Le monde du sport a perdu celui que plusieurs considèrent comme le premier athlète professionnel moderne. Le personnage d’Arnold Palmer a très largement dépassé les frontières du golf professionnel. Certes, ses exploits sportifs lui ont attiré les louanges tant des amateurs que des connaisseurs. Mais au-delà des victoires et des statistiques, il s’est imposé comme un rassembleur et un innovateur.

Les fans, galvanisés par ses victoires, ont littéralement formé une véritable armée. « Arnie’s Army » comme on disait à l’époque. Partout où il allait, on retrouvait  des milliers de spectateurs prêts à défendre leur héros contre qui que ce soit. Il avait ce don qu’ont les athlètes plus grands que nature, de faire sentir grands les plus petits. Il avait ces petites attentions envers les spectateurs qui transformaient une simple rencontre en un événement dont on pouvait certes se rappeler longtemps, très longtemps.

Dès que Palmer entrait en scène, peu importe dans quelle circonstance, on sentait immédiatement sa présence. Non pas qu’il ait été hautin, bien au contraire. S’appliquait à sourire et tout à chacun, à toujours trouver les bons mots et à scruter sa formidable mémoire à la recherche d’un nom et d’un moment particulier pour mettre à l’aise ses interlocuteurs.  C’est lui qui brisait le silence qu’imposait soudainement sa présence.  Et il le faisait simplement et gentiment.

Ses succès lui ont valu  de devenir le premier athlète à véritablement commercialiser sa réputation et de franchir les frontières sportives. En compagnie de Mack McCormack fondateur de la firme IMG, Arnold Palmer a transformé tout le paysage sportif, donnant une toute nouvelle dimension aux  sportifs professionnels. Ils sont, grâce à lui, devenus de véritables entreprises.

Son allure, son charme et sa passion ont fait de lui l’image par excellence d’une télévision sportive en plein essor. C’est à cause de lui si encore aujourd’hui, le golf tient une place de choix à la télé. C’est lui qui a dépoussiéré l’Omnium britannique en y participant et en y invitant les autres vedettes américaines permettant au fameux « Open » d’avoir la réputation qu’on lui connait de nos jours.

On le sentait fragile lors de ses dernières sorties. Encadré par d’autres joueurs légendaires comme Jack Nicklaus et Gary Player, il savourait encore pleinement chaque moment passé auprès des amateurs et de ses anciens rivaux depuis longtemps devenus de grands amis.

Top-5: Arnold Palmer

Les témoignages ont été nombreux depuis l’annonce de son décès. Depuis le Président américain Obama qui a vanté sa générosité; en passant par les dirigeants des circuits de sports professionnels qui ont louangé sa force de caractère. Des milliers d’amateurs ont scruté leur mémoire pour mettre à jour LEUR histoire avec Arnold Palmer. Car il prenait aussi le temps et le plaisir de répondre à toutes les demandes qui lui étaient adressées en prenant un soin jaloux d’apporter une touche spéciale à chaque envoi comme le faisait si bien chez nous le grand Jean Béliveau. Deux géants d’une même époque et façonnés dans le même moule.

De tous ces témoignages celui qui m’a illustré le mieux la grandeur de l’homme est celui que Rocco Mediate a bien voulu partager avec nous. Il s’agit d’un conseil que lui a prodigué le vénérable et qui va comme suit : « Rocco, il est facile de sourire aux gens après avoir ramené une carte de 65… Le véritable test est de pouvoir faire la même chose après avoir joué 75… »

S’oublier à la faveur des autres sans pour autant plier l’échine devant les profiteurs. Être juste, honnête et généreux et ne jamais renier ses racines à la faveur de gains faciles ou de tromperies. Les leçons que l’on peut tirer de cette remarquable vie si bien remplie sont considérables. Elles sont cependant simples, comme le grand homme qui nous manquera certes et qui nous a légué un si riche héritage.

Le golf a perdu son roi