Tiger Woods est en train de devenir lentement mais sûrement le meilleur golfeur de tous les temps. Depuis le début de sa carrière, il a transporté la PGA sur ses épaules, les cotes d'écoute ont plus que doublé et il est devenu l'athlète le plus populaire de la planète.

Depuis qu'il a fait ses débuts, il a fait oublier à plusieurs ce qui était alors ordinaire.

Ce n'est certainement pas normal de remporter quatre tournois lors de cinq années consécutives... tout comme il n'est pas normal de compter plus de victoires sur le circuit de la PGA (38) que de chandelles sur son gâteau de fête (27). Et, naturellement, à quel point est-ce normal d'avoir remporté huit tournois majeurs, quand un ou deux sont suffisants pour se hisser dans l'élite mondiale?

Mais Tiger Woods n'a pas le droit de ne pas être remarquable.

Il est victime de sa propre gloire, assailli quand il ne peut répéter ses exploits les plus prodigieux.

Woods a dissipé les «doutes» quand il a remporté le Western Open le 6 juillet, sa quatrième victoire de la saison.

Mais certains sont alarmés par le fait que Woods n'a pas été un candidat à la victoire le dimanche lors de trois des quatre derniers tournois du Grand Chelem. Pire, il se présentera cette semaine au British Open au Royal St. George's sans un triomphe lors des deux premiers tournois majeurs de la saison pour la première fois depuis 1999.

Il doit certainement y avoir quelque chose qui cloche...

Quand Woods gagne toujours, on entend et lit partout qu'il n'a pas de compétition. Quand il dispute quatre tournois majeurs sans en remporter un -- et ce, même s'il a remporté six des 13 derniers -- on spécule de toutes parts en se disant qu'il y a quelque chose qui cloche dans son cas.

Il n'y a pas de doute, Woods a gâté les amateurs de golf. Huit victoires lors des tournois majeurs en moins de sept ans, ça semble même devenu presque facile. Naturellement, ce ne l'est pas. Bon nombre de grands joueurs sont toujours à la recherche de leur toute première victoire lors d'un Grand Chelem. Certains devront se contenter de un ou de deux. Pensez à Greg Norman, qui revendique deux titres du British Open. Et que dire de Phil Mickelson, toujours à la recherche de sa première victoire en 40 tentatives.

Mais avant sa victoire au Western, Woods avait terminé à au moins neuf coups du vainqueur quatre fois lors des cinq tournois précédents. Tout juste avant cette «léthargie», il avait signé sa troisième victoire de la saison en mars au Bay Hill Invitational. C'est donc dire que Woods a remporté quatre victoires en dix tournois depuis le début de l'année. Gageons qu'il y a certainement plusieurs joueurs qui aimeraient jouer aussi mal que Woods...

Sa pire séquence lors du Grand Chelem : dix tournois consécutifs sans victoire... entre le Masters de 1997 et le Championnat de la PGA en 1999. Question de perspective, Jack Nicklaus a traversé le désert pendant 12 tournois majeurs... du US Open de 1967 au British Open de 1970. Mais Nicklaus ne s'en est pas mal trop tiré avec 18 victoires lors du Grand Chelem. En fait, Nicklaus n'a jamais remporté plus que deux majeurs lors de la même saison et n'a jamais remporté trois majeurs en ligne. De 1962 à 1980, Nicklaus a connu sept saisons (1965, '68, '69, '74, '76, '77, '79) sans une seule victoire lors d'un Grand Chelem. Il a également connu des séquences de dix, six, cinq, et quatre tournois sans victoire.

Idem pour un autre grand, Arnold Palmer, qui a, en tout et pour tout, remporté un tournoi du Grand Chelem de moins que Woods. En 1962, Palmer a remporté huit tournois, dont le Masters, le British Open et le Colonial. Il a également pris le deuxième rang derrière Nicklaus lors du US Open. La saison suivante, Palmer a connu une baisse de régime, et ce, même s'il a remporté six tournois. Baisse de régime, car il n'a pas remporté un tournoi majeur.

Quand Palmer a amorcé la saison 1964 avec une victoire au Masters, les doutes se sont miraculeusement dissipés.

Les problèmes de Tiger, si on qualifier cette séquence de problématique, a commencé il y a un an à Muirfield, en Écosse, quand il s'est réveillé le samedi en tirant de l'arrière par deux coups. Une journée venteuse plus tard, Woods ramenait une carte de 81 et s'était sorti de la course. Est-ce que cette journée a eu un effet dévastateur sur Woods?

«J'ai ramené une carte de 65 le lendemain», a rappelé un Woods souriant mardi. «Ce fut une journée difficile et je n'ai pas été le seul à connaître des ratés. Comme je l'ai dit à l'époque, j'ai mal frappé la balle et la température a accentué le problème. Je n'ai jamais pu trouver le momentum».

Un mois plus tard, Woods a terminé un coup derrière Rich Beem au Championnat de la PGA -- sa seule deuxième position en carrière lors d'un Grand Chelem. C'était avant ses décevantes prestations au Masters (15e) et au US Open (20e).

Mais il ne faudrait pas oublier que Woods a raté une partie de la saison en raison d'une blessure au genou, et les médecins lui ont suggéré de mettre la pédale douce. Il admet ne pas pratiquer aussi fréquemment et assidûment que dans le passé. Malgré tout, Woods spécifie qu'il n'a pas de problème de santé.

Et s'il y a un problème, ce sont les verts. Woods a excellé sur les verts lors du Western, mais n'a pas démontré le même aplomb lors du Masters et du US Open. Mais pourtant, n'est-ce pas ça le golf? Impeccable un jour, frustré le lendemain. Ça peut arriver à tout le monde, même au Tigre.

Il reste encore deux tournois du Grand Chelem. Donc, Tiger a amplement le temps de se reprendre. «Si vous gagnez un tournoi majeur, vous venez de connaître une grande saison. Ça a toujours été mon objectif», a indiqué Woods.

Quelqu'un sera-t-il vraiment surpris si ça arrive?