Si le talon d’Achille de Superman était la kryptonite, on peut commencer à croire que Colin Kaepernick est la bête noire des Packers de Green Bay.

Je me dois d’amorcer mon analyse des matchs du week-end par celui entre les Packers et les 49ers de San Francisco.

Premièrement, ce n’est pas ce facteur qui te fera gagner, mais j’ai aimé voir Kaepernick disputer le match sans manches ni gants. J’ai apprécié cette attitude qui en disait long sur son désir, mais ce n’est qu’une préférence personnelle. C’est évident que ce n’est pas parce que tu portes des manches longues que tu ne mérites pas de gagner. Tout de même, je trouvais que Kaepernick attaquait cette journée avec aplomb.

Colin KaepernickCe que j’ai vraiment aimé, c’est que les 49ers ont effectué huit passes dès la première séquence sur 13 jeux. Tout cela même si Kaepernick évoluait dans le vent, le froid, le bruit, à l’étranger et que son équipe possède une imposante attaque au sol face à une défense ordinaire des Packers contre cette dimension. C’était intéressant et agressif comme plan de match car on s’attendait tous à voir Frank Gore à profusion.

C’est donc dire qu’après six minutes dans le match, il avait déjà tenté huit passes et il en a fait 22 durant tout le reste de la partie (54 minutes). C’était intelligent parce qu’on a surpris les Packers avec cette approche et ils ont dû respecter le jeu aérien par la suite. Ça revient toujours à l’équation que tu dois parfois courir pour mieux passer ou passer pour mieux courir. C’est ce que les 49ers ont accompli de belle façon.

Je ne dis pas que je ne suis pas impressionné par les courses de Kaepernick parce que, oui, je le suis. Par contre, on sait tous qu’il est capable de s’illustrer par la course et j’étais content de voir qu’il peut compléter des passes importantes. Il a réussi des passes cruciales sur des troisième et quatrième essais et à des moments importants. Je pense tout de suite à la passe de 17 verges à Michael Crabtree sur un troisième essai et 10 verges lors de la dernière séquence. C’était spectaculaire comme réussite.

C’est vrai qu’il a gagné 98 verges par la course dont la plupart sur des jeux de passes qui ont avorté et qui sont devenus des courses. C’est quand même cela qui a fait la différence et il cumule pas moins de 279 verges en deux matchs éliminatoires contre les Packers.

Il faut croire que les Packers n’ont pas encore compris que tu ne dois pas chercher à obtenir le sac du quart contre lui. Tu dois avant tout le contenir dans sa pochette et le sac peut devenir un boni par la suite. Bien sûr, il est tellement un bon athlète que c’est plus facile à dire qu’à faire.

Sauf qu’en décortiquant le match, on réalise encore plus comment ses courses ont eu un immense impact. Sa course de 42 verges a mené au touché de Frank Gore, celle de 24 verges a mené à celui de Vernon Davis et celle de 11 verges a produit le placement victorieux. Les 49ers ont donc engrangé des points après chacune de ses courses d’importance.

Il faut aussi souligner la performance étincelante de Crabtree avec 125 verges sur huit attrapés dont certains très importants. D’ailleurs, depuis qu’il est revenu, les Niners n’ont pas perdu en six parties. C’est évident que leur attaque est complètement différente quand il est de la formation.

Pour revenir sur la course de 11 verges de Kaepernick qui s’est avérée le jeu déterminant de la confrontation, les Packers ont décidé de rouler les dés avec un blitz, ce qui produisait une couverture homme à homme partout sur le terrain.

Le blitz provient de l’extérieur par le demi-défensif Jarrett Bush, mais il a commis deux erreurs majeures. Étant donné qu’il arrivait de l’extérieur, il devait contenir Kaepernick au centre. C’est vrai que tu veux imposer de la pression, mais tu veux surtout éviter qu’il s’échappe de ton côté parce que tu es le dernier bastion à pouvoir le freiner. Ensuite, il a sauté quand Kaepernick a effectué une feinte de passe. Cette gaffe a permis à Gore de le malmener sur le bloc et Kaepernick a pu se sauver vers ce côté. Ainsi, le quart des 49ers a gagné un premier jeu au lieu de devoir tenter une passe d’une distance considérable en étant sous pression. Aaron RodgersOui, le football est un sport de stratégie, mais ce sont les petits détails qui finissent par coûter cher.

Quand on parle de détails, le demi de coin Micah Hyde a obtenu la chance inouïe d’intercepter Kaepernick sur la même séquence, mais il a raté son coup de justesse. S’il avait capté le ballon, je ne suis pas certain que les Niners l’auraient emporté car le ballon serait revenu dans les mains d’Aaron Rodgers pour finir la partie. 

Je dis bravo à San Francisco car ils se sont assurés de marquer les points nécessaires et ils ont surtout écoulé le temps pour ne pas permettre à Rodgers de répliquer. Les Eagles de Philadelphie n’ont pas pu en faire autant contre les Saints de La Nouvelle-Orléans. Dans un monde idéal, quand tu connais ton adversaire, tu t’arranges pour ne pas lui redonner le ballon.

Quant à Rodgers (photo), ce fut un match assez éprouvant car la défense a imposé beaucoup de pression sur lui. J’ai vu une statistique impressionnante selon laquelle il a dû tenter 14 de ses 32 passes sous pression. On a gêné son travail et il a subi quatre sacs du quart tout ne complétant que deux passes de plus de 20 verges. Il faut féliciter les 49ers qui ont bien surveillé les receveurs des Packers. De plus, les deux longues passes de Rodgers ont nécessité une petite dose de magie de Rodgers qui se transformait en Houdini pour échapper à la pression et repérer Randall Cobb.

Une approche plus simple des Saints

Finalement, les Saints ont savouré une victoire éliminatoire sur la route. On apprécie toujours la complexité de l’attaque de l’entraîneur Sean Payton et de son quart-arrière Drew Brees. Je parle du nombre de joueurs utilisés, des formations employées et des mouvements effectués avant la levée du ballon. C’est comme s’ils veulent étourdir leur adversaire avec leurs stratégies. Mais, cette fois, Payton a compris qu’il fallait garder les choses simples pour triompher à l’étranger et voilà le mérite qui revient aux Saints. L’équipe ne s’est pas enfargée dans un plan de match trop complexe.

Mark IngramUne telle approche implique de miser sur la course, choisir des formations avec deux ou même trois ailiers rapprochés et faire confiance à Mark Ingram (photo). D’ailleurs, ça faisait longtemps que je ne l’avais pas vu attaquer les tranchées avec autant d’autorité. Quand les Saints l’ont repêché en première ronde, c’est cet athlète qu’ils voulaient voir et ils l’ont eu contre les Eagles.

Au total, les Saints ont gagné 185 verges par la course comparativement à leur moyenne de 92 par partie. C’était le monde à l’envers puisque les Eagles étaient au premier rang à ce chapitre (moyenne de 160) et ils ont été limités à 80.

Je dois dire que j’ai grandement apprécié le travail de la défense des Saints qui a sorti le porteur de ballon LeSean McCoy de l’équation en plus d’enrayer les passes explosives. Il faut savoir que la majorité des passes des Eagles commencent par une feinte de course. Ainsi, tu es confronté à un méchant problème quand tes courses ne rapportent pas.

Les Saints ont donc enlevé la dynamique des mouvements dans le champ-arrière, des feintes de course et des actions à contre-courant, ce qui est une spécialité des Eagles qui veulent diviser les ressources défensives. Cette approche permet souvent de libérer un receveur, mais ça ne s’est pas produit contre les Saints.

Par conséquent, Nick Foles ne pouvait pas viser des receveurs dégagés ce qui facilite normalement son travail. J’adore Foles, qui est une véritable révélation, mais ça fait quelques matchs que l’on remarque que ça se complique pour lui quand ses receveurs ne sont pas détachés de la couverture adverse. Il n’a pas encore complété beaucoup de passes extrêmement précises quand c’est nécessaire. Bref, les Eagles ont réussi une seule passe explosive et ce fut celle à DeSean Jackson qui a été pratiquement invisible.

Brees a encore prouvé toute sa maîtrise et son expérience en se relevant de deux interceptions en première demie. Il a quand même complété 10 de ses 12 passes en deuxième demie pour 152 verges et un touché.

Avant de passer à l’Association Américaine, je veux vanter le travail de l’équipe médicale des Saints qui a confisqué le casque du demi de coin Keenan Lewis après qu’il ait été victime d’une commotion cérébrale sur un plaqué. Le protocole veut qu’il quitte le terrain et qu’on procède aux tests, mais je les félicite pour leur geste car ils ont agi ainsi malgré la pression éliminatoire et le fait que Lewis est un demi de coin partant. Les médecins ont tenu leur bout et ils pensaient qu’il aurait été en danger sur le terrain. Ceux qui ont regardé la partie auront remarqué que Lewis était furieux et qu’il plaidait sa cause pour revenir. C’est important de le souligner parce que les médecins sont payés par les Saints et ils ont eu du courage. Malheureusement, on a assisté à plusieurs blessures à la tête durant le week-end, mais les équipes ont agi de belle façon et on voit que ça s’en va dans la bonne direction. Jamaal Charles (Chiefs) et Nick Hardwick (Chargers) ne sont pas revenus au jeu malgré l’importance des matchs.

Un autre chapitre de la jeune légende de Luck

Vous aurez deviné qu’on doit parler d’Andrew Luck et de la remontée spectaculaire quand on aborde le match des Colts. Quand vient le temps de choisir un quart-arrière, une multitude de qualités sont recherchées comme la grandeur, le poids, la vitesse, la mobilité, la force du bras, la prise de décision, la précision, l’intelligence ... Andrew Luck

Malgré tout cela, parfois tu dois avoir celle d’oublier ce qui est arrivé et demeurer confiant. C’est exactement ce que Luck a démontré contre les Chiefs, car on doit rappeler qu’il a été victime de trois interceptions. Il a surmonté cela pour récolter 443 verges aériennes et quatre passes de touché pour mener les siens à la victoire. C’est donc un nouveau chapitre qui s’écrit pour la jeune légende de Luck, un athlète de deuxième année.

J’aimerais rappeler que les Colts perdaient 31-10 à la demie et que Luck a été intercepté dès le premier jeu de la demie si bien que le déficit a augmenté à 28 points. Dans de telles circonstances, on dit souvent que ça prend seulement une étincelle ou un point tournant pour raviver la flamme. C’est ce qui est arrivé avec le touché de Donald Brown suivi de l’échappé d’Alex Smith menant à un autre touché de Brown. Ainsi, l’écart était réduit à 38-24 en quatre minutes et on sentait que c’était possible, que la foule était revenue dans la partie et que le doute était entré dans la tête des Chiefs.

En plus d’excellentes performances, ça te prend de la chance pour effectuer une remontée de 28 points. C’est clair comme constat et c’est arrivé avec le touché de Luck alors que Brown a échappé le ballon qui a rebondi sur un joueur et ensuite sur le casque du centre (Samson Satele) pour revenir dans les mains de Luck qui a sauté sur l’occasion (photo).

Il faut ajouter le facteur des blessures subies par les Chiefs qui ont dû terminer le match en défense sans deux demis de coin ainsi que le secondeur Justin Houston. C’est décevant pour les Chiefs car ils n’ont réussi qu’un sac sur les 45 passes tentées par Luck et c’était évident que les Colts allaient miser sur la passe dans le contexte déficitaire.

En fin de compte, les Colts ont eu le ballon pendant seulement 22 minutes et ils ont marqué 45 points!

Un plan de match opportun des Chargers

Les partisans des Bengals auraient souhaité que leur quart Andy Dalton puisse suivre l’exemple de Luck en se relevant de ses erreurs. Encore une fois, il a échoué dans cette mission et ça devient tout un problème pour l’organisation.

Andy DaltonMais je dois dire qu’il n’a pas été très bien appuyé par sa ligne à l’attaque. C’est évident que le côté droit de cette unité a été exploité durant tout le match et John Pagano, le coordonnateur défensif des Chargers, ne s’est pas gêné pour utiliser ce filon.

Dalton (photo) ne travaillait pas dans des conditions idéales, mais ses receveurs ont aussi échappé des passes et je ne crois pas que le meilleur plan de match avait été établi par ses entraîneurs. Les Bengals ont eu le ballon sept fois en deuxième demie et ils n’ont produit aucun point avec deux interceptions, un échappé, deux tentatives ratées en situation de 4e essai et deux dégagements. Ce n’était pas très reluisant.

Dalton se retrouve donc avec un dossier éliminatoire de 0-3, mais une remise en question doit aussi se produire chez les Bengals. Au total des trois matchs, les Bengals ont eu le ballon 34 fois et ils n’ont amassé qu’UN seul touché…

Le blâme ne doit pas seulement revenir sur lui. C’est pourtant dommage puisque les Bengals lessivaient leurs adversaires à domicile depuis cinq matchs.

Quant aux Chargers, ils sont arrivés à Cincinnati avec l’argent du casino n’ayant rien à perdre. C’était l’équipe la plus négligée de la fin de semaine et ils se motivaient avec le fait que personne ne leur accordait une chance. Ils voulaient « casser le party » et ce n’était pas évident avec la pluie, le froid et le décalage. Ils ont été intelligents en jouant de façon conservatrice pour que le match soit serré jusqu’en deuxième demie. Ils ne voulaient pas ouvrir la porte aux Bengals et ils savaient que cette équipe avait tendance à se tirer dans le pied à un certain moment.

Les Chargers ont tenté seulement six passes en première demie et ça donnait vraiment l’impression qu’on attendait une gaffe des Bengals. C’est ce qui est arrivé même si les Chargers avaient provoqué seulement six revirements durant toute la saison à l’étranger contre quatre dans cette partie.

Philip Rivers s’est retrouvé avec un petit match « tranquille » de 12 passes complétées sur 16 pour 128 verges et un touché. Il a été bon quand ça comptait puisque les Chargers ont procédé à 40 courses. La stratégie était intéressante et ils ont clairement eu la meilleure exécution.

*Propos recueillis par Éric Leblanc

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