Voici les éléments qui ont retenu mon attention dans le monde du football au cours de la dernière semaine.

Khari Jones : une formalité

« Nous avons bâti de la confiance cette saison »

Bonne nouvelle pour Khari Jones, qui a signé une prolongation de trois ans avec les Alouettes de Montréal à titre d'entraîneur-chef. Ce n’était qu’une formalité, on comprenait en regardant la conférence de presse d’après-saison qu’on semblait assez unis et clairs sur le fait qu’il allait revenir. Jones avait alors déclaré qu’il travaillait comme s’il revenait l’an prochain, alors que le président de l’organisation Patrick Boivin avait dit que le contrat était sur la table et qu’il suffisait de fignoler les derniers détails.

J’ai eu la chance d’aller à Calgary et de parler à beaucoup de monde pendant les festivités de la Coupe Grey. Le nom de Khari Jones faisait jaser, c’était un sujet chaud. Il y a aurait eu de l’intérêt pour lui à travers la ligue si les Alouettes ne l’avaient pas mis sous contrat, donc c’est quand même une bonne chose d’avoir réglé ce dossier. Le diable est dans les détails et parfois quand on n’arrive pas à s’entendre sur un petit élément, ça peut faire tomber le projet à l’eau. Jones aurait pu se trouver un emploi ailleurs, forçant les Alouettes à tout recommencer à zéro. Ça n’aurait vraiment pas été souhaitable parce que les joueurs ont unanimement désigné Jones pour expliquer les succès de l’équipe, comme quoi il avait été le catalyseur de ce revirement de situation et qu’il avait réussi à créer une identité et une unité dans le groupe. C’était un dossier très important et on est très content que Khari Jones demeure ici pour les trois prochaines saisons

Jason Garrett en situation précaire à Dallas

ContentId(3.1349311):NFL : Cowboys 9 - Patriots 13 (football)
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Dans la NFL, la sécurité d’emploi de Jason Garrett au poste d’entraîneur-chef chez les Cowboys de Dallas est toujours un sujet chaud chaque année. Son emploi est en jeu plus que jamais, surtout après les commentaires du propriétaire Jerry Jones qui s’est attaqué directement au coaching après la dernière défaite de l’équipe face aux Patriots de la Nouvelle-Angleterre. Ça fait d’ailleurs quelques sorties publiques comme ça qu’il fait. L’ancien vétéran Troy Aikman, qui commentait la partie, a aussi été très dur à l’endroit de Garrett, de ses décisions et sélections de jeu. Quand tu as des anciens joueurs haut placés qui commencent à critiquer ouvertement, ça fait toujours mal à la candidature d’un entraîneur. C’est clair que ça affecte Garrett. Il en est à sa neuvième saison complète à la barre de l’équipe et il conclut cette année un contrat de cinq saisons qui lui rapporte 30 millions $. Jerry Jones n’a pas voulu lui donner une prolongation de contrat avant la présente saison, donc il se retrouve dans une situation précaire. D’habitude, on offre un nouveau contrat à un entraîneur avant la fin de la campagne en cours pour s’assurer qu’il ait de l’autorité dans le vestiaire et pour montrer qu’il est l’homme de la situation. Sans nouvelle entente, ça enlève donc un peu de sa crédibilité et de sa poigne dans le vestiaire. Il a pourtant entre les mains une des meilleures équipes de la ligue en termes de talent, comme Jones le soulignait, mais les Cowboys affichent plutôt un dossier inacceptable de 6-5. C’est un sport où le coaching fait une énorme différence, mais on n’a jamais senti que Garrett faisait la différence comme entraîneur-chef. On pense donc que Jerry Jones a peut-être atteint sa limite et qu’il est prêt à passer à autre chose.

Frank Gore au Panthéon?

Frank Gore a atteint le troisième rang de l’histoire de la NFL pour les verges au sol chez les porteurs de ballon. C’est quand même impressionnant, car il se retrouve derrière Emmitt Smith et Walter Payton, et juste devant Barry Sanders. Ce qui est intéressant, c’est qu'il me semble que Frank Gore n’a jamais été considéré comme le meilleur porteur de ballon de la ligue lors d’aucune saison, quoiqu’il soit sorti du lot une fois en 2006 avec les 49ers de San Francisco grâce à une récolte de plus de 1600 verges et qu’il faisait alors partie de la discussion. En 15 saisons dans la NFL, il a toujours été considéré comme un bon porteur de ballon, mais jamais comme le meilleur. Il a été élu à seulement cinq Pro Bowls en 15 ans, mais il est maintenant au troisième rang de tous les temps et c’est complètement fou. Voilà la question que je me pose : est-ce que le fait qu’il n’ait jamais été considéré comme le meilleur à sa position, qu’il n’ait pas nécessairement eu les saisons les plus dominantes, mais qu’il a atteint ce plateau-là fait en sorte qu’il devrait être intronisé au Temple de la renommée du football? Ma réponse : oui! Différentes qualités sont requises pour être un bon joueur ou porteur de ballon, que ce soit la vision du jeu, la vitesse, la puissance ou la production par exemple. Mais n’importe quel entraîneur vous dirait que la plus grande qualité à avoir, c’est la disponibilité. Frank Gore a raté seulement 14 matchs sur une possibilité de 235. C’est complètement fou dans un sport comme ça et dans une position aussi exigeante pour un porteur qui court avec puissance. Gore est un gars qui court entre les bloqueurs. Juste pour l’exploit d’avoir joué aussi longtemps à une position aussi difficile tout en étant constant, durable et productif à ce niveau, pour moi ça mérite une place à Canton, dans l’Ohio.

Les Steelers font confiance à Hodges avec raison

Les Steelers de Pittsburgh sont toujours dans la course aux éliminatoires dans l’Américaine, ce qui est quand même assez fou considérant le fait qu’on a perdu le quart-arrière no 1 Ben Roethlisberger après seulement le deuxième match de la saison. On se trouve en bonne posture malgré la présence de Mason Rudolph qui a maintenu comme partant une fiche de cinq victoires contre trois défaites. Il s’en est tiré grâce à un jeu au sol correct, en limitant les erreurs, mais surtout grâce à son unité défensive qui a été très bonne. Il a été très moyen depuis qu’il a été inséré dans la formation. Ce n’est pas lui qui a la meilleure vision et il n’est pas très précis non plus. Il ne génère pas beaucoup en attaque et il a commencé à faire davantage d’erreurs. Il y a deux semaines face aux Browns de Cleveland, on a seulement parlé de l’incident dans lequel il a été impliqué avec Myles Garrett, ce qui a mis de l’ombrage sur sa piètre performance dans cette rencontre. Il a été franchement mauvais, lançant quatre interceptions, mais personne n’en a parlé à cause du geste très disgracieux de la part de Garrett. Cette semaine, contre les Bengals de Cincinnati, il a été cloué au banc au profit de Devlin Hodges et on a annoncé aujourd’hui que ce dernier obtiendrait à nouveau le départ lors de la semaine 13. Je suis tout à fait d’accord avec cette décision. Rudolph est un choix de troisième round l’an passé, on a eu amplement le temps d’évaluer ce qu’il est capable de faire, mais clairement, il n’a pas encore l’étoffe d’un quart partant dans la NFL. Puisqu’ils sont encore de la course, je pense que leurs meilleures chances des Steelers résident en Hodges. C’est un jeune quart qui peut faire des erreurs, mais qui peut plus générer d’attaque que Rudolph. On l’avait coupé en début de saison avant de le ramener et après un premier départ, il va probablement diriger cette équipe jusqu’à la fin du calendrier. C’est quand même étonnant comme histoire et ça va être intéressant de voir ce qu’on va produire chez les Steelers d’ici la fin.

La fin d’une longue disette à Winnipeg

Pour revenir à la LCF, nous avons eu droit à un affrontement qui était très attendu en finale de la Coupe Grey, qui a finalement couronné les Blue Bombers de Winnipeg. Les deux équipes tentaient de mettre un terme à une longue disette, Hamilton n’ayant pas gagné la coupe depuis 1999 alors que les Bombers ne l’avait pas fait depuis 1990. Pour ligue à neuf équipes, et huit à une certaine époque, de longues disettes de la sorte, c’est plutôt inacceptable, surtout pour les partisans qui d’un côté comme de l’autre sont très loyaux.

Oups! La Coupe Grey cassée!

Considérant ces longues léthargies et la place de ces équipes dans leur marché, on pouvait s’attendre à beaucoup d’engouement et c’est ce qu’on a constaté. On a senti une belle l’ambiance dans le stade dès le début, les gens étaient bruyants dès l’échauffement, ce que je n’avais pas vu depuis quelques Coupes Grey. C’était le fun à voir.

On s’attendait peut-être à ce que ce soit un match à sens unique, mais en faveur de Hamilton. Les Tiger-Cats avaient été tellement solides toute l’année, ils étaient clairement la meilleure équipe du circuit. Ils avaient battu les Bombers deux fois cette saison et on craignait donc que les Ticats ne fassent qu’une bouchée de leurs rivaux. Ce fut finalement tout le contraire. Les Bombers ont dominé dès le début du match, et ce, à tous les niveaux. D’ailleurs, la première séquence à l’attaque des Ticats s’est terminée avec une interception, démonstratif de l’allure de la rencontre. Les Bombers ont empêché complètement les Ticats de prendre leur rythme en provoquant huit revirements, dont trois au premier quart, et ont souvent redonné le ballon à leur attaque. C’est assez inédit en une seule rencontre. On a vraiment limité les Ticats. On a même sorti le joueur vedette Brandon Banks du match en le frappant à plusieurs reprises. Il s’est finalement blessé et a dû quitter la rencontre. On a enlevé tout espoir aux Tiger-Cats tôt dans la rencontre.

De l’autre côté du ballon, Andrew Harris a été complètement dominant au sol et par la voie des airs. On sait que ç’a été une année difficile pour lui en raison de son test de dopage positif, mais la faute lui revient. Il a clamé haut et fort son innocence à maintes reprises et a demandé d’autres tests antidopage en plus d’analyses de ses suppléments. Il a été ignoré dans les équipes d’étoiles ainsi que pour les prix majeurs de son équipe alors qu’il aurait pu sans aucun doute être nommé le joueur par excellence de l’équipe, mais les gens n’ont pas voté pour lui pour cette raison. On le sentait frustré et fâché au cours de la dernière campagne, il voulait rebondir et connaître une grosse performance, mais il a fait encore plus que ça. Il a totalement dominé ce match ultime. Après la première fois qu’il a été plaqué, il n’était plus arrêtable. Dimanche, c’était la première fois de l’histoire que le joueur par excellence de la rencontre était également élu joueur canadien par excellence, et c’était amplement mérité. Voilà une grosse victoire pour les Blue Bombers de Winnipeg qui réussissent à ramener une coupe Grey à la maison pour la première fois en 29 ans.

 

* Propos recueillis par Audrey Roy