Une nouvelle dimension pour Mickelson
Omnium britannique lundi, 22 juil. 2013. 19:32 jeudi, 12 déc. 2024. 14:40On a toujours été très sévère avec les champions sportifs. Leur statut leur permet d’occuper une place de choix dans nos sociétés. Par contre, ils doivent être continuellement à la hauteur des attentes des fans et le moindre faux pas se traduit automatiquement par une pluie d’insultes. Il n’est pas rare qu’ils soient aussi détestés que vénérés. Il se développe une relation d’amour-haine tout à fait spéciale pour les champions sportifs. On aime bien les détester.
Tiger Woods est un bel exemple. Rien ne semblait vouloir ternir une carrière exceptionnelle. Jusqu’à cet accident…de voiture. On connaît le reste de l’histoire.
Dans le cas de Phil Mickelson, la situation est fort différente. Entré sur la scène du golf professionnel quatre ans avant Woods, il a lentement fait son apprentissage. Au moment où Woods effectuait son entrée en scène en 1996, le gaucher avait connu une saison exceptionnelle, terminant au deuxième rang des boursiers. On imaginait que le duel entre les deux joueurs tiendrait les amateurs de golf et les sportifs en haleine comme ce fut le cas pour Jack Nicklaus et Arnold Palmer.
Il faut cependant reconnaître que Woods a pris de la place. Beaucoup de place. Mickelson a poursuivi sa carrière sans véritablement changer de rythme. Quelques coups d’éclat à l’occasion, mais rien pour devenir le principal pôle d’attraction.
On lui a d’ailleurs reproché de ne pas occuper cette place de choix lorsque Woods s’est éclipsé bien involontairement. Mickelson ne s’est pas avancé et n’a pas occupé toute l’avant-scène comme Woods. Ce n’était pas ni dans son tempérament ni dans sa manière de faire.
On ne doute pas un seul instant qu’il n’aurait pas aimé occuper le premier rang au classement mondial s’il avait obtenu les résultats espérés au bon moment. On ne doute pas un instant qu’il ne travaillait pas suffisamment pour obtenir de meilleurs résultats. Dans l’univers ingrat où il se trouve, il semble bien qu’il n’y avait qu’une seule place réservée au premier de classe et elle appartenait déjà à un autre golfeur.
Ses victoires majeures lors du Tournoi des Maîtres ont commencé à transformer cette image. Enfin, après plus de 40 victoires sur le circuit PGA Tour et de nombreux autres succès sur la scène internationale, il était à se forger une image de grand champion. Lentement, sans exagérer, sans forcer la note. À sa mesure et à son rythme. En respectant les amateurs, comme s’il voulait prendre le soin de les amadouer un à un.
Jusqu’à ce qu’il termine encore et encore deuxième lors de l’Omnium des États-Unis. Comme si le rôle de second lui collait à la peau.
C’était jusqu’à ce qu’il remporte l’Omnium d’Écosse à Aberdeen il y a une quinzaine de jours. C’était jusqu’à ce qu’il nous présente une remarquable performance en finale de l’Omnium britannique à Muirfield. C’était avant sa cinquième victoire majeure en carrière et avant qu’il remporte une troisième étape du grand chelem de golf que seulement cinq joueurs professionnels ont complété jusqu’à ce jour.
Phil Mickelson, avant ses récents succès, était considéré comme un champion unidimensionnel. On connaissait son style, ce qu’il peut faire et les tournois et les endroits où il pouvait se signaler. Or, le jeu qu’il a présenté au cours des dernières semaines nous a fait découvrir un nouveau joueur adoptant des stratégies différentes, des styles de jeu différents qui exigent des coups différents. Fini le temps alors qu’il nous présentait uniquement des longs coups de départ et des coups lobés. Il lui fallait en faire plus et il l’a prouvé hors de tout doute en gagnant l’Omnium britannique.
Phil Mickelson n’est plus seulement un excellent joueur de golf gaucher qui s’est signalé pendant plusieurs saisons sur le circuit PGA Tour. Grâce au plus récent chapitre de sa carrière, il vient de rejoindre les joueurs légendaires qui ont façonné l’histoire du golf professionnel. Il occupe une place de choix auprès des Jack Nicklaus, Arnold Palmer, Gary Player, Tom Watson, Seve Ballesteros, Ben Hogan et Sam Snead.
Ne lui manque plus que l’Omnium des États-Unis afin de devenir l’un des plus illustres champions de ce sport. Certains diront qu’il a déjà réalisé suffisamment d’exploits pour qu’on ne tienne pas compte de cette ombre au tableau. Il faut cependant comprendre qu’on retient uniquement des grands champions ce qu’ils ont réalisé et non pas ce qu’ils ont raté.