Le fameux Tournoi des Maîtres a pris les allures d'un match de hockey hier à Augusta en ce sens qu'il a été joué en trois périodes et qu'il s'est conclu en prolongation.

Et il ne fait aucun doute que la première période fut de loin la plus captivante. Phil Mickelson et Tiger Woods, qui accusaient sept coups de retard sur les détenteurs du premier rang, ont présenté un spectacle de très grande qualité. Mickelson d'abord, en inscrivant un score de 30 sur la première portion. Puis Woods s'est amené dans le match en y allant de quelques charges. Dans les deux cas toutefois, on a manqué d'énergie et de concentration. Néanmoins, nous avons été en mesure d'apprécier la dextérité de ces deux joueurs et de comprendre pourquoi ils occupent les deux premières positions au classement mondial. Puissance des coups de départ, précision des coups d'approche, dextérité autour des verts, imagination lorsque confrontés à des coups difficiles. En fait, l'éventail des coups requis pour devenir de grands champions. Et bien sûr, le sens du spectacle.

Ce qui nous amène à la deuxième période qui a été dominée par des joueurs qu'on n'a pas ou peu l'habitude de voir dans des positions de commande. Shingo Katayama du Japon, par exemple, qui a réalisé des coups spectaculaires et qui a effectué des sauvetages dans des conditions très difficiles. Et qui a surtout été très rafraîchissant pour le public. John Merrick et Steve Flesch ont également contribué à alléger l'atmosphère.

Ceux qui sont les grands responsables du fait que cette compétition fut plus relaxe sont incontestablement les responsables du Tournoi des Maîtres. Ils ont préparé le terrain afin de permettre à ces joueurs d'exprimer tout leur talent. Les deux dernières éditions avaient été ternes à cause des mauvaises conditions météorologiques et parce qu'on avait pas de solutions de rechange pour faciliter le travail des joueurs. On y a vu. Personne n'a été frustré, bien au contraire. Et j'ai l'impression que les organisateurs de tous les tournois majeurs vont dorénavant faire de même.

La troisième période a été l'affaire de Kenny Perry, Chad Campbell et Angel Cabrera. Ce ne fut pas particulièrement joli. Comme s'ils avaient été oubliés pendant un certain temps sur le terrain à cause du duel offert par Mickelson et Woods. Encore une fois l'adage qui veut que le championnat se décide sur le neuf trous de retour le dimanche après-midi a été respecté. Perry n'a pu résister à l'énorme pression. Campbell a été hésitant et n'a pas profité des opportunités offertes. Cabrera s'est accroché et c'est finalement lui qui s'est imposé en prolongation.

Un peu de chance pour le vainqueur? Sûrement. Mais qui n'a pas eu un peu de chance avant d'enfiler le fameux veston vert. Il faut réaliser que Cabrera vient ainsi de remporter un deuxième titre majeur en moins de deux ans. Sa première victoire fut acquise lors de l'Omnium des USA en 2007 sur le très difficile terrain de Oakmont. Son triomphe à Augusta hier n'a fait qu'ajouter à la liste de ses exploits.

Par dessus tout, Cabrera, que nous avons eu le plaisir de côtoyer à Montréal lors de la Coupe des Présidents, présente l'allure d'un champion populaire et d'un bon vivant. Il n'est certes pas le joueur qui perd un temps fou à analyser chacun de ses coups. Et il perd encore moins de temps pour les jouer, un exemple que plusieurs des pros sur le circuit PGA Tour auraient avantage à suivre. En entrevue, ses réponses sont franches et directes. Il n'y a pas de place pour l'interprétation. C'est aussi un autre exemple que plusieurs pros du PGA Tour devraient suivre. Il est vrai que lui, peu importe, les circonstances accorde des entrevues.

Dans l'ensemble, le Tournoi des Maîtres cette année a été à la hauteur de nos attentes tant par la qualité du spectacle que par le qualité du décor. Au cours des dernières années, les acteurs n'avaient pas très bien tenu leur rôle. Une chance qu'on avait pu compter sur le décor. Cette fois, ce fut une réussite sur toute la ligne.