Peter Jacobsen l'avait l'affaire. Tout comme Tom Watson et Juli Inkster. Non seulement les trois golfeurs ont-ils réussi les plus bas pointages sur leur tour respectif, ils ont également été en mesure de marquer les bons pointages sur leur propre carte.

Si simple, vraiment.

Y a-t-il vraiment quelqu'un qui a confondu l'excellente troisième ronde de Mark Roe lors de l'Omnium britannique à celle ordinaire de Jesper Parnevik?

Des milliers de joueurs exécutent cette tâche à chaque année sans incident, et si cette manière de procéder fonctionne pour les masses, pourquoi serait-ce un outrage pour un joueur professionnel lors d'un tournoi majeur?

Parce qu'un seul incident du genre est un incident de trop.

Nous parlons, évidemment, de l'Anglais Mark Roe, qui se retrouvait à deux coups de la tête après avoir ramené une troisième carte de 67.

Une semaine plus tard, Roe, 40 ans, souffre encore de cette erreur qui lui a coûté la chance de goûter à la gloire. Il a terminé au bas du classement de l'Omnium d'Irlande sur le circuit européen, et vous pouvez vous demander s'il aura une autre chance comme celle qui lui était offerte sur un plateau d'argent au Royal St. George's.

Tout ça à cause d'une erreur d'écriture?

Les puristes du golf hurleront. Ils vont nous ressasser le même refrain sur l'intégrité du jeu, et comment il doit être joué selon des règles strictes. Et à quel point ces règles sont sacrées.

Désolé, mais certains règlements sont stupides.

Par exemple. Quand le Danois Thomas Bjorn a frappé sa balle d'une trappe de sable au 17e trou lors de la première ronde de l'Omnium britannique, il a reçu une pénalité de deux coups pour avoir frappé violemment dans le sable après que sa balle soit revenue dans la trappe. C'est une erreur -- et Bjorn devrait le savoir -- car il est interdit de toucher le sable avant de frapper la balle.

Saviez-vous, toutefois, que si Bjorn, dans la même situation, avait seulement perdu son équilibre après son coup et qu'il avait utilisé son bâton pour éviter une chute, et que son bâton avait touché le sable, il n'aurait pas été pénalisé?

N'est-ce pas stupide qu'un joueur teste une surface quand il vient à peine de frapper un coup à partir de cette surface?

Un autre exemple. La plupart d'entre vous sera en accord avec moi : il n'y a rien de pire que s'élancer et rater sa balle. Ça vous coûte un coup, et c'est sans parler de l'humiliation. Mais, si à partir du même point, vous frappez la balle à 300 verges mais qu'elle se retrouve quelques pouces en dehors du domaine, vous êtes pénalisé plus que si vous aviez simplement raté la balle.

Et il y a ce règlement qui requiert des joueurs qu'ils vérifient leur carte de pointage avec une signature.

Quelle honte que Roe n'ait pu prendre part à une glorieuse scène finale et qu'il défie peut-être Ben Curtiz pour la «Claret Jug».

Tout le monde -- le marqueur officiel du groupe, son partenaire Jesper Parnevik, les ordinateurs à chaque trou -- s'entent pour dire que Roe a touché sa balle à 67 reprises. Mais parce que lui et Parnevik ont oublié d'échanger leur carte de pointage sur le tertre de départ du premier trou, ce qui signifie qu'ils ont écrit les mauvais scores sur les mauvaises cartes, ils ont été disqualifiés. Et parce que cette erreur n'a pas été notée avant qu'ils signent leur carte, il n'y avait pas de recours possible.

«Les règles sont les règles et vous devez y obéir. Mark James a indiqué à la télévision que 50 millions de personnes ont vu ce qu'il a fait. Tout le monde sait qu'il n'a pas triché», de dire Ian Woosman.

Woosman sait très bien ce que peut coûter une violation du règlement. Il y a deux ans au Royal Lytham, il s'est vu décerner une pénalité de deux coups sur le premier trou pour avoir mis dans son sac un bâton de trop. Ça lui a peut-être coûté les grands honneurs, mais au moins il a pu jouer.

Dans le cas de Roe, il a été disqualifié parce qu'au moins un des pointages inscrits dans la boîte était plus bas que ce qu'il avait réellement joué. Voilà pourquoi il a été disqualifié. La pénalité est sévère pour le crime.

«C'est la plus grande tragédie de l'histoire de l'Omnium britannique», a indiqué le secrétaire de l'Omnium britannique, Peter Dawson. «Nous acceptons une part de responsabilité, mais pas toute la responsabilité».

Le marqueur qui révise les cartes de pointage avec les joueurs -- celui qui s'assure encore et encore s'ils ont marqué les bons pointages, s'ils ont signé leur carte, etc. -- n'a apparemment pas noté que les joueurs ne possédaient pas la bonne carte. Dans le futur, précise Dawson, ça fera partie des choses à faire.

C'est un peu trop tard, évidemment, pour Roe. Et pourquoi autant de stupidité de toute manière? À ce niveau, pourquoi un joueur doit-il confier à un autre joueur sa carte de pointage? Oui, c'est l'essence du jeu à chaque niveau. Mais chez les professionnels, alors que les yeux du monde vous surveille, tout comme les ordinateurs et les marqueurs officiels, ça ne fait aucun sens.