Pourquoi tout transformer?
Omnium des États-Unis samedi, 15 juin 2013. 13:05 vendredi, 13 déc. 2024. 22:38Chaque fois c’est la même chose. Est-ce qu’on a exagéré? Est-ce que les conditions n’étaient pas ridicules? Est-ce que c’était effectivement le meilleur défi de golf de l’année?
C’est à se demander si on ne changera pas l’appellation du tournoi pour éventuellement en arriver à la présentation du « Championnat de Golf Extrême ».
À tous les automnes dans la plupart des clubs de golf en Amérique du Nord, la tradition veut qu’on présente le championnat du club, une compétition visant à couronner le meilleur joueur tant chez les hommes que chez les femmes et dans diverses catégories. Tous les automnes, j’entends le même refrain : pourquoi disputer un championnat dans des conditions qui sont totalement différentes de celles qui ont cours pendant toute la saison?
Si les membres d’un club de golf évoluent pendant des mois sur un parcours de près 6 800 verges avec des allées larges bordées d’herbe longue de deux pouces et des verts à une vitesse de 9 sur le stimpmeter, pourquoi rallonger le parcours de quelques centaines de verges, laisser pousser l’herbe longue et réduire la largeur des allées et présenter des verts extrêmement rapides à l’occasion du championnat annuel ?
Généralement, les tournois de championnat prennent beaucoup plus de temps à jouer parce que les golfeurs ne sont pas habitués à de telles conditions et qu’ils sont obligés de respecter toutes les règles.
De telles conditions ne reflètent en rien l’identité du parcours, ni pourquoi les membres y sont abonnés. Et pourquoi devrait-on appliquer deux types de règles de jeu à un club, celles du jeu de tous les jours et celles des tournois?
C’est la même chose pour les pros. Et ça devrait l’être pour tous les sports.
Est-ce qu’on change la configuration du Fenway Park lors des séries de championnat ou pour la Série mondiale? Est-ce qu’on rallonge la patinoire du United Center pour la présentation des séries de la Coupe Stanley? Est-ce qu’on diminue la zone de service pour les finales de Wimbledon? Est-ce qu’on installe des obstacles sur le terrain qui sert à la présentation du Super Bowl?
Il n’y a que très peu de championnats où l’on peut modifier des tracés. En ski alpin et en ski de fond, en cyclisme, lors de triathlons. Je sais que vous pourrez augmenter la liste sans trop d’efforts, mais il reste que l’essentiel de l’exercice n’est pas de rendre la pratique à peu près impossible ou dangereuse.
Alors pourquoi est-ce qu’on s’entête lors des tournois d’importance au golf à transformer les parcours pour les rendre plus difficiles ou quasi impraticables selon la pratique habituelle des tournois professionnels? Qu’on choisisse les terrains et qu’on permette aux joueurs d’y jouer en affichant tout leur talent.
Le parcours du Merion Golf Club utilisé cette année pour l’Omnium des États-Unis est un parcours classique selon les standards nord-américains. Et il ne dépasse pas les 7 000 verges. On l’a choisi ainsi, eh bien, qu’on le joue ainsi. Pourquoi réduire la largeur des allées et augmenter la vitesse des verts? Est-ce que cela reflète la réalité de ce parcours et celle des joueurs du circuit PGA Tour? Certainement pas.
Dans quelques semaines, l’Omnium britannique se déroulera à Muirfield, un des parcours classiques des îles britanniques. On a certes rallongé le vieux parcours afin de résister aux assauts des joueurs munis de bâtons et de balles qui permettent dorénavant d’obtenir de plus longs coups. Mais, on n’a pas modifié et transformé l’image de Muirfield au point de ne pas reconnaître le parcours. On parle plutôt de raffinements.
L’Omnium américain sera présenté au Club de Golf Erin Hills dans le Wisconsin en 2017. Actuellement, c’est un brutal test de golf qui s’étire sur 7 823 verges et qui compte notamment quatre normales 5 de plus de 600 verges. À l’image des links des îles britanniques, le parcours présente d’importantes dénivellations alors que marécages, fétuque et herbe longue sont partie intégrante du décor. On peut y jouer 18 trous pour 200 $, mais attention, pas de voiturettes à main ou de voiturettes électriques. Sac à épaule seulement. Pas le genre de parcours pour un petit samedi tranquille.
J’ai bien hâte de voir quelles seront les transformations apportées à ce terrain en vue de l’Omnium. J’ose espérer qu’on sera un peu plus tolérant que cette semaine au Merion.
Le Merion est un prestigieux club de golf, riche en traditions de toute sorte. Le Merion est un magnifique terrain de golf. Son design est classique, ses allées sont étroites, son architecture agréable et ses verts complexes. Ses membres y ont du plaisir à chaque partie tout au long des courtes saisons de golf dans le nord-est des États-Unis, comme au Québec. Dommage que la plupart d’entre nous s’en souviendront comme d’un terrain où seules quelques rares personnes y ont trouvé le sourire pendant quatre jours.