Patriots contre Broncos, c’est nécessairement Tom Brady contre Peyton Manning. Pour la 17e fois de leur carrière, ces deux vétérans quarts se feront face. Ce n’est toutefois pas cette confrontation qui déterminera l’issue de cette finale de l’Association Américaine dimanche.

Essentiellement, c’est le front défensif des Patriots contre le jeu au sol des Broncos. Les hommes de Bill Belichick seront-ils en mesure de limiter les dégâts? Forceront-ils Manning à se servir de son bras et à lancer le ballon?

Eh oui, difficile à croire, mais nous en sommes rendus à ce point dans la carrière de Manning. Jamais auparavant nous aurions osé dire pareille chose.

En établissant efficacement leur jeu au sol, les Broncos contrôleront l’horloge et le tempo, ce qui forcera Tom Brady à patienter le long des lignes de côté.

Jouer défensif, prioriser le jeu au sol et compléter avec quelques passes ici et là. C’est ça la nouvelle identité des Broncos. Même Manning le sait et l’accepte. On a eu droit à un autre exemple la semaine dernière lors du match contre les Steelers de Pittsburgh.

Les Broncos ont alors effectué 33 courses contre 27 passes tentées. Sur leur séquence victorieuse survenue au quatrième quart, les Broncos ont opté pour 10 courses sur 13 jeux.

Manning aurait sans doute connu plus de succès par la voie des airs si neuf de ses passes n’avaient pas été échappées par ses receveurs. Il ne faudrait donc pas rayer complètement son bras de l’équation. Belichick l’a d’ailleurs souligné cette semaine, vaut mieux ne pas sous-estimer Manning.

Les Patriots ont conclu le calendrier régulier avec le neuvième meilleur rendement de la NFL face au jeu au sol, allouant en moyenne 99 verges par match. Bien que positive, cette statistique peut cependant s’avérer trompeuse. Forçant la plupart du temps leurs rivaux à jouer du football de rattrapage, les Pats sont en effet confrontés à moins de jeu au sol.

Advenant qu’ils soient impliqués dans un match serré, je me demande donc si les Pats seront capables de bien défendre le jeu au sol pendant quatre quarts. C’est en tout cas ce qui leur avait fait mal le 29 novembre dernier, dans un revers de 30-24 face aux Broncos. Denver avait alors effectué 32 courses pour des avancées de 179 verges et trois touchés au sol.

Contraints de jouer en haute altitude dimanche à Denver, ce à quoi sont habitués les Broncos, les Pats seront plus fatigués à mesure que le match avancera. C’est du moins ce qui semble être arrivé la semaine dernière aux Steelers, qui étaient dominants contre le jeu au sol lors des trois premiers quarts. Patients, les Broncos ont finalement réussi leurs meilleures courses au quatrième quart.

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La clé pour les Pats sera évidemment de freiner le blocage de zone, ce que font beaucoup les Broncos afin de favoriser leur jeu au sol. Le corridor de course n’est jamais déterminé à l’avance. Le porteur de ballon s’en va donc dans une direction, et selon la disposition des blocs et la façon dont la défense adverse réagit, choisit son corridor de course. Le gros défi des Patriots sera donc de garder l’intégrité du système. Chaque joueur doit gagner sa partie de terrain et éviter à tout prix de trébucher ou d’être fauché. Si l’un d’entre eux chute alors que tous ses coéquipiers sont en mouvement, une énorme brèche se créera alors.

L’attaque des Pats se devra quant à elle de bien protéger le ballon, d’autant plus qu’elle se produira à l’étranger. Meilleur club de la NFL à cet égard avec seulement 14 revirements commis, les Patriots n’ont pas intérêt à ouvrir la porte aux Broncos. C’est ce qu’on fait les Steelers à la suite de l’échappé de Fitzgerald Toussaint la semaine dernière et les voilà maintenant en vacances.

Lors du duel du 29 novembre entre les Broncos et les Patriots, ces derniers menaient 21-7 après trois quarts. Chris Harper, qui retournait les bottés de dégagement en l’absence de Julian Edelman et Danny Amendola, a toutefois échappé le ballon au début du quatrième quart, ouvrant ainsi la porte à la remontée victorieuse des Broncos.

Brock Osweiler était alors aux commandes de l’attaque des Broncos. Si ces derniers tirent à nouveau de l’arrière après une demie dimanche, l’entraîneur-chef Gary Kubiak sera-t-il tenté de retirer le ballon des mains de Manning pour le refiler à son jeune quart?

Cette question mérite d’être posée. Reste à voir si le contexte s’y prêtera.

Cela pourrait très bien être le cas si l’attaque des Pats connaît autant de succès que contre les Chiefs. J’imagine mal l’attaque de la Nouvelle-Angleterre adopter une stratégie différente de celle de la semaine passée.

Historiquement, quand les Patriots sont opposés à un front défensif dominant contre le jeu au sol et appliquant beaucoup de pression, exactement ce qu’était celui Chiefs et ce qu’est celui des Broncos (3e contre le jeu au sol et 1er pour les sacs du quart), ils ne vont jamais se frapper la tête dans le mur.

Contre les Chiefs, les Pats ont effectué 42 passes contre 14 passes. Face aux Broncos le 29 novembre, ce fut 42 passes et 16 courses. En 2014 et 2013 contre Denver, les Patriots ont lancé le ballon 53 et 50 fois. Au Super Bowl l’an dernier face à l’excellent front défensif des Seahawks de Seattle, les Patriots ont tenté 50 passes.

En général, Brady dégaine en 2,1 secondes. La tertiaire des Broncos se devra donc d’être irréprochable lors des trois premières secondes de chaque jeu afin de permettre à Von Miller et compagnie de se rendre au quart des Pats.

Une tâche qui s’annonce pour le moins ardue.

Mon choix : les Patriots.

Une guerre des tranchées

Qui dit match impliquant les Panthers de la Caroline dit guerre des tranchées.

Habitués d’évoluer sous un dôme et ayant un penchant évident pour le jeu de passe, les Cardinals de l’Arizona s’apprêtent à aller joueur dehors, dans la bouette. Bref, des conditions avec lesquelles ils ne sont pas familiers, et qui surtout ne favorisent pas leur style de jeu rapide.

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Sur le terrain des Panthers, la puissance et les courses en ligne droite prennent généralement le dessus. Ça tombe bien, c’est justement le pain et le beurre de la Caroline.

Être bien chaussé sera donc une priorité pour les Cardinals. Parlez-en aux joueurs des Seahawks, qui se sont presque tous rués vers le gérant de l’équipement après les premières séquences de jeu la semaine dernière afin de changer de souliers et de crampons.

Or, plus que tout, les Cardinals se devront de laisser passer la tempête et de sortir vivants du premier quart, la tête hors de l’eau.

Pour ce faire, après deux performances en demi-teinte, la ligne à l’attaque des Cards doit être à la hauteur. Lors de leur dernier match du calendrier régulier, les Cardinals n’ont amassé que 27 verges au sol face aux Seahawks. Puis, contre Green Bay la semaine dernière, ils n’ont grugé que 40 verges au sol. Je conviens qu’ils préfèrent passer, mais affronter les Panthers exige plus d’équilibre afin de soulager la ligne à l’attaque d’une certaine pression.

Reste qu’il s’agira d'un difficile mandat. Historiquement, les adversaires rendant visite aux Panthers ont été contraints de jouer du football de rattrapage. Les Panthers n’ont pas subi la défaite cette saison sur leur terrain et ils gagnent en moyenne 33-17.

La ligne à l’attaque des Cardinals devra avant tout résister à la pression exercée par le front défensif des Panthers, spécialement les deux plaqueurs Star Lotulelei et Kawann Short. Ceux-ci excellent pour appliquer de la pression  au centre de la pochette protectrice, en plein où le quart des Cards Carson Palmer aime bien se positionner. Très efficace pour bouger à l’intérieur de sa pochette, Palmer ne prendra pas ses jambes à son cou pour courir comme Russell Wilson ou Cam Newton. Malgré tout le respect que je lui dois, il est plus du type « statue ».

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Aussi bonne soit-elle, la ligne défensive des Panthers devra compenser pour les défaillances probables de la tertiaire. Car s’il y a une faiblesse chez les Panthers, c’est bien leur tertiaire, et s’il y a une force chez les Cardinals, c’est leur jeu de passe.

De l’autre côté du ballon, on est en droit de s’interroger quant à la capacité des Cards à stopper le jeu au sol des Panthers.

L’Arizona occupe le sixième rang contre le jeu au sol, mais à l’instar des Patriots, quand une attaque marque beaucoup de points, l’adversaire ne peut pas vraiment courir. La dynamique change drôlement quand tu es forcé de freiner le jeu au sol pendant quatre quarts.

Les Cards ont été malmenés à ce point de vue lors de leurs deux derniers matchs. Les Seahawks ont couru 37 fois pour des gains de 145 verges, alors que Green Bay a effectué 22 courses pour des avancées de 135 verges.

Cette fois, ils devront contenir Cam Newton. Le quart des Panthers n’a peut-être couru qu’à 11 reprises la semaine dernière pour de timides gains de 3 verges, mais il ne nous a pas habitués cette saison à deux performances semblables consécutives. Une fois cette année il a été limité à 4 verges. Lors du match suivant, il avait récolté 100 verges au sol contre les Giants de New York.

Avec deux semaines de récupération en vue avant le Super Bowl advenant une victoire, Newton aura tout le temps de soigner ses bobos s’il se fait malmener. Il se doit donc de courir. Car après tout, c’est la force des Panthers. Pourquoi en déroger?

La semaine dernière, ils ont effectué 41 courses pour 188 verges de gains. Les Panthers sont la seule équipe de la NFL à avoir récolté au moins 100 verges de gains dans chacune de leur rencontre cette saison.

Quoi de mieux pour garder Palmer et son attaque explosive loin du ballon?

Mon choix : les Panthers