Il n’y a pas que les golfeurs professionnels qui risquent d’attirer l’attention au cours de la fin de semaine à l’occasion du Championnat Cadillac disputé sur le réputé parcours Blue Monster du complexe Doral, propriété de Donald Trump.

L’excentrique propriétaire qui doit être présent sur ses terres dimanche lors de la finale a aussi attiré l’attention de tous par ses propos dans le cadre de sa campagne pour l’investiture du parti républicain en marge des élections présidentielles américaines le 8 novembre prochain. Plusieurs de ses déclarations ont suscité de vives réactions notamment en matière d’immigration. Nombreux ont été ceux qui ont dénoncé le caractère raciste de plusieurs de ses interventions.

Cela a obligé cinq des principaux organismes du golf à prendre position et à signifier qu’ils ne partageaient nullement les opinions émises par Trump. La PGA of America, le circuit PGA Tour, la LPGA, la United States Golf Association et le Royal and Ancient ont conjointement dénoncé la situation et ont tenté, autant que faire se peut, de se dissocier du milliardaire qui compte pas moins de 18 parcours de prestige sur la planète. On souligne dans les milieux bien informés que cela représente le quart de sa fortune.

Cela s’est cependant avéré plus difficile que prévu. On a retiré le tournoi Grand Chelem prévu sur son terrain de Los Angeles l’an passé pour lui  signifier qu’on n’appréciait pas ses commentaires. Petite tape sur les doigts.

Cette semaine le Championnat Cadillac est disputé sur les allées du « Monstre Bleu » propriété de Trump. Pourquoi ne pas déménager le tournoi sur un autre parcours? D’abord à cause d’une entente contractuelle qui lie le circuit PGA Tour et le complexe de Doral jusqu’en 2023. On pourrait retirer cette épine du pied de la façon suivante : c’est la fin de l’entente qui fait de Cadillac le commanditaire officiel de l’événement et les dirigeants de l’entreprise ont indiqué qu’ils ne renouvelleront pas le contrat. Une clause stipule qu’un nouveau partenaire pourrait décider de déménager le tournoi ailleurs. Mais il reste à trouver ce nouveau commanditaire qui pourrait tout aussi bien décider de demeurer au même endroit.

Trump est d’autre part associé à trois tournois majeurs en vue des prochaines saisons. On lui a accordé l’Omnium féminin des États-Unis en 2017 au parcours Trump National; son parcours de la Virginie doit accueillir le Championnat senior en 2017 et on a aussi prévu que ses installations du New Jersey seront le théâtre du Championnat de la PGA en 2022.

Outre Atlantique, les responsables de l’Omnium britannique ont insisté pour conserver le parcours de Turnberry, dont il est aussi propriétaire, dans la rotation des parcours utilisés pour l’« Open ». Aucun tournoi n’y est cependant prévu pour le moment.

Pas nécessaire de vous préciser que les golfeurs qui participent cette semaine au Championnat Cadillac ont été très prudents dans leurs commentaires lorsqu’interrogés sur la question. Il y a bien John Daly qui n’a pas manqué d’encourager son bon ami Donald. Quant aux autres, on a préféré éviter le sujet.

Tout cela survient alors que les circuits PGA Tour et LPGA ont annoncé qu’ils s’associeront prochainement pour présenter des tournois communs, une initiative qui imite ainsi le Circuit européen et le Ladies European Tour. Sans compter que le Royal and Ancient et la Ladies Golf Union ont indiqué tout récemment que l’on était à fusionner les deux organismes. Une telle décision était impensable il y a quelques mois à peine. Au moment où l’on tente par tous les moyens de démocratiser la pratique du golf, de lui enlever ce qualificatif de sport élitiste réservé à une classe favorisée, voilà que survient l‘« Affaire Trump ». C’est une patate chaude.

On est très nerveux du côté de Miami et pas seulement à cause des caucus et primaires du Parti républicain dans quelques États et un territoire au cours de la fin de semaine. On est nerveux parce qu’on cherche un commanditaire qui voudra dépenser des dizaines de millions sur plusieurs saisons pour financer un tournoi, on est nerveux parce qu’on ne sait trop si ce championnat va demeurer au Doral où le circuit PGA Tour est présent depuis 1962 et on est nerveux parce que tout indique que Trump lui-même est attendu sur son terrain dimanche en vue de la finale, avec ce que cela comporte comme répercussions dans la chasse à la candidature républicaine et la Maison-Blanche. On est nerveux parce que le scénario n’est pas du tout ce qu’on avait imaginé il y a quelques mois. Il faudra bien oser s’opposer à un candidat à la présidence, si jamais on se rend là.

Politique et sport font rarement bon ménage et la journée de dimanche ne risque pas d’améliorer les choses.