MONTRÉAL - Il y a trois ans, sur la colline du Mont-Royal, l’entraîneur Danny Maciocia avait convaincu un immense diamant à l’état brut de changer de position voyant en lui un énorme potentiel pour exceller sur la ligne offensive.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que David Foucault a donné raison à cette idée de génie polissant son art rapidement et ce fut au tour des Panthers de la Caroline de se laisser convaincre par l’intrigant produit québécois.

À sa toute première tentative du côté de la NFL, Foucault a donc gagné son audacieux pari de se mériter un poste régulier. L’exploit aurait déjà été colossal pour le football québécois, mais ce n’était pas terminé puisque Laurent Duvernay-Tardif a brillé au camp d’entraînement des Chiefs de Kansas City pour mériter leur confiance en vue de la saison 2014.

Au cours des dernières semaines, la famille, les amis, les anciens coéquipiers et entraîneurs de ces deux mastodontes ont suivi de près leur impressionnant parcours qui ne fait que commencer au sud de la frontière.

« Je suis très impressionné de voir où il est rendu. C’est drôle de penser qu’il protégeait mon dos l’an dernier et qu’il surveille maintenant parfois celui de Cam Newton à l’entraînement ! », s’étonnait le quart-arrière des Carabins, Gabriel Cousineau. 

Sans surprise, Maciocia s’avère le dernier à être étonné par la réussite de son protégé.

« Ça fait trois ans que je lui parle de son potentiel depuis que je lui avais suggéré de renoncer à son poste sur la ligne défensive. Je voyais le potentiel et l’athlète en lui et je me disais qu’il pouvait se rendre très loin avec le temps », a confié Maciocia qui est demeuré en contact avec Foucault tout au long de son aventure de sélection.

« L’an passé, je lui avait dit que j’étais convaincu qu’il serait repêché dans les deux premières rondes du côté de la LCF et qu’il aurait peut-être une chance dans la NFL. Finalement, quatre équipes de la NFL ont démontré un fort intérêt et nous avons choisi celle qui n’avait pas repêché des joueurs de ligne offensive. À partir de ce moment, je me disais que tout était possible pour lui », a détaillé l’entraîneur en précisant que tout le mérite doit revenir à Foucault pour son impressionnante progression.

Il y a quelques années, la mission de suivre le camp d’entraînement de Foucault à distance aurait pu être laborieuse. Cependant, à l’ère des réseaux sociaux et de la télévision sportive en continu, ses proches ont pu obtenir plusieurs détails.David Foucault

« C’est difficile de bien juger concrètement de sa progression, mais c’est clair qu’il s’est beaucoup développé étant donné que les Panthers ont retenu ses services. Tu ne peux pas avoir un plus gros saut que de passer du football universitaire canadien à la NFL! », a insisté Olivier Daoust-Pichette qui se réjouit de voir que les entraîneurs des Panthers apprécient son ami.

Au fil des dernières semaines, les compagnons les plus fidèles de Foucault chez les Carabins se sont rassemblés pour regarder ensemble les parties préparatoires des Panthers afin d’épier ses faits et gestes sur la plus grande scène du football.

« C’est certain que nous serons plusieurs joueurs à devenir des partisans des Panthers », a admis Marc Glaude, un joueur de ligne offensive dominant des Carabins, qui n’est pas si surpris des obstacles franchis par Foucault.

« J’ai été son coéquipier pendant deux ans et je l’ai vu changer de position et revenir en force à la suite d’une blessure à une cheville. Chaque fois qu’il a un défi devant lui, il le surmonte et il devient dominant donc je n’ai aucun doute qu’il peut en faire autant même dans la NFL », a précisé Glaude qui bien ri en apercevant, durant la partie diffusée à FOX, un groupe d’amis de Foucault avec des perruques blondes en l’honneur de leur camarade.

Son entourage se réjouit pour lui pour un million de raisons, mais certains amis ont déjà hâte de le revoir pour un motif bien précis.

« J’espère que ça va bien aller parce qu’il va sûrement nous payer le restaurant en revenant ! », avait lancé Renaud Lafrance, un ami qui évolue avec le Vert & Or de l’Université de Sherbrooke, avant l'annonce du week-end. 

Duvernay-Tardif paraît toujours aussi bien en rouge

Évoluant dans un certain anonymat des spectateurs l’an dernier avec les Redmen de McGill, Duvernay-Tardif est tout de même parvenu à attirer le regard des dépisteurs de la NFL. Repêché par les Chiefs, l’étudiant en médecine a poursuivi son étincelant cheminement en se taillant un poste sur la formation des 53 joueurs.

Laurent Duvernay-TardifDurant les quatre matchs préparatoires, le colosse de six pieds cinq pouces et 321 livres a démontré un bel aperçu de son potentiel au poste de garde à gauche et il a partagé ses expériences avec ses proches.

« Avant le début du vrai camp d’entraînement, il est revenu à Montréal. On a pu lui parler et lui demander comment ça se passait là-bas. Il nous a raconté les différences dans la NFL et à quoi ressemble l’intensité des entraînements. C’était plaisant d’avoir ses impressions sur la NFL. Par la suite, il nous envoyait des courriels pour nous tenir au courant », a souligné Jean-Philippe Paquette, un receveur de quatrième année chez les Redmen.

Pierre-Olivier Daloze, un ancien partenaire de ligne offensive de LDT à McGill, demeurait aussi à l’affût des développements jusqu’à la confirmation tant attendue.

« On regarde beaucoup les sites internet des Chiefs ainsi que ceux de RDS et ESPN pour avoir toute l’information possible. Parfois, il nous écrivait et on était toujours bien content de recevoir de ses nouvelles. De plus, quand il vient à Montréal, il essaie toujours de faire quelque chose avec nous », a confié Daloze.

L’entraîneur des Redmen, Clint Uttley, a communiqué quelques fois avec Duvernay-Tardif et il l’encourageait à poursuivre sur sa lancée dont en lui mentionnant qu’il paraît toujours aussi bien en rouge.

Après le coup de maître que ça représente pour leur carrière respective, le plus grand accomplissement de Foucault et Duvernay-Tardif réside dans l’espoir engendré auprès de la relève québécoise.

« On est très fier de lui. C’est une motivation aussi parce qu’il a fait quelque chose que peu de gens ont réussi. Je crois que, pour le futur, ça ouvrira plus de portes pour les joueurs du Québec », a convenu Paquette.

« Ça nous permet de voir que c’est possible de pousser plus loin. En plus de pouvoir accéder à la LCF, les joueurs d’exception peuvent croire à la NFL; c’est un modèle », a vanté Daloze.

« David une inspiration pour nous, il est le premier Carabin qui se rend à la NFL. Il a le prototype parfait et ça nous démontre que c’est possible. Il faut aussi souligner le mérite de Laurent Duvernay-Tardif et ça démontre le niveau élevé que l’on retrouve maintenant au Québec », a conclu Glaude.

*Écrit en collaboration avec Christian L-Dufresne