(ESPN.com) - Nous savons tous à quel point il est important pour son sport. À quel point sa simple présence à un tournoi rend l'ordinaire extraordinaire. À quel point sa poursuite de records qu'on croyait jadis inatteignables captive même ceux qui savent à peine distinguer un oiselet d'un boguey.

Peut-être que la valeur d'un tel phénomène ne pouvait être réellement compris que par accident.

Les rumeurs qui ont commencé à se propager vendredi quant à des blessures sérieuses qu'aurait subies Tiger Woods dans un accident de voiture en ont fait réfléchir plus d'un. Parce que voilà le genre de chose, probablement la seule chose, qui pourrait faire dérailler une quête que tout le monde prenait pour acquis : celle de Woods vers le record de tournois majeurs remportés par Jack Nicklaus.

Évidemment, tout ça est secondaire quand il est question de la santé d'un individu. Et pendant quelques heures vendredi après-midi, tout ce qui est lié à la carrière professionnelle de Woods n'avait aucune importance. Il aura fallu qu'un porte-parole du golfeur émette finalement un communiqué pour calmer tous ceux qui s'inquiétaient : Tiger avait reçu son congé de l'hôpital et se trouvait dans une "bonne condition".

Plusieurs questions demeurent sans réponse pour le moment. Des questions concernant le moment où l'accident est survenu, l'ampleur des dommages subis par le véhicule ou le fait que la femme de Tiger a dû utiliser un bâton de golf pour fracasser une vitre et le sortir de sa fâcheuse situation.

Avant vendredi, au cours d'une carrière professionnelle dont les débuts remontent à 1996, le plus gros scandale dans lequel avait été impliqué Tiger impliquait quelques gros mots proférés sur les terrains de golf.

On ignore comment cette histoire se terminera, mais tout ce scénario ne fait que démonter l'importance de Tiger Woods pour son sport et fait réaliser à quel point son absence en affecterait les paramètres. Combien de directeurs de tournois ont retenu leur souffle vendredi? Et le commissaire de la PGA, Tim Finchem? Les présidents de réseaux de télévision? Les autres joueurs?

Woods est l'unique raison qui explique pourquoi le golf professionnel reçoit autant d'attention médiatique, pourquoi les énormes bourses rendent riches même les joueurs médiocres et pourquoi le sport est plus populaire que jamais auprès des jeunes. À 33 ans, Woods a fait du golf un sport cool.

Les attentes sont tellement élevées envers cette force de la nature que certains observateurs ont osé qualifier sa saison 2009 de déception parce qu'il n'a pas gagné de tournoi majeur. Après tout, il n'a gagné que sept tournois. Il a terminé dans le top 10 à 14 reprises sur une possibilité de 17. Il s'est classé dans le top 6 de trois majeurs. Il a maintenu le pointage moyen le plus bas du circuit. Et il a dominé le classement des boursiers avec des gains de 10 M$. Ah oui, j'oubliais! Il a aussi remporté la coupe FedEx et le boni de 10 M$ qui s'y rattache.

Tout ça après que nous ayons tous reçu le premier indice qui nous disait que rien n'est garanti. Pourquoi avons-nous pris pour acquis que Woods reviendrait meilleur que jamais après avoir subi une opération majeure à un genou l'été dernier? Il s'agissait pourtant alors de sa quatrième chirurgie au genou gauche.

Bien sûr, le métier de Woods ne le force pas à frapper quelqu'un ou à courir et changer de direction subitement comme un joueur de football. Mais demandez à n'importe quel golfeur à quel point le genou gauche est important dans la réalisation d'un bon élan et vous réaliserez peut-être l'ampleur de ses accomplissements en 2009.

Woods a terminé l'année avec 71 victoires en carrière, deux de moins que Nicklaus au deuxième rang de tous les temps et seulement onze derrière le meneur, Sam Snead. Tiger compte à son palmarès 14 titres majeurs, quatre de moins que le Golden Bear.

Pendant des années, nous avons cru que Woods fracasserait ces records les yeux fermés. Et maintenant, un accident de voiture nous a fait réaliser que rien n'est garanti dans la vie.