Le Canadien a encore deux matchs à disputer. C’est vrai. Deux matchs importants alors qu’une victoire, ce soir, aux dépens des Islanders de New York ou samedi contre leurs voisins les Rangers assurerait le Tricolore de l’avantage de la patinoire en première ronde des séries. Une première ronde qui les opposera, c’est maintenant assuré, au Lightning de Tampa Bay.

Mais bien que le Canadien soit en séries et que cette présence assurera un printemps plus beau dès la semaine prochaine, le printemps a officiellement commencé ce matin lorsque Jack Nicklaus, Arnold Palmer et Gary Player ont donné le coup d’envoi au 78e Tournoi des Maîtres.

Si vous êtes golfeur, vous savez déjà que le Masters est un tournoi extraordinaire. Vous savez aussi que le Augusta National est le paradis. Un paradis que j’ai eu le plaisir de survoler l’an dernier alors que le tournoi a couronné l’Australien Adam Scott qui a enfilé son premier veston vert et du coup remporté son premier titre majeur en carrière.

Mais nul besoin d’être golfeur pour apprécier autant ce tournoi que le coin de paradis où il est disputé. Par centaine de milliers, des amateurs espèrent chaque année que leur nom sera retenu dans le cadre du tirage au sort par le biais duquel les billets pour les rondes préliminaires et les quatre officielles du tournoi sont distribués.

Il est saisissant de voir, sur place, ces « chanceux » sillonner le parcours avec un large sourire béat pour comprendre l’importance du Tournoi des Maîtres non seulement pour les golfeurs qui le disputent, mais pour tous ceux qui le suivent. De près ou de loin, même de trop loin.

Ce matin, je flottais dans mon salon. Je m’imaginais, il y a tout juste un an, sur la pointe des pieds autour du tertre numéro un afin de voir le « King », le « Bear » et le « Black Knight » s’élancer pour envoyer leur coup de départ au bas de la très large allée du trou numéro un.

Il était 7 h 40 lorsque les trois géants du golf ont donné le coup d’envoi au tournoi. Plusieurs milliers de « patrons » foulaient déjà les allées et des dizaines de milliers d’autres prenaient les stationnements d’assaut et attendaient de franchir les portes du paradis.

Je m’imaginais partir ensuite vers le terrain d’exercice pour aller épier les derniers élans de pratique des joueurs qui se préparaient en vue du premier tournoi majeur de la saison. Du plus beau. Du plus connu.

Mais je me suis réveillé devant l’écran.

Remarquez que ce n’est pas vilain de rêver au Masters assis devant sa télé.

Car avec les images du ciel plus bleu que bleu de la Géorgie et le vert plus vert que vert des allées du Augusta National sans oublier toutes les couleurs des fleurs qui bordent les 18 verts retransmises par la télé permettent de se sentir sur place. Ou presque…

À défaut de pouvoir y être, de voir les meilleurs golfeurs au monde rivaliser d’adresse pour échapper aux nombreux pièges du Augusta National, pour loger leur coup d’approche en bonne position sur des verts qui seront impitoyables pour les golfeurs qui oseront les défier, les heures de diffusion sur RDS vous permettront de vous croire sur place.

Avec la description de Michel Lacroix qui en plus d’adorer le golf a eu la chance et le privilège de jouer sur ce parcours, et les analyses de Carlo Blanchard – sans oublier les reportages de François-Étienne Corbin qui a reçu le beau cadeau de couvrir le Masters – nous serons tous un peu plus en mesure de nous croire sur place et de vivre le Tournoi des Maîtres.

Un tournoi qui sera encore magistral cette année en dépit de l’absence de Tiger Woods qui a déclaré forfait en raison d’une intervention subie il y a dix jours au bas du dos.

Tiger n’est pas là. C’est vrai. C’est dommage. C’est vrai aussi. Mais il serait plus dommage encore de croire qu’en raison de cette absence, le Masters a perdu de son charme, de son lustre.

Car non seulement reste-t-il encore un tas de golfeurs de premier plan en lice – tenter de prédire un gagnant permet de voir à quel point la compétition est féroce –, mais il ne faut jamais oublier que la plus grande vedette du Masters est d’abord et avant tout le parcours. Et lui, il est toujours là. Toujours aussi beau, toujours aussi majestueux, toujours aussi difficile…

Pour le plaisir de la chose, j’ai misé un huard ou deux sur Sergio Garcia pour succéder à Adam Scott à titre de champion.

Je sais! Sergio a un mauvais caractère. Il se remet rarement des mauvais coups qu’il exécute, il perd la carte lorsque le mauvais sort s’acharne sur lui et peut complètement perdre la carte quand il rate quelques petits coups roulés. Et il lui arrive trop souvent d’en rater.

Mais Sergio est dans de meilleures dispositions mentales. Sa peine d’amour est passée. Il a une nouvelle compagne. Il est moins perturbé. Et tous ceux qui ont déjà joué au golf de façon compétitive savent qu’il est impossible de se battre à forces égales avec un parcours difficile, plus encore avec le Augusta National, lorsqu’on n’est pas en paix avec soi-même.

Et Sergio l’est…

Cela dit, il faudra avoir Henrik Stenson, le vrai numéro un mondial l’an dernier, à l’œil. Il faudra aussi surveiller Brandt Snedeker et Ian Poulter s’ils se mettent à caler des coups roulés comme ils sont capables de le faire. Sans oublier Fred « Freddie » Couples qui demeure toujours un choix sentimental. Surtout au Masters.

Et Rory? Adam Scott ? Angel Cabrera?

Oui, je sais, ils peuvent tous gagner. Mais à un moment donné, il faut faire des choix et vivre ou mourir avec eux…

Ah oui! Souhaitons à Mike Weir – miné par les blessures depuis quelques années – de se qualifier pour les rondes de la fin de semaine et à notre deuxième Canadien Graham DeLaet d’effectuer une première participation convaincante. Il est certainement capable d’imiter Fuzzy Zeller qui est le seul golfeur à avoir enfilé le veston vert à sa première participation. Cela dit, une place au sein du top-10 serait un exploit de taille pour le meilleur golfeur canadien.

Avec tous ces bons golfeurs en lice, avec le suspense que ce tournoi nous offre chaque année et toutes les images magnifiques dont on pourra se gaver d’ici dimanche soir, deux mots pour finir : bon Masters!