Personne ne s'attendait à ce que l'Irlandais du Nord Graeme McDowell remporte l'Omnium des États-Unis et encore moins à ce que le Français Grégory Havret termine à un seul coup du vainqueur. Les deux joueurs ont disputé de très bonnes rondes de golf et méritent pleinement le résultat obtenu.

Le spectacle, hélas, aurait dû être beaucoup plus relevé. Ernie Els, Phil Mickelson et Tiger Woods ont été au mieux moyens à leur sortie en finale hier à Pebble Beach. On conviendra que les verts n'étaient pas parmi les meilleurs utilisés à l'occasion d'un championnat majeur et que certaines positions de coupes étaient plus que douteuses, mais ces conditions ont été les mêmes pour tous les participants.

Ça ne peut pas notamment expliquer l'écart de neuf coups entre les rondes trois et quatre de Woods et l'écart de sept coups entre la deuxième ronde et les rondes finales de Mickelson.

À la limite, on peut comprendre un joueur comme Dustin Johnson d'être passablement plus nerveux que les grands joueurs vedettes. Johnson, pourtant un joueur aguerri, a connu une ronde finale misérable inscrivant un score de 82.

En analysant les résultats des joueurs favoris, on se rend compte que ce n'est pas nécessairement sur les verts qu'ils ont peiné, mais plutôt dans les autres aspects du jeu. La précision des coups de départ fut déficiente chez la plupart des joueurs concernés. Malgré les mises en garde, plusieurs se sont acharnés à utiliser les mauvais bâtons dans les mauvaises situations. On aura beau prétendre qu'ils n'avaient pas le choix, reste que de tenter de se sortir de l'herbe longue avec un outil taillé sur mesure pour le centre de l'allée ne fait pas beaucoup de sens.

Les joueurs vedettes ont joué sur le parcours de Pebble Beach comme ils auraient joué sur n'importe quel autre terrain pour un tournoi régulier du PGA Tour. Tout le monde savait que ce n'était pas le cas. Mc Dowell l'a compris. Havret l'a compris. La clé du succès pour gagner un tournoi majeur s'avère souvent la patience. Pas un des joueurs vedettes n'a compté sur cet élément dans son sac.

On est resté sur notre appétit. À croire que ceux qui ont établi le menu ont oublié le dessert.

Cela dit, ça n'excuse pas certaines positions de coupes lors des troisième et quatrième rondes. On savait que les surfaces de jeu étaient asséchées au maximum. Pourtant les responsables ont insisté pour conserver certaines positions de fanion déterminées à l'avance sans vraiment tenir compte des changements survenus sur le terrain.

La stratégie exigeait en plusieurs occasions d'attaquer le vert par la portion gauche de l'allée. Or, plusieurs positions de coupes rendaient les coups d'approche impossibles à réaliser. Il faut être conséquent et ce ne fut pas le cas en quelques occasions. Pas de façon exagérée, mais ce fut suffisant pour nourrir les critiques des meilleurs golfeurs de la planète. Vrai toutefois que les verts de Pebble Beach ne se prêtaient pas à une multitude d'emplacements des coupes, mais on connaissait le problème avant de choisir le parcours.

Par contre, il faut convenir que le fait de déplacer les allées et de les rapprocher du bord des falaises a donné lieu à des coups spectaculaires. Très bonne note à ce chapitre.

Ce qui m'attriste dans le spectacle présenté lors des derniers jours à Pebble Beach c'est de ne pas avoir vu les joueurs s'amurer. Bien sûr, Phil Mickelson et Tiger Woods avaient des raisons de sourire après avoir obtenu des scores de 66, mais les moments de réjouissance ont été très rares.

Lors de ce tournoi, on entretient la peur de mal jouer plutôt que d'encourager le plaisir de bien jouer. Je vous laisse le soin de choisir s'il vaut mieux regarder des joueurs s'amuser pendant 72 trous ou craindre chaque coup pendant 284 coups.