Glen Constantin a bâti des liens très utiles dans la NFL et la NCAA
Universitaire lundi, 27 mars 2017. 17:01 dimanche, 15 déc. 2024. 03:22MONTRÉAL – En 2011, en préparation pour la coupe Dunsmore, Glen Constantin s’empare de son téléphone et appelle Jim Washburn, son bon ami qui était l’entraîneur de la ligne défensive des Eagles de Philadelphie pour élucider un problème que lui posent les Carabins de l’Université de Montréal. Résultat : le conseil obtenu se transforme en un long touché de Sébastien Lévesque dans une victoire.
Voilà le premier exemple concret auquel songe Constantin lorsqu’on lui demande d’expliquer les bénéfices de ses contacts privilégiés dans la NFL.
« J’avais parlé de la situation avec Jim qui partageait un bureau avec Howard Mudd, une sommité des entraîneurs de la ligne offensive aux États-Unis. Il lui a dit "Mon chum a de la misère avec telle affaire et il a donné son avis". On a donc réagi en courant avec un jeu à l’extérieur du périmètre en faisant un inside trap et Seb Lévesque était parti pour un touché. Ça venait directement de Mudd! », a confié Constantin au RDS.ca en pigeant dans ses souvenirs.
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Le génie de Constantin et du Rouge et Or de l’Université Laval ne s’exprime donc pas seulement grâce à la préparation soignée des entraîneurs et la qualité des athlètes recrutés. À l’occasion, ce sont les judicieux conseils de ses amis dans la NFL qui viennent donner un coup de pouce.
En découvrant l’existence de ce précieux carnet de contacts, c’est plus facile d’expliquer la présence de Chad O’Shea, la fin de semaine dernière, à la clinique des entraîneurs du Rouge et Or organisée par Carl Brennan (entraîneur de la ligne offensive).
O’Shea occupe le poste d’entraîneur des receveurs chez les Patriots de la Nouvelle-Angleterre depuis février 2009. Mais l’amitié entre les deux hommes remonte à bien plus loin. En effet, Constantin a connu O’Shea au milieu des années 1990 quand il avait hérité d’une expérience de graduate assistant (entraîneur étudiant) à l’Université de Houston.
Quelques semaines après avoir remporté le Super Bowl, O’Shea était ravi de participer à cette clinique pour la deuxième fois.
« C’était important pour moi, parce que je suis très près de Glen et je trouve qu’il est un excellent meneur pour ce programme. Je me souviens d’être venu ici une première fois et, à mon retour, j’avais dit à mes collègues des Patriots que j’avais été bien impressionné par le travail accompli par ce programme », a relevé celui qui dirige notamment Julian Edelman et Danny Amendola.
« Glen a fait un si bon travail pour établir une crédibilité autour de son programme qu’il y a un respect qui s’est établi avec des gens dans la NFL. D’ailleurs, il est toujours le bienvenu à Foxborough et il est venu voir des matchs », a précisé O’Shea qui a pris le temps de raconter quelques histoires savoureuses du Super Bowl à son grand copain.
Bien sûr, Constantin chérit ses relations avec ces entraîneurs de renom qui produisent des bénéfices dans son travail.
« Ça me donne l’opportunité de leur parler sans filtre. Ils ont tellement de vécu que ce sont de très bonnes ressources pour moi. Je peux dire qu’il y a eu des fronts utilisés ou des tactiques défensives tentées qui ont provoqué des points tournants pour notre programme comme à la Coupe Vanier en 2003 », a expliqué l’entraîneur de 52 ans qui espère encore voir une équipe québécoise accéder à la NCAA éventuellement.
La valeur ajoutée ne s’arrête pas là. Le Rouge et Or profite de ce canal direct avec la NFL pour découvrir les nouvelles tendances et les dernières tendances pour se démarquer de la compétition.
« Ça nous aide à savoir ce qu’il se fait de mieux dans le domaine. Évidemment, on ne peut pas faire exactement la même chose qu’eux puisque c’est une question de moyens aussi. Mais ça nous donne la possibilité d’adapter ce qu’ils font et ça nous aide beaucoup », a exposé Constantin en citant notamment l’utilisation de capteurs GPS sur les joueurs pour récolter des informations.
En tant que spécialiste de la défense, Constantin n’aurait donc pas pu mieux tomber en développant cette amitié avec un expert de l’attaque.
« C’est vrai que Glen n’aime pas autant les gars de l’attaque que ceux de la défense! », a rigolé O’Shea quand on a soulevé cette observation.
« Je n’ai pas toutes les réponses au niveau offensif, ça vient parfois compléter mes connaissances. En tant qu’ancien quart-arrière, il connaît les nuances dans les jeux », a convenu Constantin plus sérieusement.
La NFL s’intéresse au jeu aérien du Canada
C’est naturel de constater que le football universitaire canadien s’abreuve de connaissances en provenance de la NFL. Cependant, la relation inverse existe également, ce qui s’avère plus surprenant.
« Parfois, ils (ses sources de la NFL) regardent ce qu’ils peuvent utiliser du football canadien à leur avantage dans leurs stratégies malgré leurs limitations sur les mouvements. Je pense surtout à des concepts qu’on peut utiliser avec le système aérien qui est très développé ici », a raconté l’homme en piquant la curiosité.
Il ne serait pas si bête de douter de cette affirmation, mais O’Shea a confirmé les dires de Constantin une heure plus tard.
« Le jeu aérien est une grosse priorité au Canada, je suis toujours intéressé de regarder ce qui se fait ici. J’ai même regardé quelques heures de vidéos avant de venir faire ma conférence parce que je suis fasciné par tous les joueurs en mouvement et le joueur supplémentaire à qui lancer sur un terrain plus vaste », a relaté O’Shea avec les yeux brillants d’un mordu de football.
Les liens serrés entre Constantin et O’Shea proviennent du terrain de football, mais également de leur période comme colocataires au Texas. À ce propos, le troisième ami qui habitait avec eux offre un contact privilégié à Constantin dans la NCAA. Il s’agit de Clay Helton qui occupe la prestigieuse fonction d’entraîneur-chef à USC.
« On est chanceux d’avoir de très bons liens, c’est le fun de pouvoir partager ça et d’apprendre », a réagi l’entraîneur québécois qui apprécie notamment le boulot de Mickey Donovan à l’Université Concordia. Il a aussi a vanté les mérites des entraîneurs de la relève comme ceux du Campus Notre-Dame-de-Foy, des Cougars du Collège Champlain-Lennoxville et de Vanier.
« Chad me dit parfois que si j’avais le succès que j’ai ici aux États-Unis, je serais millionnaire », a raconté, en souriant, Constantin qui a mené son équipe à huit conquêtes de la coupe Vanier.
Même s’il a été courtisé plus d’une fois, Constantin a préféré demeurer avec l’Université Laval si bien qu’il ne dirige pas au sein d’un réputé programme universitaire américain ou bien dans la NFL. Ce choix est tout à son honneur, les nombreux joueurs et entraîneurs qu’il a développés peuvent l’en remercier.
Devenu le maillon fort du football amateur canadien, le Québec devrait pouvoir compter sur Constantin pour plusieurs années encore. Même s’il a déjà consacré la moitié de sa vie au coaching, il n’entend pas arrêter de sitôt. À ses yeux, les commotions cérébrales s’avèrent le principal danger qui guette ce sport et il considère que les équipes doivent s’impliquer pour améliorer la situation. Ensuite, il souhaiterait voir d’autres universités s’élever au rang des Carabins, du Vert & Or et du Rouge et Or. Après, on pourrait lui souhaiter une retraite tranquille ou pourquoi pas un saut auprès de l’un de ses amis au sud de la frontière.
*Avec la collaboration de Pierre Vercheval