Louis-Philippe Ladouceur, l’anonyme Cowboy
25 ans d'émotions/Courts-métrages vendredi, 31 janv. 2020. 07:00 jeudi, 12 déc. 2024. 14:57Ne manquez pas « L'étoile discrète », un court-métrage de la série 25 ans d’émotions, qui vous sera présenté dimanche dès 16 h sur les ondes de RDS et RDS Direct.
En concluant la description sommaire de l'emploi qu’occupe son fils Louis-Philippe depuis 15 ans, Pierre Ladouceur éclate de rire.
« À l’écran de télévision, c’est toujours ses foufounes qu’on voit! »
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La position de spécialiste des longues remises n’a en effet rien de « flashy », convient le principal intéressé. Même chez les Cowboys de Dallas.
« L’anonymat, ce n’est pas une mauvaise affaire. Quand je sors des fois avec des chums [des Cowboys], ç’a pas d’allure. Aux cinq minutes, ce sont les autographes, les photos. Moi, j’ai jamais [à vivre] ça. »
Il faut dire que depuis que Bill Parcells lui a offert le poste ingrat en 2005, le Québécois a tout fait pour ne pas se retrouver dans l’objectif de la caméra. Des quelque 2000 remises qu’il a effectuées, que ce soit pour un botté de dégagement ou de précision, il n’en a raté aucune. AUCUNE. La perfection.
« J’ai 10 jeux par match. Nos joueurs de ligne offensive jouent entre 65 et 80 jeux par match. Il y a une statistique dans la NFL qui dit qu’une équipe qui se fait bloquer un punt, perd le match dans 80 % des cas. C’est une grosse affaire d’avoir un bon snapper et une bonne protection pour le botté de dégagement », rappelle-t-il dans L’étoile discrète, un documentaire de la série 25 ans d’émotions qui vous sera présenté dimanche dès 16 h à RDS.
« C’est quoi un spécialiste des longues remises parfait? Je pense que c’est L-P », identifie le botteur de dégagement Chris Jones, membre des Cowboys depuis 2011.
« Je pense que la principale qualité de L-P, c’est sa fiabilité », renchérit l’ailier rapproché Jason Witten, seul joueur dans la glorieuse histoire des Cowboys à avoir disputé plus de matchs (255) que Ladouceur (237) en saison régulière. « Je ne pense pas l’avoir vu faire une mauvaise remise. Il y a un vieux dicton qui dit : "Soyez à votre meilleure quand la situation l’exige". C’est comme ça sur chaque remise avec L-P. Nous sommes coéquipiers depuis 12 ou 13 ans et il est tellement bon que nous le tenons pour acquis »
« Les gens ne comprennent pas qu’il a maîtrisé l’art de faire des longues remises », ajoute Witten, futur membre du Temple de la renommée. « Il ne s’agit pas que de remettre le ballon, il faut également bloquer les adversaires. Vous ne retrouvez pas cela souvent. Les autres savent comment remettre le ballon, mais L-P sait exactement ce que vont faire les gardes, ce que vont faire les ailiers. Il connaît les responsabilités de tous. »
La retraite attendra
Ladouceur jouit donc de la pleine reconnaissance de son équipe, mais surtout de celle de sa famille. C’est tout ce qui compte.
« Il joue à la position parfaite. Quand nous effectuons une sortie, personne ne sait qui il est et il n’a pas besoin d’être reconnu. C’est pour ça que son cœur est si beau », s’émerveille sa conjointe, Brooke.
C’est à Aledo, une banlieue de près de 3000 âmes où sa famille et lui se sont établis, que l’athlète mène la vie paisible et rangée dont il rêvait.
« Le monde du patelin ici me connaisse, mais ils ne vont pas m’achaler. Tout le monde sait qui je suis. Je sais ce que je fais et ma famille le sait aussi. Eux autres sont reconnaissants et c’est ça l’important. »
À 38 ans, celui qui a goûté au football pour la première fois à l’âge de 12 ans avec les Cactus du Collège Notre-Dame à Montréal dit ne pas songer encore à la retraite. Il n’a pas le droit, par respect pour ses frères d’armes.
« La retraite, c’est un sujet un peu tabou parce que tu ne peux pas vraiment jouer au football et avoir déjà un pied dans la porte. Il faut que tu sois à 100 % dedans. […] Je trouverais ça un peu égocentrique de penser à la retraite quand il y a 52 autres joueurs qui ont besoin de moi. J’aurais de la misère. »
Ladouceur n’entend donc pas pour l’instant délaisser l’emploi que semblent lui réserver les Cowboys jusqu’à ce qu’il décide qu’il en a assez. Dans l’ombre des Dak Prescott, Ezekiel Elliott et Amari Cooper, Ladouceur promet de continuer à faire son travail.
« J’en suis à mon cinquième coach des unités spéciales et mon troisième coach en chef, et puis je suis encore là (depuis l’entrevue, les Cowboys ont embauché un nouvel entraîneur-chef et un nouveau coordonnateur des unités spéciales, NDLR). Eux autres ils bougent, mais moi je suis encore là. »
Loin des caméras, comme toujours.