrai rouleur-compresseur ces Seahawks de Seattle.

Pour une troisième année de suite, la troupe de Pete Carroll est allée battre les Cardinals de l’Arizona sur leur propre terrain. Les deux plus récents duels ont été particulièrement cinglants pour les Cards, qui ont été dominés 71-12 au chapitre des points.

ContentId(3.1167774):NFL : Un tour d'horizon dans l'Association nationale
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C’est donc sur une excellente lancée que les Seahawks entreprendront les éliminatoires. Et avec toute l’expérience dont dispose cette équipe après avoir pris part aux deux derniers Super Bowls, elle sera plus que redoutable.

Une fois encore, les Seahawks ont fait preuve d’un bel équilibre pour vaincre les Cards, optant pour 37 courses et 32 passes.

Russell Wilson a été au cœur de cette réussite avec trois passes de touché, chacune décochée à l’intérieur de sa pochette protectrice. On se répète, mais Wilson est un quart de plus en plus complet, lui qui a lancé 24 passes de touché contre une seule interception à ses sept derniers matchs.

Toujours aussi efficace, la défense des Seahawks n’a quant à elle alloué que 11 points en moyenne lors de ses cinq derniers matchs. Ajoutez à cela le brio de Tyler Lockett, qui a amassé 139 verges de gains sur quatre retours de bottés, et vous obtenez une vraie victoire d’équipe.

Bref, tout fonctionne au bon moment chez les Seahawks.

Quant aux Cardinals, ils se sont sans doute réveillés de bien mauvais poil lundi matin.

Ils se sont non seulement fait battre stratégiquement, mais aussi physiquement. S’incliner stratégiquement, ça arrive, mais se faire dominer physiquement, c’est encore plus difficile à accepter.

Voilà donc une bonne leçon d’humilité pour ces derniers à l’aube des éliminatoires. Il ne suffit pas que d’enfiler l’uniforme et mettre son casque pour l’emporter. Disons que les joueurs vont être plus réceptifs aux directives des entraîneurs cette semaine.

Les Seahawks l’étaient sûrement la semaine dernière après avoir été surpris par les Rams de St Louis, alors que les Cards ont peut-être manqué de sérieux après avoir lessivé les Packers de Green Bay.

Cette victoire de 36-6 des Seahawks n’est peut-être donc pas que le fruit du hasard finalement.

Des Packers méconnaissables

Il fut un temps où le Lambeau Field était une terre plus qu’inhospitalière pour quiconque étant contraint de se frotter aux Packers de Green Bay et Aaron Rodgers.

Mais pas récemment.

Tour à tour, les Bears de Chicago, les Lions de Detroit et les Vikings du Minnesota l’ont en effet emporté au domicile des Packers cette saison.

Dimanche soir, les Vikings ont assuré leur place en éliminatoires grâce à un gain de 20-13, signant du coup une troisième victoire de suite.

Après avoir amorcé la saison avec six victoires de suite, les Packers ont pour leur part conclu le calendrier régulier sur une note plus négative avec seulement quatre victoires à leurs 10 derniers matchs.

Coulés par une attaque anémique, les Packers ont encaissé un deuxième revers de suite. N’inscrivant que 21 points lors de ces deux duels et allouant 14 sacs du quart à la défense adverse, les Packers vivent des temps pénibles.

Ne disposant pas d’une ligne à l’attaque capable de lui offrir une protection convenable et de receveurs en mesure de se démarquer rapidement, le quart des Packers Aaron Rodgers n’a que très peu de marge de manœuvre.

Habituellement confiant, souriant, voire même arrogant, Rodgers a maintenant l’air désemparé et son langage verbal en dit long. Au fil des deux dernières semaines, les Packers ont donné le ballon à leurs rivaux à six reprises. Rodgers a été l’auteur de cinq de ces revirements, étant victime de deux interceptions et trois échappés chacun ramenés pour un touché.

Confronté à une pression provenant de tout bord tout côté, Rodgers tente de s’échapper plus souvent qu’autrement, si bien qu’il a parfois les allures d’une poule pas de tête. Difficile de lancer une passe parfaite dans ces conditions.

C’est difficile à croire, mais si ça continue de la sorte, l’attaque des Packers devra bientôt courir avant tout dans l’espoir de contrôler le ballon et gagner des matchs à bas pointage. C’est à se demander si les rivaux des Packers se préoccuperont sous peu de freiner le jeu au sol d’abord pour forcer Rodgers à les battre avec son bras.

Qui l’eût cru? C’est presque le monde à l’envers.

* Propos recueillis par Mikaël Filion