Une autre odeur de scandale flotte cette semaine au-dessus des têtes de joueurs du PGA Tour. Cette fois, c'est l'utilisation par Phil Mickelson d'un bâton qui frôle l'illégalité qui a provoqué des remous lors du tournoi qui se déroule à San Diego.

Mickelson, comme sept autres joueurs impliqués dans la compétition, a joué avec un cocheur Ping Eye 2 manufacturé entre 1984 et 1990. Bien que les rainures soient de forme carrée, la United States Golf Association permet l'utilisation de ces bâtons au moment même où les dirigeants de l'organisme appliquent la nouvelle réglementation concernant les rainures sur les fers qui doivent être moins prononcées.

Deux poids, deux mesures. Scott McCarron, membre du Comité d'éthique sur le circuit PGA Tour, ne s'est pas gêné pour sévèrement critiquer Mickelson, soulignant que l'utilisation d'un tel bâton frôlait la tricherie. McCarron estime que le statut de vedette du gaucher devrait l'obliger à montrer l'exemple. Mickelson, pour sa part, a souligné qu'il peut utiliser le bâton Ping puisque cela est permis par la USGA.

Ce qui est clair, c'est que les joueurs sont loin d'être contents d'avoir à utiliser des fers avec des rainures moins prononcées. Cela a nettement diminué l'effet qu'ils peuvent produire sur la balle, surtout depuis l'herbe longue. Mickelson, le premier, souligne que le nouveau règlement punit les joueurs et que cela a pour effet notamment de diminuer la qualité du spectacle.

Ce n'est pas la première fois que les dirigeants de la USGA et de la R & A unissent leurs efforts pour freiner l'utilisation de bâtons dotés de nouvelles technologies. Plusieurs prétendent que l'on veut ainsi protéger l'intégrité du sport… Je doute que ce soit la seule motivation en cause.

Si on veut vraiment que les meilleurs golfeurs soient confrontés aux meilleures conditions, aménageons alors les parcours en conséquence. Les conditions de jeu ont été difficiles et honnêtes au cours des deux derniers Omniums des États-Unis. Il faudrait donc jouer sur des terrains présentant des degrés de difficulté similaires.

Mais il y a un problème. C'est que les joueurs ne sont pas du tout d'accord pour se retrouver à chaque semaine sur des parcours où ils vont évoluer dans des conditions maximales. Il y a quelques saisons, Jack Nicklaus avait modifié les râteaux utilisés pour niveler les fosses de sable. Les joueurs avaient vivement protesté. Pourtant, Nicklaus avait indiqué qu'il voulait tout simplement revenir à la base même du jeu à savoir : si vous êtes dans le sable, cela devrait constituer un obstacle supplémentaire parce que vous avez raté le coup précédent. Finalement, ce sont les joueurs qui ont gagné et Nicklaus n'a pas eu gain de cause, même sur son propre terrain.

Cette fois, la situation est différente. On retire aux joueurs un outil avec lequel ils ont déjà travaillé. Plutôt que de changer les rainures, pourquoi ne pas augmenter la hauteur de l'herbe longue ou diminuer la largeur des allées? Les joueurs qui commettront la faute de se retrouver hors de l'allée seront pénalisés, tout simplement, comme cela devrait se produire… selon les bonnes vieilles règles du jeu.

Jusqu'à l'an passé, presque tous les joueurs ne tenaient à peu près pas compte d'un coup de départ à l'extérieur de l'allée et dans l'herbe longue. Pour la plupart, ils n'avaient qu'un petit fer en main sur une distance d'environ 100 verges. C'est cet aspect du jeu qu'ils veulent défendre : les amateurs veulent nous voir cogner des balles à des distances phénoménales et nous voir inscrire des oiselets et des aigles disent les joueurs du PGA Tour. Cela est vrai dans une certaine mesure.

Mais la leçon servie par Tom Watson l'an passé lors de l'Omnium Britannique a peut-être changé le portrait. Va pour la puissance, mais le golf est aussi un jeu de finesse et de stratégie. Lutter contre le terrain, contre les conditions de jeu et les autres joueurs. Je pense que le style de jeu de Watson sur 18 trous pendant quatre rondes vaut pas mal plus que deux bombes de 380 verges cognées par des joueurs qui vont, malgré tout, inscrire un oiselet même s'ils étaient à 60 verges à l'extérieur de l'allée parce que les rainures de leur cocheur leur ont permis d'atteindre le vert en survolant deux tentes corporatives et une estrade bondée de spectateurs.

Le golf a toujours prétendu être un sport de gentilhomme. Les derniers mois et la dernière semaine commencent à peser lourd dans la catégorie du respect des règles.

Un mot en terminant sur les remarques de Tom Watson à l'endroit de Tiger Woods. Le vétéran, qui a remporté un autre tournoi sur le Circuit des Champions en début de saison, a lancé un message au numéro un mondial : il serait temps qu'il change d'attitude. En faisant référence à ses problèmes personnels, Watson a souligné qu'une telle situation était néfaste pour le golf professionnel. De plus, il devrait cesser immédiatement de lancer des bâtons et faire attention au langage qu'il utilise. Ce ne sont pas des exemples que nous devrions véhiculer de dire Watson.

Ce n'est pas la première fois que des joueurs se plaignent de la sorte des agissements de Tiger sur le terrain. Watson avait même rencontré Woods alors qu'il en était à ses premiers pas sur le circuit pour lui faire part de certaines règles à suivre. Il faut croire que la leçon n'a pas tout à fait été apprise la première fois. J'ai cependant l'impression que ça va changer très bientôt.