MONTRÉAL - À une semaine du premier match de la saison, les Alouettes de Montréal ont montré la porte à Mike Sherman et l'ont remplacé par Khari Jones. Il s'agit possiblement de la meilleure décision de l'organisation des 10 dernières années.

Mardi, le président et chef de la direction des Alouettes, Patrick Boivin, a confirmé que Jones passera les trois prochaines saisons à Montréal. Avant même la venue d'un nouveau directeur général ou la vente de l'équipe, c'était la décision à prendre.

Quand il est entré en poste, l'équipe venait de connaître une saison de cinq victoires et Sherman menait son camp comme il avait dirigé le dernier et tous ses entraînements depuis. L'équipe ne semblait pas très enthousiaste. La nomination de Jones a permis aux Alouettes d'effectuer un virage à 180 degrés.

« Nous avons bâti de la confiance cette saison »

Tous les joueurs de l'équipe questionnés à ce sujet lors du bilan de fin de saison ont répondu la même chose : Jones devait être de retour. Certains avaient même laissé entendre que leur avenir à Montréal était lié à la décision de la direction quant au choix de l'entraîneur-chef.

« J'ai été très flatté par leurs propos, a admis Jones. Je sais que le niveau de confiance entre eux, moi et le personnel d'entraîneurs est élevé. J'ai accepté avec beaucoup d'humilité leurs éloges. J'espère que cette relation se poursuivra. Je sais que moi, je vais continuer de les appyer à 100 pour cent. »

Même si un contrat ferme de trois ans en poche avant l'arrivée d'un nouveau directeur général lui procure une certaine sécurité, ce n'était pas ce qui était le plus important à ses yeux.

« Le plus important était que je sois la bonne personne pour les Alouettes et que les Alouettes soient la bonne équipe pour moi. Vous ne voulez jamais sentir d'hésitation d'un côté ou de l'autre.

« De faire les choses différemment ne m'effraie pas. De mettre sous contrat un entraîneur avant un d.g. n'est pas conventionnel, mais je suis persuadé que ça va fonctionner. (...) J'ai confiance que nous trouverons le bon directeur général, quelqu'un avec qui je peux travailler.

« Regardez les Blue Bombers et les Tiger-Cats : ils ont bâti de l'intérieur. (Orlando) Steinhauer n'en est qu'à sa première saison, mais il était là depuis un certain temps. (Mike) O'Shea est là depuis six ans. Ils lui ont fait confiance. Ils savaient qu'ils avaient la bonne personne et ç'a été payant. Souhaitons que l'équipe ici pense la même chose et qu'on puisse récompenser l'organisation avec des championnats. »

Jones, qui conservera son poste de coordonnateur à l'attaque, a insufflé une énergie nouvelle à ce qui est devenue sa troupe et a immédiatement décrété des entraînements plus courts, plus rythmés et au cours desquels s'amuser en travaillant est devenu une priorité. Au lieu de demander à ses joueurs de s'adapter à lui, il s'est adapté à son groupe et les résultats ont été immédiats: les Alouettes ont doublé leur nombre de victoires pour conclure la saison 2019 au deuxième rang dans l'Est, avec une première fiche positive depuis 2012.

« J'ai confiance en mon approche, mais dans tout ce que je fais, je ne tente qu'être moi-même. J'essaie d'être l'entraîneur que j'aurais aimé avoir et j'essaie qu'on ait du plaisir en jouant, sans toutefois négliger le travail qui doit être effectué afin de gagner des matchs.

Khari Jones : enfin tout est réglé

« De rentrer au boulot tous les jours pour des séances d'entraînement, ça peut devenir monotone et routinier. L'une des choses dont je suis le plus fier, c'est que je sentais que les gars avait réellement envie d'être là tous les jours. Je sais que moi, j'avais envie d'y être. »

L'entraîneur de 48 ans, qui s'occupait également des quarts, a pris des décisions importantes: Vernon Adams fils occupait le quatrième rang au poste de quart-arrière quand le camp s'est amorcé. Au moment de disputer le premier match de la saison, Adams était passé no 2. À la fin de cette même rencontre, il était passé devant Antonio Pipkin. La blessure de ce dernier n'a que précipité l'ascension d'Adams.

Le quart de la Californie a été nommé joueur par excellence des Alouettes après une spectaculaire première saison complète à titre de quart partant. Il a complété 283 de ses 431 passes pour des gains de 3942 verges et 24 touchés contre 13 interceptions seulement. Il a ajouté 394 verges et 12 touchés en 82 courses.

« Je ne sais pas encore si je conserverai les fonctions d'entraîneur des quarts, a-t-il dit. Si ça demeure inchangé, je suis confiant que ce sera pour le mieux. Si on nomme un entraîneur des quarts, ce sera que nous aurons trouvé une très bonne personne pour faire ce travail. Vernon progresse de belle façon et je veux que ça continue. »

Jones a aussi diversifié l'attaque montréalaise, qui a terminé au deuxième rang de la Ligue canadienne avec des gains de 2236 verges au sol, dont 1048 obtenu par le demi William Stanback. Le receveur Eugene Lewis a également atteint le plateau des 1000 verges, lui qui a capté 72 passes pour des gains de 1133 verges.

Après une carrière de neuf saisons avec les Lions de la Colombie-Britannique, les Blue Bombers de Winnipeg, les Stampeders de Calgary et les Tiger-Cats, Jones a débuté sa carrière d'entraîneur à Hamilton en 2009, où il avait la responsabilité des quarts à ses deux premières saisons avant d'être nommé responsable de l'attaque l'année suivante.

En 2012 et en 2013, il a dirigé les quarts des Roughriders de la Saskatchewan, aidant l'équipe à remporter la coupe Grey à sa deuxième saison. Il a ensuite été coordonnateur à l'attaque des Lions , de 2014 à 2017, avant de se joindre au personnel de Sherman en 2018.

Muamba heureux que le dossier soit réglé

Henoc Muamba, qui a récemment été élu joueur canadien par excellence de la LCF, est également heureux du retour de Jones.

« C'est une très bonne nouvelle pour moi et toute l'équipe, et même pour toute la ville de Montréal, a-t-il déclaré à RDS. C'est quelque chose à laquelle tout le monde s'attendait, c'était juste une question de temps. C'est un gars qui est vraiment bien respecté dans le vestiaire et toute l'organisation.

C'est un gars qui a joué dans cette ligue et qui a eu beaucoup de succès. C'est une personne très aimable avec tout le monde. Quand il est passé de coordonnateur à l'attaque à entraîneur-chef, il n'a pas changé. Il communique très bien et il est toujours ouvert à une conversation. Sa porte est toujours ouverte, il invite à la communication et laisse les gens s'exprimer et être qui ils sont. Il a créé un environnement qui nous a aidés à devenir de meilleures personnes et la meilleure équipe possible. »