La nouvelle attraction du golf s'appelle Jordan Spieth : à 21 ans, après seulement trois saisons sur le circuit professionnel, il vient de remporter dimanche à l'Omnium britannique son deuxième titre du Grand Chelem de suite, après le Tournoi des Maîtres, et ne semble avoir aucune limite.

Il en faut du sang-froid et de la confiance en soi pour oublier un double boguey (+2) sur l'avant-dernier trou de la journée et réussir un oiselet sur le trou suivant, un des exploits les plus retentissants de l'histoire du golf.

Spieth, 5e au classement des golfeurs les plus riches de la planète, ne manque ni de l'un, ni de l'autre, mais le Texan n'a pas pour autant la grosse tête grâce, assure-t-il, à sa famille et en particulier à sa sœur cadette, Ellie.

Un garçon bien sous toutes les coutures

Spieth a grandi à Dallas dans un quartier résidentiel de la classe moyenne. Son père Shawn, longtemps cadre du groupe sidérurgique Alcoa, a créé son entreprise spécialisée dans les nouvelles technologies et sa mère Chris a travaillé dans l'informatique. L'un a joué au baseball à l'université, l'autre au basketball. Les Spieth ont deux autres enfants, Steven et Ellie, une adolescente autiste, très proche de son frère aîné.

« Ellie est certainement la meilleure chose qui soit arrivée à notre famille. Elle me permet de mettre les choses en perspective et de me rendre compte que j'ai de la chance d'être sur le circuit », expliquait Spieth après sa victoire au Masters 2015 en avril.

Après chacune de ses victoires, il n'oublie pas de remercier publiquement ses parents et sa famille, sa « source de motivation ».

L'autre femme de sa vie est Annie Verret, sa compagne qu'il fréquente depuis le lycée et qui s'occupe notamment de sa fondation.

ContentId(3.1137982):Spieth a dompté Chambers Bay
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Une ascension météorique

Spieth a commencé le golf à l'âge de huit ans au Brookhaven Country Club, un club sans esprit de compétition. À 12 ans, il boucle un parcours avec une carte de 62. L'année suivante, il a pour la première fois un entraîneur, l'Australien Cameron McCormick, qui remodèle complètement son élan.

Le prodige remporte deux titres de champion des États-Unis junior (2009 et 2011) et entre à l'Université du Texas où il ajoute un titre NCAA par équipes.

Il est déjà trop fort pour le circuit universitaire et passe professionnel en 2013. Ses quelques incursions précédentes sur le circuit PGA ont fait forte impression, comme sa 21e place, meilleur amateur, à l'Omnium des États-Unis en 2012 à 18 ans! Il remporte son premier titre PGA, le John Deer Classic, en juillet 2013 et décroche le trophée de recrue de l'année.

En 2014, il finit 2e du Tournoi des Maîtres et participe à la prestigieuse Coupe Ryder opposant tous les deux ans les États-Unis à l'Europe.

Depuis janvier, il a signé trois victoires, dont les deux premiers Grands Chelems de l'année, ce que seuls cinq joueurs avaient réussi avant lui.

Le nouveau Tiger Woods?

« C'est un vieux briscard dans un corps de jeune », commente Greg Norman. « Son jeu est complet et il a une maturité étonnante pour son âge, rien ne semble le déstabiliser », estime l'Australien, double vainqueur de l'Omnium britannique.

Spieth s'appuie beaucoup sur son cadet, un ancien instituteur qui n'a jamais évolué à ce niveau, mais qui sait le canaliser.

Il est encore trop tôt pour savoir s'il décrochera comme Tiger Woods 14 succès en Grand Chelem, mais Spieth marche déjà sur les traces de son prestigieux aîné en matière de contrats publicitaires.

Il a déjà amassé 20 millions de dollars en 2015, dont 11 proviennent de contrats de partenariat et de commandite. L'équipementier américain Under Armour a eu le nez fin en prolongeant son contrat de dix ans en janvier dernier, avant qu'il ne remporte le Tournoi des Maîtres.

Et ce n'est que le début selon les experts. « Il est jeune, il est athlétique, il présente bien et il gagne », salive un spécialiste du marketing sportif.