MONTRÉAL – À sept ans, le « petit » Andrew a écouté sa mère qui lui promettait une surprise. Il a fermé ses yeux et il a embarqué dans la voiture sans savoir ce qui l’attendait. Quand il a eu le droit d’ouvrir ses yeux, il était sur un terrain de football et le coup de foudre a été instantané.

 

Sa mère, Lydia, avait choisi cette approche parce que les moyens financiers de la famille étaient limités. Elle ne pouvait pas offrir à son fils son souhait de devenir gardien de but au hockey. Le football était le deuxième choix du jeune Andrew Seinet-Spaulding, mais c’est rapidement devenu son immense passion.

 

« J’étais tellement surpris et content. À la première pratique, j’ai bien fait pour un jeune de sept ans et je suis tombé en amour avec le foot depuis cette journée », a raconté, avec les yeux brillants, le joueur de six pieds et 292 livres.

 

Ce qu’il n’a pas précisé, c’est l’âge de ses coéquipiers à l’époque. Il aura fallu bavarder avec sa mère pour apprendre qu’il a fait ses premiers pas dans une équipe pour les enfants de 10 et 11 ans. C’était la seule option puisque Ville St-Laurent n’organisait pas de football pour les plus jeunes. 

 

« Ils m’ont dit de l’amener quand même. Finalement, il a tout de suite été secondeur partant », a raconté Lydia Seinet en se replongeant dans ses souvenirs.

 

Tout au long de son parcours, il a accumulé les distinctions incluant celle de recrue défensive de l’année en 2016 lors de son entrée au niveau universitaire du RSÉQ. Maintenant âgé de 23 ans, Seinet-Spaulding entame son année de repêchage et il est la pierre angulaire de l’équipe de football de l’Université McGill.

 

Cette année, les attentes sont élevées envers le plaqueur défensif. En ce qui a trait à la domination sur la ligne défensive, il est vu comme un successeur aux exploits accomplis par Mathieu Betts et Vincent Desjardins.

 

« Il a le talent pour le faire et il s’est bien entraîné pendant l’hiver. C’est un athlète incroyable pour son gabarit. Un passionné du football qui se dévoue vraiment pour être la meilleure personne sur le terrain et à l’extérieur. Ça se transpose bien sur le terrain, il joue avec une passion et une grande énergie. Veux, veux pas, c’est son année de repêchage donc il a des choses à prouver et je suis pas mal convaincu qu’il va être en mesure d’y parvenir », a indiqué son entraîneur, Ronald Hilaire.

 

« Je ne m’occupe pas de ce que les autres ont pu réussir. Je sais ce que je peux faire sur un terrain. Les comparaisons, ça ne me dérange pas », a commenté le numéro 90 qui est bien conscient qu’il attirera les yeux des dépisteurs.

 

« C’est un beau compliment, j’ai travaillé fort durant toute la saison morte pour avoir de bonnes performances cette saison. C’est mon année de repêchage, mais le plan numéro un demeure de gagner des matchs et je veux assister à de belles performances d’équipe », a-t-il enchaîné.

 

Avec son talent, Seinet-Spaulding permet justement de rehausser le calibre de son équipe. Les membres de la ligne offensive sont bien placés pour en témoigner.

 

Andrew Seinet-Spaulding« C’est vraiment un gars qui favorise notre développement parce qu’il est autant puissant que rapide. Il est capable de bien réagir à toutes les situations sur les terrains donc tu ne peux pas lever le pied pendant une seule répétition avec lui », a observé le centre Ludovic Morin.

 

Le porteur de ballon recrue, Jérémy Langevin, a rapidement fait connaissance avec cette réalité. 

 

« Il est capable de se défaire rapidement d’un bloc, il faut toujours avoir les yeux dessus, on ne peut pas le perdre de vue », a-t-il décelé.

 

Son entraîneur se considère privilégié de miser sur un athlète de sa trempe et il s’attarde à peaufiner ce joueur reconnu  pour sa rapidité, sa puissance et ses qualités athlétiques.

 

« On aime penser qu’on est les meilleurs entraîneurs au monde, mais on peut l’être quand on a les meilleurs athlètes qui viennent avec. C’est un athlète qui est déjà très accompli alors on essaie surtout de garder sa concentration à un haut niveau, on met l’accent sur de petits points techniques et on laisse son talent s’exprimer », a précisé Hilaire.

 

En attendant la suite de sa carrière, sa mère se félicite surtout des efforts et de l’humilité de son fils.

 

« Je sais qu’il travaille très fort pour être rendu là. C’est un grand compétiteur et il n’est pas arrogant du tout. C’est un jeune simple qui ne va jamais dire qu’il est meilleur qu’un autre », a-t-elle souligné.

 

Cette personnalité, elle s’est forgée durant son enfance modeste.

 

« Ce n’était pas facile, je ne suis pas riche. Il a reçu beaucoup dans le milieu du football et on s’est débrouillé. Je me rappelle, j’avais les trois enfants et je prenais l’autobus pour aller le mener aux pratiques », a dévoilé sa mère qui se réjouit aussi du support qu’Andrew obtient de son frère de 19 ans et sa sœur de 22 ans.

 

Une équipe à maturité en 2019

 

À l’image de Seinet-Spaulding, l’équipe de McGill souhaite jouer à la hauteur des attentes. Le dossier de 2018 (2-6) ne serait pas suffisant. Ça tombe bien puisque le club a pu profiter d’une précieuse semaine supplémentaire de préparation. Le premier duel du calendrier 2019 aura lieu, vendredi après-midi (16 h), face aux Stingers de Concordia qui ont chauffé les Carabins de l’Université de Montréal, au compte de 10-3, la semaine dernière.

 

« C’est sûr et certain que, quand tu affrontes une équipe qui a de nouveaux coordonnateurs pour l’attaque, la défense et les unités spéciales, c’est une chose primordiale pour nous d’avoir des images d’eux. Ça nous a un peu mieux préparés pour savoir à quoi s’attendre surtout de leur défense qui a été très agressive », a admis Hilaire.

 

« Ils ont été chanceux de sortir vainqueurs du match parce que je pense que les Stingers ont donné tout ce qu’ils avaient et on s’attend à ce qu’il fasse la même chose contre nous », a-t-il ajouté.

 

Le discours qui revient sans cesse sur le campus de McGill, c’est que l’équipe a atteint sa maturité. À preuve, elle a perdu un seul partant en défense. Du côté offensif, il s’agira de la deuxième saison sous le système du coordonnateur David Lessard.

 

« L’an passé, il a implanté un système qui était totalement différent de notre approche antérieure. C’était un peu un choc pour cette unité surtout que la ligne offensive était composée de quatre recrues. Maintenant, ils sont à l’aise dans le système et on sent qu’on aura plus de production grâce à ça », a souhaité Hilaire.

 

« Ce sera surtout au point de vue de l’exécution qu’on fera mieux. Voilà ce qui sera important pour avoir une attaque dominante », a jugé Morin.

 

« Je pense qu’on aura une équipe rapide et intelligente. On va réussir des jeux qui vont se démarquer et j’ai bon espoir qu’on va surprendre des gens », a conclu Langevin.

 

McGill et Concordia prêts à surprendre