Exceptionnellement, le repêchage de la NFL s'effectue de façon virtuelle cette année.

La première ronde s’est bien déroulée jeudi et la NFL n’a pas eu trop de pépins. L’équipe technique a fait un travail extraordinaire et on a réussi à donner un bon spectacle.

Voici cinq choses qui ont retenu mon attention au cours de cette première ronde.

La logique respectée dans le top-3

Les trois premiers choix ont été ceux qu’on prévoyait depuis plusieurs semaines pour Cincinnati, Washington et Detroit.

Joe Burrow, qui était le choix le plus facile de la soirée, s’est sans surprise retrouvé chez les Bengals, qui sont à la recherche d’un quart-arrière depuis longtemps. En clouant Andy Dalton au banc l’an passé, ils avaient envoyé le message clair que c’était terminé pour lui et qu’il était temps de passer à autre chose.

En finissant au dernier rang de la ligue et en obtenant le premier choix au total, combiné à la saison que Burrow a eue, c’était la seule chose que cette équipe pouvait et devait faire pour relancer la concession parce qu’on sait à quel point ce poste est important.

Chase Young, à Washington, était l’autre meilleur choix disponible au repêchage. Il peut faire la différence chaque fois qu’il est sur le terrain, c’est le joueur le plus dominant des dernières années comme ailier défensif dans le circuit universitaire américain. Pour un nouvel entraîneur comme Ron Rivera qui arrive avec une mentalité défensive, ajouter cette arme à son arsenal et un gars qui va les aider pour les 10 prochaines années, ça aussi c’était tout à fait logique.

On sait que les Lions auraient aimé reculer mais ils n’ont pas été capables de trouver preneur et de faire un échange, ce qui les a maintenu au troisième rang. On a donc remplacé le demi de coin Darius Slay, un de leurs meilleurs joueurs désormais partis sous d’autres cieux, par Jeff Okudah. C’est une version plus jeune, moins chère et probablement tout aussi talentueuse à moyen et long termes.

Le choix controversé de Jordan Love

Les Packers de Green Bay ont jeté leur dévolu sur le quart-arrière de Utah State. Non seulement les Packers ont sélectionné Love, mais ils ont en plus monté au repêchage, ce qui veut dire qu’ils voulaient absolument l’avoir. C’est très surprenant dans une situation où Aaron Rodgers, même s’il est vieillissant, a encore quelques bonnes années devant lui. Son équipe a fini 13-3 la saison dernière. La fenêtre pour aller jusqu’au bout et gagner au Super Bowl est encore bien ouverte. C’est comme si on s’était dit qu’on allait profiter de cette fenêtre avec l’un des meilleurs quarts de l’histoire de la NFL pour déjà préparer la suite.

Rodgers serait semble-t-il très frustré et je peux le comprendre. Il n’a pas d’arme à sa disposition depuis des années et on s’attendait à ce que son directeur général lui donne les outils nécessaires pour se rendre au prochain niveau et remporter un autre Super Bowl, mais ce n’est vraiment pas ce qu’on a fait. Non seulement ça, on a créé une controverse au sein du vestiaire. J’ai peine à m’imaginer comment ça va bien fonctionner. Même si on veut préparer l’avenir, il faut quand même être conscient de ce qui se passe présentement. Les gens pourraient être tentés de dire que la situation était similaire quand Aaron Rodgers a succédé à Brett Favre, mais Favre avait déjà commencé à parler de retraite alors c’était logique de préparer la suite. Dans le cas actuel, Rodgers veut encore jouer plusieurs années. Love est encore une énigme, un projet. Il ne sera pas prêt dès maintenant et on ne sait pas s’il sera bon un jour non plus. Il y a plein de raisons qui font que ce choix est controversé.

La stratégie a été différente chez les Saints de La Nouvelle-Orléans avec le vétéran Drew Brees. Sa retraite étant imminente, ils auraient pu sélectionner un quart-arrière, mais ils ont décidé d’y aller avec un centre. Les joueurs à cette position ne se font habituellement pas repêcher si haut, mais c’est ce dont Brees avait besoin pour connaître du succès : de la protection à l’intérieur de la ligne à l’attaque.

Bref, on a donné à Drew Brees un élément pour l’aider même s’il ne lui reste qu’une année alors que la fenêtre là et que les Saints représentent une bonne équipe, tandis qu’à l’inverse, les Packers ont commencé à préparer le futur au lieu d'offrir à Rodgers une chance de connaître du succès. Ça ne veut pas dire qu’on ne le fera pas dans les prochaines rondes, mais c’est quand même surprenant de voir ce choix, qui a clairement été le plus controversé jeudi. Je ne suis pas certain que ça va si bien se passer dans le vestiaire, mais j’ai hâte de voir ça.

Des surprises? Pas vraiment…

Sans dire que ce sont des surprises, il y a parfois des cas où on se demande : mais qui sont ces gars-là? Il y a certains choix qui font réagir fort.

Le premier qui a fait réagir et qu’on n’a pas vu venir est celui des Raiders, Damon Arnette (19e), le demi de coin d’Ohio State. Un peu plus tard, on a été étonné de voir Jordyn Brooks à Seattle (27^e), puis Noah Igbinoghene à Miami (30^e).

Cela étant dit, on se fie à ce que les analystes médiatiques nous donnent comme information et au scouting qu’ils font, on regarde les gros programmes et les histoires. Mais il n’y a personne qui fait du travail aussi rigoureux que les équipes elles-mêmes et personne n’est mieux placé qu’elles pour évaluer les joueurs disponibles. Même si des experts comme Mel Kiper, Daniel Jeremiah ou Bucky Brooks, qui font généralement de bonnes évaluations et de bonnes listes, ont classé un gars 90^e mais qu’il est finalement repêché 20^e, il ne faut pas absolument penser que c’est une surprise tant que ça. C’est une surprise publique, peut-être, mais à l’intérieur des organisations, ils connaissent la valeur réelle de ces joueurs-là, et ce, surtout en fonction de ce qu’ils recherchent dans leur système. Quand elles ont bien fait leurs devoirs, ce sont elles qui sont en mesure de voir ce qui est vraiment un choix audacieux ou logique. En majorité, les équipes font des choix logiques en première ronde et c’est ce qu’on a vu hier, donc il faut faire attention avec le terme « surprise ».

Les finalistes du dernier Super Bowl, eux?

J’avais hâte de voir ce que les finalistes du dernier Super Bowl allaient faire et j’ai aimé leur approche respective

On suit particulièrement ce que les Chiefs de Kansas City font en raison de notre affiliation avec Laurent Duvernay-Tardif et le fait qu’ils sont champions.

Avec le tout dernier choix du premier tour, ils ont sélectionné Clyde Edwards-Helaire. On est donc passé bien près d’avoir un premier tour sans porteur de ballon, une position dévaluée depuis plusieurs années. Comme on peut dénicher d’excellents porteurs comme Kareem Hunt, Alvin Kamara et d’autres dans les rondes 3, 4 et même 5, et étant donné le fait qu’ils peuvent connaître de courtes carrières, on ne veut pas trop prendre de chances en première. Edwards-Helaire est un excellent complément. C’est un choix quand même très intéressant car l’attaque des Chiefs est déjà bien garnie, c’est ce qui tire l’équipe en avant, mais on a décidé d’ajouter une autre arme alors que la défense est plus faible. Dans la NFL de 2020, la meilleure défense c’est une bonne attaque pour l’entraîneur Andy Reid et c’est ce qu’il a décidé de faire avec Edwards-Helaire. C’est un excellent receveur en quittant le champ arrière et ça va sans aucun doute aider le quart vedette Patrick Mahomes.

Du côté des 49ers de San Francisco, on a repris la même formule que l’an passé. Ils ont perdu DeForest Buckner en l’envoyant aux Colts d’Indianapolis parce qu’ils n’étaient pas en mesure de le payer, et avec le choix de premier tour obtenu dans la transaction, ils sont allés chercher Javon Kinlaw (14^e), une version plus jeune et moins chère qui a un potentiel incroyable. On a aussi complété la ronde avec Brandon Aiyuk (25^e), qui vient remplacer Emmanuel Sanders.

Ces deux équipes sont sensiblement les mêmes que l’an dernier. Elles n’ont pas trop perdu d’éléments clés et vont être à surveiller cette saison.

Les Dolphins sont en voiture

Miami a profité du plus grand nombre de choix dans cette ronde avec trois. C’était l’équipe à surveiller car elle avait les moyens de manœuvrer à son avantage.

J’ai adoré ce qu’ils ont fait avec leur premier choix. Il y avait beaucoup de rumeurs sur la possibilité qu’ils choisissent Justin Herbert, mais ils se sont tournés vers Tua Tagovailoa, et c’était selon moi la bonne décision. C’est un quart élite qu’ils regardent et veulent depuis longtemps. Il est capable de tout faire, c’est un quart de concession. Le seul doute qui demeure, c’est sa santé. Mais c’est très difficile de prédire ce qui va lui arriver même s’il a un historique inquiétant, il pourrait très bien passer les 15 prochaines années sans se blesser comme il pourrait être sur la touche chaque année et devoir mettre un terme à sa carrière plus tôt. C’est un risque, oui, mais un risque calculé dans la mesure où ce joueur pourrait relancer la concession au complet. C’est un quart comme lui qu’on cherche depuis le départ de Dan Marino.

On a aussi fait la chose logique au 18^e rang en allant chercher un bloqueur offensif pour aider Tagovailoa, puisqu’ils ont l’une des pires lignes offensives. Si tu veux t’assurer de la bonne santé ton quart, la priorité est justement de le protéger. Ils ont terminé tout ça en reculant un peu du 26e au 30e rang pour accumuler les choix au repêchage puisqu’ils ont des besoins partout. Plus Miami a de choix, mieux c’est. Ils ont donc pris un demi de coin en Igbinoghene. Avec maintenant 15 choix plutôt que 14, c’est hallucinant, car ça fait une grosse monnaie d’échange. Ce pourrait vraiment être un repêchage qui change le visage de la concession. C’est maintenant au DG et au personnel des opérations football dans les rondes subséquentes et après le repêchage de faire le travail pour que tout ça se concrétise sur le terrain.

* Propos recueillis par Audrey Roy