La dernière fin de semaine dans la NFL en a donné pour tous les goûts
NFL mardi, 11 déc. 2018. 14:38 jeudi, 12 déc. 2024. 01:36Il y a des fins de semaine qui ressortent du lot au cours de la saison dans la NFL et la dernière en était une.
Chaque semaine revêt une importance capitale pour les luttes au classement, mais celle-ci a présenté un peu de tout. Nous avons eu droit à des surprises, des jeux et prestations spectaculaires, des fins de matchs enlevantes et parfois même qui tenaient du miracle. Nous avons été bien servis et ce ne sont pas les choix qui manquaient pour mon tour d’horizon hebdomadaire du circuit Goodell.
Je me dois t’entamer mon portrait avec le magicien Patrick Mahomes. J’en ai parlé sur Twitter et dans nos différentes émissions pour la diffusion des rencontres, mais je dois le faire à nouveau, car il réalise des jeux que nous n’avons à toute fin pratique jamais vus.
C’est tout simplement spectaculaire ce qu’il peut réaliser sur un terrain de football. On ne le qualifiera pas tout de suite de meilleur quart de l’histoire, il a encore des croûtes à manger, mais ses qualités athlétiques et sa compréhension du football lui permettent de compléter des jeux qui sont d’un autre niveau.
Un peu comme Neo dans The Matrix, il semble voir le jeu se développer au ralenti et il dénote plus d’éléments sur un terrain qu’un joueur dans la moyenne. Il peut ensuite effectuer des passes qui relèvent parfois des acrobaties physiques. Il y a au moins quatre jeux du genre qui sont survenus lors du match contre les Ravens de Baltimore dimanche et je me demande si un autre quart à travers le circuit aurait été en mesure de faire de même. Il y a peut-être Aaron Rodgers qui a les aptitudes pour contorsionner son corps comme Mahomes le fait, mais même encore là, je ne suis pas certain.
De ces jeux, qui sont difficiles à décrire tellement ils frappent l’imaginaire, il y a la passe à l’endroit de Demarcus Robinson à la fin du deuxième quart. Je vous invite d’ailleurs à visionner la séquence. Lorsqu’on décortique ce jeu, on réalise que Mahomes doit se déplacer dans sa pochette, il regarde constamment à droite, mais il est tellement conscient du développement du jeu devant lui qu’il ne regarde même pas son receveur lorsqu’il lui lance le ballon... à gauche, le tout entre trois joueurs défensifs! C’est hallucinant!
Un quart qui joue de la sorte offre un spectacle agréable pour quiconque regarde le football. Il présente une nouvelle version du football.
Ce genre de jeu fait en sorte qu’il est à mon avis sans contredit le joueur par excellence cette saison. Non seulement il domine la ligue pour les passes de touché (43) et les verges (4300), mais il parvient à mener son équipe à la victoire alors que les Chiefs connaissent des ratés en défense. Contre les Ravens, même s’il a été durement frappé, il est revenu en force pour mener son équipe à la victoire en prolongation.
J’aime ce que Drew Brees accomplit avec les Saints de La Nouvelle-Orléans, mais c’est un honneur que l’on décerne pour la saison et non pour l’ensemble d’une carrière. Si on est honnête dans ce processus, il ne fait aucun doute dans mon esprit que Mahomes est le joueur par excellence pour cette campagne dans la NFL.
Les défenses n'ont pas dit leur dernier mot
Ce match entre les Ravens et les Chiefs n’a pas uniquement mis en évidence Mahomes, mais également un aspect que l’on croyait qui n’était plus à jour dans la NFL d’aujourd’hui, soit que les défenses peuvent causer des surprises.
La NFL tend à se diriger vers du football où l’attaque est prédominante, on n’a qu’à penser aux Chiefs, aux Rams et aux Saints qui peuvent inscrire plus de 30 points par rencontre. Des nouveaux règlements laissent d’ailleurs entrevoir que les attaques seront encore dominantes dans les prochaines années. Par contre, depuis deux semaines et particulièrement lors du dernier week-end, les défenses sont parvenues à s’illustrer. On voit qu’il est possible de gagner avec une bonne unité défensive qui peut réaliser des revirements. Elle a cependant aussi besoin d’un minimum d’appui en attaque.
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La défense des Ravens est un bon exemple de ce point, alors que même si Baltimore n’a pas gagné contre Kansas City, cette équipe a été en mesure de tenir tête aux Chiefs et à pousser le match en prolongation. Mahomes a constamment été dérangé dans sa pochette, le jeu au sol a été inefficace pour les Chiefs et c’était tout le contraire chez les Ravens. N’eût été la magie de Mahomes, les Ravens auraient très bien été en mesure de l’emporter.
On a donc vu que cette formule peut connaître sa part de succès et on en a eu la preuve en soirée lors de la confrontation entre les Rams de Los Angeles et les Bears de Chicago. Todd Gurley n’a pas été un facteur dans cette rencontre et Jared Goff a paru décontenancé dans sa pochette. L’unité défensive des Bears a réalisé quatre revirements et le jeu au sol a par la suite permis à cette équipe de contrôler le match pour l’emporter 15 à 6.
Ainsi, même les grandes attaques éprouvent des ennuis contre les bonnes unités défensives et particulièrement lorsque le froid s’installe en décembre. Les Bears sont le genre d’équipe que tu ne veux pas affronter durant cette période, et particulièrement sur la route.
Les Seahawks conservent leur identité
Dans cette même veine, je veux revenir sur la rencontre du lundi soir entre les Vikings du Minnesota et les Seahawks de Seattle qui avait un impact direct au classement dans la Nationale.
On va être francs, ce n’était pas le match le plus électrisant à regarder. Encore une fois, la formule dont je viens de vous parler a fonctionné.
Les Vikings disposent d’une bonne attaque, pas excellente, mais qui possède des armes pour faire des dommages avec Kirk Cousins, Adam Thielen, Stefon Diggs et Dalvin Cook. Par contre, l’unité défensive des Seahawks a dominé cette rencontre. D’ailleurs, les Vikings ont congédié mardi leur coordonnateur offensif John DeFilippo après que son attaque ait été limitée à seulement sept points dans la rencontre.
Pendant que les autres formations à travers le circuit continuent de verser de l’argent en attaque, Pete Carroll a conservé la même mentalité depuis la conquête du Super Bowl en 2014 alors qu’il s’assure que sa formation conserve son identité défensive. Les Seahawks peuvent aussi compter à nouveau sur un jeu au sol productif ce qui n’est pas étranger à leur succès.
On aurait dit avant la saison que cette organisation voulait changer de direction, mais au final l’entraîneur-chef a su rallier les troupes autour de cette même identité. La défense a tenu l’attaque des Vikings en échec, Seattle a bien couru avec le ballon et Russell Wilson a réalisé quelques jeux explosifs pour signer une victoire ô combien importante pour la suite des choses.
À moins d’une catastrophe majeure, cette équipe, que plusieurs entrevoyaient comme étant en reconstruction, devrait participer aux éliminatoires. Je ne pense pas qu’il y ait plusieurs attaques adverses qui veulent être confrontées à cette défense actuellement.
Miracle à Miami ou erreur chez les Patriots?
Évidemment, il m’est impossible de passer sous silence le « Miracle à Miami ». On voit ce jeu à l’occasion, mais les chances de réussite sont plus que minces. Lorsqu’il n’est pas possible d’y aller pour la longue passe désespérée, les latérales deviennent l’option privilégiée, mais plus souvent qu’autrement, le jeu ne va nulle part. Il faut de la planification, une bonne exécution, mais comme on l’a vu aussi, de la chance.
Habituellement on voit entre six et sept latérales sur une telle séquence, mais les Dolphins n’en ont eu besoin que de deux. Kenyan Drake a ensuite parcouru la majeure partie du terrain le séparant de la zone des buts. Je ne sais pas quelles étaient les consignes en défense, mais il y a clairement eu un manque pour les couvertures parce qu’en regardant le jeu, on ne voit que cinq ou six joueurs des Pats et non toute l’unité défensive.
Je vais donc lever mon chapeau à Miami, mais les Patriots ont raté leur coup aussi. Bill Belichick a d’ailleurs pris le blâme après la rencontre pour sa stratégie, mais c’était pratiquement impossible que Ryan Tannehill tente une passe de 75 verges. Rob Gronkowski était sur le terrain pour cette éventualité, mais il aurait été préférable de faire confiance à des joueurs rapides pouvant réaliser les plaqués. Il est évidemment facile de critiquer après coup, j’en conviens.
Le football de situation est normalement le pain et le beurre des Patriots, mais cette facette du jeu leur a fait défaut dans cette rencontre. Les Pats sont quand même chanceux comme la plupart des équipes tout juste derrière eux au classement ont aussi perdu, mais ils viennent de voir les Chiefs les distancer pour l’avantage du terrain lors des éliminatoires. Ils sont quand même en bonne posture pour avoir une semaine de congé, mais cette victoire permet surtout aux Dolphins de revenir dans la course pour les séries.
Un seul jeu miraculeux peut donc être lourd de conséquences pour le portrait des éliminatoires dans l’Américaine.
McKenzie a logiquement écopé
Pour conclure mon tour d’horizon, je veux revenir sur le congédiement de Reggie McKenzie au poste de directeur général des Raiders d’Oakland.
Lorsque Mark Davis a engagé Jon Gruden, il espérait que le mariage allait bien fonctionner avec son directeur général. Ce dernier est très respecté et il a fait du bon travail dans la NFL.
Il y a cependant eu de la discorde à l’interne depuis le début de la relation, notamment en ce qui concerne certaines décisions sur le plan football. On n’a qu’à penser aux échanges de Khalil Mack et Amari Cooper. Il était évident que McKenzie allait écoper en raison du contrat de 10 ans et 100 millions $ de Gruden.
Tout le monde s’entend pour dire que McKenzie n’était pas le problème, mais il y avait simplement deux coqs dans le poulailler.
Lorsque McKenzie est arrivé en poste en 2012, la situation était l’une des pires tant sur le terrain que pour la masse salariale. Il a fait tout un ménage et il est parvenu à faire en sorte que cette équipe soit compétitive. En 2016, il a hérité du titre de membre de l’exécutif de l’année dans la NFL. Les Raiders ont été en mesure de se qualifier pour les éliminatoires, mais la blessure à Derek Carr a fait dérailler le train et il n’a jamais été en mesure de revenir sur ses rails depuis.
Gruden peut mener la barque à sa façon dans tous les aspects, mais je ne suis pas inquiet que McKenzie va retrouver rapidement un poste au sein d’une organisation.
*Propos recueillis par Maxime Tousignant