Il est très rare de voir l’ensemble des joueurs participant à un championnat adopter le mode « découverte » à quelques jours du tournoi. C’est pourtant le cas cette semaine dans le cadre de l’Omnium des États-Unis qui sera disputé sur le parcours de Chambers Bay sur la côte nord-ouest américaine.

Le terrain a été aménagé sur le site d’une ancienne carrière et il a fallu transporter un peu plus d’un million de mètres cubes de sable, de terre et de pierres pour littéralement sculpter ces 18 trous qui donneront l’impression aux joueurs et spectateurs de se retrouver sur un parcours de type links des îles britanniques.

La sélection de la USGA pour la tenue de l’Omnium a été surprenante. Un terrain inauguré en 2007 peut-il se révéler l’endroit idéal pour disputer le meilleur test de golf de la saison?

En 2010, Chambers Bay a été le théâtre du Championnat amateur américain. Ce fut brutal pour la plupart des joueurs. Les conditions étaient extrêmement difficiles. On a depuis modifié certains éléments du parcours afin de le rendre plus « jouable ».

Ceux qui y ont disputé des rondes d’entraînement ont offert des commentaires très différents. Certains ont bien apprécié. D’autres ont carrément détesté.

Ce que l’on peut tenir pour acquis pour le moment, c’est que les longs cogneurs seront favorisés. Ils le seront plus qu’à l’habitude puisque les nombreuses dénivellations vont accroître l’écart entre les meilleurs et le reste des poursuivants au chapitre de la puissance. Des joueurs comme Dustin Johnson ou Bubba Watson, s’ils devancent généralement leurs partenaires de jeu de 20 ou 30 verges, pourraient cette semaine avoir une soixantaine de verges de plus, à la condition bien entendu de trouver les allées, ce qui n’est pas une mince tâche.

Les joueurs qui excellent avec leurs fers et qui sont en mesure de produire des effets de gauche à droite et de droite à gauche seront à surveiller. Généralement, quiconque possède cet avantage a aussi dans son jeu un élément clé pour obtenir du succès à Chambers Bay : l’imagination et l’anticipation.

Là où l’on craint que la situation devienne complexe, c’est sur les verts. Il faut savoir que le type de gazon utilisé sur ce parcours est très différent de ce à quoi les joueurs sont habitués sur les terrains utilisés sur le circuit PGA Tour. Cela ne se retrouve nulle part ailleurs sur les parcours américains.

Résistant davantage aux conditions de sécheresse, le gazon de type fétuque majoritairement utilisé à Chambers Bay (90 % sinon un peu plus) présente des fibres plus minces et est de couleur presque caramel. Il pousse dans un endroit généralement sec et sablonneux. Deux autres types de gazon de type Poa et Bermuda s’ajoutent aux surfaces de jeu qui seront plus imprévisibles selon les experts. Cela risque d’avoir des conséquences sur les roulés surtout au fur et à mesure que progressera la journée.

La différence est telle, paraît-il, que même le roulement des balles dans l’allée pourrait en être affecté.

Un autre aspect à considérer : les dénivellations importantes. Cela ajoutera à l’indécision des joueurs quant à l’utilisation de la stratégie à utiliser. Le coup d’œil est saisissant et les points de référence quasi inexistants. Il n’y a qu’un seul arbre sur tout le parcours. C’est sans compter les fosses de sable qui parsèment l’ensemble du terrain.

Puis il y a bien sûr les conditions météorologiques dont on devra tenir compte. Cela pourrait s’avérer déterminant quant au choix des distances sur chaque trou et surtout sur l’emplacement des coupes sur les immenses verts de ce terrain.

On joue gros du côté de la United States Golf Association. Comme si on avait l’impression qu’on veut à cette occasion montrer aux Britanniques qu’on est aussi capable de présenter un tournoi qui donne l’impression d’être disputé sur une autre planète.

On a déjà bien hâte d’entendre les commentaires au terme de la première journée, pour le meilleur et pour le pire.