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Avant-match Rams c. Bills

Lorsque la NFL présente 16 affrontements durant une semaine, il y a toujours une poignée de ces matchs qui seront susceptibles de faire saliver les amateurs de football.

J'aurais aisément pu parler du duel qui opposera les Steelers de Pittsburgh aux Texans de Houston durant la semaine no 3, tout comme celui entre les Patriots de la Nouvelle-Angleterre et les Raiders de Las Vegas, sans oublier la rencontre entre entre les Packers de Green Bay et les Saints de La Nouvelle-Orléans, de même que la confrontation très attendue du lundi soir entre les puissances de l'AFC, les Chiefs de Kansas City et les Ravens de Baltimore.»

Mais j'ai choisi de décortiquer un match qui attire mon intérêt, soit celui de dimanche entre les Rams de Los Angeles et les Bills de Buffalo, qui sera présenté à RDS et sur RDS Direct dès 13 h.

Ce n'est pas l'enthousiasme qui manque chez les Bills. Depuis qu'ils jouent sous les ordres de Sean McDermott, on sent qu'il se passe quelque chose au sein de cette équipe. C'est devenu une formation très divertissante à voir jouer avec une attaque dynamique menée par le quart-arrière de troisième année Josh Allen.

Les Rams, eux, sont redevenus excitants à voir jouer en ce début de saison 2020. On a l'impression de voir l'effectif qui s'était rendu jusqu'au Super Bowl il y a deux ans. L'effervescence qui avait cruellement manqué l'année dernière semble être de retour, et ce sont les amateurs de la NFL qui en sont gagnants.

Il est bien sûr encore tôt dans le calendrier, mais on parle de deux équipes invaincues après deux semaines d'activités.

Nul autre choix que de se montrer impressionné du début de saison que connaît Josh Allen. Ses statistiques sont assez époustouflantes, bien qu'elles s'accompagnent d'un petit bémol puisqu'elles ont été obtenues contre les Jets de New York et les Dolphins de Miami, deux clubs ne possédant pas une défense terrorisante. Cela étant dit, Allen a passé le test de brillante façon jusqu'à maintenant, et je suis curieux de voir comment il arrivera à gérer un autre type de test, soit celui que lui présentera une unité plus menaçante, celle des Rams.

Après deux matchs, Los Angeles n'a alloué en moyenne que 18 points par match à ses adversaires. C'est une défense qui peut appliquer beaucoup de pression avec l'inarrêtable Aaron Donald et capable de réaliser des interceptions aussi, avec la présence d'un certain Jalen Ramsey. D'ailleurs, la tertiaire n'a concédé qu'un seul touché par la passe au terme de ses deux premiers matchs.

Plus d'adversité à prévoir

Ça risque d'être un match-baromètre pour mieux cerner d'une part où est rendu Allen dans sa progression derrière le centre, mais aussi pour avoir une idée globale de ce que les Bills peuvent accomplir lorsqu'on les place en position d'adversité.

Parce qu'après deux matchs, Buffalo n'a pas vu de situation délicate se dresser devant elle, loin de là. En 120 minutes de jeu, l'équipe de McDermott a été en avance la quasi-totalité du temps, soit 116 minutes. Seule une intervalle de quatre minutes face aux Dolphins dimanche dernier leur a installé un tant soit peu un doute dans l'esprit. C'était tard au troisième quart, et les Bills ont réagi de la meilleure des manières tôt au quatrième en allant inscrire un touché.

Entendons-nous que c'est plus facile de jouer avec l'avance, surtout quand c'est par une marge considérable comme dans le premier duel face aux Jets. Tes rivaux deviennent unidimensionnels à l'attaque et ça facilite ton travail.

Bref, pour l'instant tout va bien dans le meilleur des mondes pour les Bills après deux matchs même si tout n'était pas parfait. Il y a notamment un jeu contre Miami qui me vient en tête, sur lequel Allen a joué de chance lorsque Xavien Howard a bousillé une opportunité rêvée de réaliser une interception qui aurait pu freiner l'élan des Bills. Une bonne équipe aurait pu capitaliser sur ce genre d'erreur mentale. À mon sens, c'est le genre d'occasion sur laquelle les Rams auraient sauté à pieds joints.

Depuis qu'il a sélectionné par les Bills en première ronde, on savait que Josh Allen pouvait apporter d'excellentes qualités athlétiques. Mais après ses deux premières années dans la NFL, on se demandait encore s'il pouvait afficher de la constane, particulièrement en ce qui a trait à la prise de décisions et à la précision de ses passes.

Jusqu'à présent, on serait tenté de répondre par l'affirmative. Au premier match, il a complété 72 % de ses passes, et lors de son deuxième, 69 %. Le tout sans être victime de la moindre interception. Rappelons qu'en 2019, malgré de beaux « flashs », il avait complété seulement 59 % de ses passes. Aligner deux performances comme celles-ci est un immense pas dans la bonne direction, peu importe la qualité de l'adversaire.

Les zones profondes représentaient un problème pour Allen... Quoi qu'à bien y penser, c'est le problème de plusieurs quarts-arrières; plus la passe est longue, plus c'est difficile d'être précis. Le doigté exceptionnel de Russell Wilson sur les longues passes n'est pas donné à tout le monde.

Pour aider Allen dans cette facette du jeu, les Bills ont acquis sur le marché des échanges le receveur Stefon Diggs, des Vikings du Minnesota. Les résultats sont probants après deux matchs : Allen a complété six de ses huit passes de 20 plus de verges pour des gains de 189 verges et un touché.

En 2019, la recette des Bills était : du jeu défensif solide, du jeu au sol, et la contribution de Josh Allen ici et là. Après deux matchs, les rivaux des Bills ont décidé de mettre le paquet contre l'attaque terrestre, mettant Allen au défi de les battre dans le jeu aérien. Disons qu'il s'est fait un grand plaisir de relever le défi!

Est-ce que cette tangente va réellement se poursuivre? Parce que tandis qu'Allen fait flèche de tout bois, les statistiques des porteurs de ballon Devin Singletary et Zack Moss, elles, en ont pris pour leur rhume.

Dimanche, contre les Rams, Allen aura moins de temps pour décocher ses passes. C'est un automatisme dès qu'on entre Aaron Donald dans l'équation. Qui dit moins de temps dit aussi décocher ses passes dans des fenêtres plus restreintes.

Rams : tout passe par la ligne offensive

Du côté des Rams, c'est à se demander s'il n'y a pas eu une sérieuse auto-évaluation durant l'entre saison. La recette avait si bien fonctionné en 2017 et en 2018, mais en 2019, l'équipe avait fait marche-arrière avec une modeste fiche de 9-7, ce qui lui avait conféré le troisième rang dans la division Ouest de la NFC.

Lorsqu'on regarde le système offensif de Sean McVay, on voit l'influence de la famille Shanahan. Le jeu au sol y est prépondérant, et qui dit attaque terreste dit aussi ligne offensive efficace. L'an dernier, la ligne à l'attaque avait été problématique chez les Rams. Et la majorité des jeux aériens des Rams sont des feintes de jeu au sol suivies de passes (play action). Lorsque la menace de la course cesse d'exister, le jeu par la voie des airs s'en ressent inévitablement.

En ce début de saison, c'est l'efficacité de la ligne offensive qui me saute aux yeux. C'est central à leurs succès après deux rencontres.

Ce qui est si particulier dans l'attaque des Rams, c'est qu'il est à peu près impossible de distinguer le jeu au sol du jeu aérien pour les deux premières secondes suivant la remise du ballon au quart. La ligne bloque de la même facon, le demi offensif court dans la même direction, le quart Jared Goff effectue le même geste. Ça crée un conflit pour la défense adverse, qui souvent se compromet vers un type de jeu plus que l'autre. Pour les Rams, ça peut créer de très belles brèches de voir la défense adverse s'en aller à contre-courant. C'est ce qui distingue cette attaque et la rend si menaçante.

La grosse différence est là chez les Rams en ce début d'année. En moyenne, ils effectuent 40 courses après deux matchs, et récoltent 175 verges de cette façon. De son côté, Goff tente seulement 29 passes en moyenne. C'est un superbe ratio : de 35 à 40 courses et 25 à 30 passes pour les quelque 65 jeux offensifs dont dispose une équipe un match donné.

Comme tout part de la ligne offensive et que ça donne l'effet domino, les receveurs ont davantage d'espace pour oeuvrer. Goff a donc moins de pression quand vient le temps de les cibler. Les statistiques le disent d'ailleurs : contre les Eagles, moins de 4 % des passes de Goff étaient considérées comme étant faites dans des couvertures serrées (une verge ou moins d séparation entre le receveur et son couvreur. McVay et ses adjoints ont bien entendu du mérite pour ça, puisque ça commence avec de bons schémas offensifs.

Il faudra cependant avoir à l'oeil l'évolution de la liste des blessés des Rams à quelques jours de l'affrontement face aux Bills. Déjà, on sait que le garde à gauche Joseph Noteboom, un membre important de la ligne offensive, n'y sera pas. Les demis offensifs Cam Akers et Malcolm Brown y seront peut-être, mais ils sont tous les deux aux prises avec des bobos présentement.

Je pense qu'on aura droit à une très bonne bataille parce que la défense des Bills ne s'en laisse pas imposer, particulièrement contre le jeu au sol. Oui, l'unité a alloué 26 points aux Dolphins dimanche dernier, mais dans l'ensemble, elle a les éléments pour tenir tête aux bonnes attaques de la NFL.

Les Bills ont un bassin de partisans assez important au Québec, et c'est intéressant de voir leur équipe prendre la bonne direction après des années de vache maigre. Chose certaine, on aura encore une meilleure idée du type d'équipe que forment les hommes de Sean McDermott en 2020 après la rencontre de dimanche!

* propos recueillis par Maxime Desroches