Un profond malaise au golf professionnel
Golf dimanche, 28 déc. 2008. 11:32 mercredi, 11 déc. 2024. 22:46
Le golf professionnel n'échappe pas à la crise qui affecte le sport professionnel dans son ensemble. Il est évident que la situation économique aura des répercussions directes sur la présentation des tournois. Mais ce ne sont pas nécessairement les problèmes financiers qui retiennent l'attention en cette fin d'année. Le malaise est plus profond qu'il n'y paraît.
D'abord comment se satisfaire d'une saison dont le fait marquant fut l'absence du meilleur joueur mondial. Blessé, Tiger Woods n'a participé qu'à six tournois. Cela a eu des effets catastrophiques sur l'intérêt des fans. Les cotes d'écoute ont plongé vers des records peu enviables. Même le nationalisme américain lors de la Coupe Ryder n'a pas réussi à faire remonter la ferveur et l'enthousiasme des amateurs de golf à l'endroit de l'une des plus prestigieuses compétitions sportives.
Certes, on a noté l'éveil des jeunes joueurs dont Anthony Kim et Camilo Villegas qui ont provisoirement pris la relève. Les étincelles n'ont pas été suffisantes pour raviver la fièvre que l'on a connu depuis l'entrée en scène de Tiger Woods.
On a récemment fait état des remarques de Jack Nicklaus qui soulignait que les golfeurs de la nouvelle génération ont un comportement fort différent comparativement à celui des joueurs qui évoluaient dans les années 1970 à 1990. « Ça ne pourra plus être comme à cette époque. La communication est différente » a-t-il ajouté.
Les différences sont effectivement nombreuses. Et inévitablement la différence majeure se situe au niveau des revenus des joueurs. 104 joueurs ont touché plus d'un million de dollars en gains en 2008. Martin Laird (je vous défie de me dire que vous avez suivi sa carrière au cours des dernières années) a terminé 125e chez les boursiers, à la limite de conserver son droit de jeu sur le circuit PGA Tour. Il a touché 852 752 $ en bourses. En plus, je n'aborde pas le délicat sujet des commandites qui feraient aisément passer son maigre salaire annuel dans les sept chiffres. Les golfeurs professionnels sont privilégiés, ils devraient réagir en conséquence. Ce n'est pas le cas hélas.
Nicklaus soulignait avec amertume que les joueurs dorénavant se désistaient de l'un ou l'autre des tournois auxquels ils étaient inscrits sans fournir de véritables excuses. Tout passe par les agents. Fini le contact direct. Fini le respect envers ceux qui vous permettent de gagner vos gros sous.
Lors d'une de nos rencontres, je me souviens qu'il avait indiqué à quel point les deux générations étaient différentes. Nous avions du plaisir à gagner notre vie en jouant au golf m'avait-il mentionné. Les nouveaux venus n'ont plus de plaisir. Ils ont peur de ne pas gagner leur vie en jouant au golf. C'est une énorme différence.
Cela dit, ça ne signifie pas que le seul problème du golf professionnel soit le laborieux passage d'une génération à une autre. Les golfeurs professionnels de la nouvelle génération prennent pour acquis que tout leur revient sans effort. Voilà qu'au terme de la saison 2008, ils ont indiqué être inquiets des conditions de jeu qu'on leur a imposées cette année. Les terrains deviennent trop difficiles et ils se plaignent de ne pas être en mesure de pleinement exploiter leur talent Avons-nous bien saisi le message ?
Là où armés de bâtons avec des têtes de bois et des balles de qualité douteuse sur des terrains aménagés au début du XXe siècle les professionnels d'antan ont établi des records formidables, vous voudriez que les golfeurs modernes équipés de bâtons de tungstène et de tiges de graphite avec des balles dessinées par des spécialistes en aéronautique obtiennent des conditions de jeu plus faciles ? Est-ce bien le sens de votre message ?
On prétend qu'il y a moins, beaucoup moins d'oiselets inscrits et que les pointages sont à la hausse à cause des conditions de jeu plus difficiles imposées aux joueurs. Cela enlève au spectacle.
Mais en fait qu'est ce qui constitue le spectacle au golf ? Un joueur qui se cache derrière ses lunettes de soleil et qui salue timidement les spectateurs à quelques occasions pendant 18 trous alors qu'il inscrit un score de 62 ou bien celui qui a utilisé tout un éventail de coups, qui a partagé ses joies et ses frustrations avec la foule et qui lève tout sourire un trophée au bout de ses bras avec un pointage de 70 ?
C'est comme si un alpiniste élite décidait de ne pas vouloir grimper l'Everest parce que l'ascension s'avérera trop difficile. Est-ce qu'il va se satisfaire d'une marche de santé sur le Mont-Royal et prétendre que c'est la plus haute montagne du monde ? Les grands athlètes ont besoin de relever des défis de taille. La facilité est une notion inconnue chez les champions.
Vivement que Tiger revienne pour remettre un peu d'ordre dans la baraque. Maintenir et améliorer un niveau d'excellence. Voilà le but de Woods à chacune de ses sorties. Au lieu de tout simplement bourrer leurs poches avec l'argent qu'il leur a permis d'amasser, les autres joueurs du PGA Tour devraient l'imiter et améliorer leur jeu. Rendre les conditions de jeu plus faciles au golf, ce serait éliminer l'essence même de sa pratique.
D'abord comment se satisfaire d'une saison dont le fait marquant fut l'absence du meilleur joueur mondial. Blessé, Tiger Woods n'a participé qu'à six tournois. Cela a eu des effets catastrophiques sur l'intérêt des fans. Les cotes d'écoute ont plongé vers des records peu enviables. Même le nationalisme américain lors de la Coupe Ryder n'a pas réussi à faire remonter la ferveur et l'enthousiasme des amateurs de golf à l'endroit de l'une des plus prestigieuses compétitions sportives.
Certes, on a noté l'éveil des jeunes joueurs dont Anthony Kim et Camilo Villegas qui ont provisoirement pris la relève. Les étincelles n'ont pas été suffisantes pour raviver la fièvre que l'on a connu depuis l'entrée en scène de Tiger Woods.
On a récemment fait état des remarques de Jack Nicklaus qui soulignait que les golfeurs de la nouvelle génération ont un comportement fort différent comparativement à celui des joueurs qui évoluaient dans les années 1970 à 1990. « Ça ne pourra plus être comme à cette époque. La communication est différente » a-t-il ajouté.
Les différences sont effectivement nombreuses. Et inévitablement la différence majeure se situe au niveau des revenus des joueurs. 104 joueurs ont touché plus d'un million de dollars en gains en 2008. Martin Laird (je vous défie de me dire que vous avez suivi sa carrière au cours des dernières années) a terminé 125e chez les boursiers, à la limite de conserver son droit de jeu sur le circuit PGA Tour. Il a touché 852 752 $ en bourses. En plus, je n'aborde pas le délicat sujet des commandites qui feraient aisément passer son maigre salaire annuel dans les sept chiffres. Les golfeurs professionnels sont privilégiés, ils devraient réagir en conséquence. Ce n'est pas le cas hélas.
Nicklaus soulignait avec amertume que les joueurs dorénavant se désistaient de l'un ou l'autre des tournois auxquels ils étaient inscrits sans fournir de véritables excuses. Tout passe par les agents. Fini le contact direct. Fini le respect envers ceux qui vous permettent de gagner vos gros sous.
Lors d'une de nos rencontres, je me souviens qu'il avait indiqué à quel point les deux générations étaient différentes. Nous avions du plaisir à gagner notre vie en jouant au golf m'avait-il mentionné. Les nouveaux venus n'ont plus de plaisir. Ils ont peur de ne pas gagner leur vie en jouant au golf. C'est une énorme différence.
Cela dit, ça ne signifie pas que le seul problème du golf professionnel soit le laborieux passage d'une génération à une autre. Les golfeurs professionnels de la nouvelle génération prennent pour acquis que tout leur revient sans effort. Voilà qu'au terme de la saison 2008, ils ont indiqué être inquiets des conditions de jeu qu'on leur a imposées cette année. Les terrains deviennent trop difficiles et ils se plaignent de ne pas être en mesure de pleinement exploiter leur talent Avons-nous bien saisi le message ?
Là où armés de bâtons avec des têtes de bois et des balles de qualité douteuse sur des terrains aménagés au début du XXe siècle les professionnels d'antan ont établi des records formidables, vous voudriez que les golfeurs modernes équipés de bâtons de tungstène et de tiges de graphite avec des balles dessinées par des spécialistes en aéronautique obtiennent des conditions de jeu plus faciles ? Est-ce bien le sens de votre message ?
On prétend qu'il y a moins, beaucoup moins d'oiselets inscrits et que les pointages sont à la hausse à cause des conditions de jeu plus difficiles imposées aux joueurs. Cela enlève au spectacle.
Mais en fait qu'est ce qui constitue le spectacle au golf ? Un joueur qui se cache derrière ses lunettes de soleil et qui salue timidement les spectateurs à quelques occasions pendant 18 trous alors qu'il inscrit un score de 62 ou bien celui qui a utilisé tout un éventail de coups, qui a partagé ses joies et ses frustrations avec la foule et qui lève tout sourire un trophée au bout de ses bras avec un pointage de 70 ?
C'est comme si un alpiniste élite décidait de ne pas vouloir grimper l'Everest parce que l'ascension s'avérera trop difficile. Est-ce qu'il va se satisfaire d'une marche de santé sur le Mont-Royal et prétendre que c'est la plus haute montagne du monde ? Les grands athlètes ont besoin de relever des défis de taille. La facilité est une notion inconnue chez les champions.
Vivement que Tiger revienne pour remettre un peu d'ordre dans la baraque. Maintenir et améliorer un niveau d'excellence. Voilà le but de Woods à chacune de ses sorties. Au lieu de tout simplement bourrer leurs poches avec l'argent qu'il leur a permis d'amasser, les autres joueurs du PGA Tour devraient l'imiter et améliorer leur jeu. Rendre les conditions de jeu plus faciles au golf, ce serait éliminer l'essence même de sa pratique.