Le mauvais début de saison des Bulldogs n'est pas très difficile à expliquer. Voyez-vous, c'est très dur de remporter des matchs quand tu dois continuellement jouer du hockey de rattrapage. À l'exception des deux premiers matchs, Hamilton a vu son adversaire compter le premier but à 11 reprises, c'est beaucoup trop! C'est une mauvaise habitude qui doit s'estomper dès maintenant.

Les problèmes ne s'arrêtent pas là. L'avantage numérique ne fonctionne pas du tout depuis le début de la saison, avec un pourcentage d'efficacité se situant en bas du 10 pour cent… C'est loin d'être suffisant!

Louis Leblanc manque à l'appel, ce qui n'aide pas la troupe de Sylvain Lefebvre. C'est bien beau, mais je ne crois pas que l'on peut s'en servir comme excuse, car règle générale, les meilleurs éléments de l'équipe sont en poste.

L'apport offensif de plusieurs joueurs, dont certains vétérans, n'est tout simplement pas au rendez-vous. Il y a selon moi des gars qui vont devoir en donner plus. Un joueur comme Aaron Palushaj, qui est pourtant le meilleur marqueur de l'équipe, peut en donner davantage. Il est actuellement loin derrière les meilleurs joueurs des autres équipes. J'ai cependant vu une amélioration chez le numéro 28 lors des deux derniers matchs face aux Marlies de Toronto, alors qu'il a inscrit deux buts. Mike Blunden peut aussi en donner plus selon moi. Il n'est pas un franc-tireur et c'est correct, reste qu'il va devoir créer plus d'occasions de marquer pour ses coéquipiers. Des gars comme Zack Stortini, Gabriel Dumont, Brendon Nash ou Nathan Beaulieu doivent aussi donner un meilleur support général à l'équipe.

Parlons-en de Beaulieu! Le jeune défenseur m'inquiète, et avec raison: une seule petite passe en 12 matchs! C'est beaucoup trop peu pour un joueur de la trempe de Beaulieu, reconnu pour son apport offensif. J'espère que ça va aller mieux de son côté.

Trop de pression?

Sans être sur un pied d'alerte, je dois avouer que je suis un peu déçu du rendement de ces joueurs. On nous vantait plusieurs de ces espoirs en début de saison, en affirmant que ceux-ci étaient bientôt prêts pour le grand saut. Eh bien, force est d'admettre qu'on est peut-être plus loin du compte que prévu dans certains cas. Ces joueurs ressentent sans doute beaucoup de nervosité, et c'est comprenable étant donné le contexte exceptionnel de cette saison. Reste à voir si ces joueurs sauront se relever de leurs mauvaises performances.

Une chose est sure, tant que le travail sera là et que l'éthique de travail sera au rendez-vous, l'entraîneur-chef Sylvain Lefebvre acceptera la situation.

La venue des jeunes de la LNH est une bonne chose

La présence des jeunes joueurs «établis» de la LNH dans la Ligue américaine est bien reçue dans tous les clubs-école. C'est un très bon moyen si tu es un directeur général de voir la vraie valeur de tes joueurs. Cela te permet de vérifier si tes jeunes joueurs peuvent performer sur une base régulière contre des joueurs du niveau supérieur.

L'inverse est aussi vrai. C'est une excellente carte de visite pour des joueurs comme Jordan Eberle ou Ryan Nugent-Hopkins. Le meilleur exemple de mon argument est Jason Spezza. Le joueur des Senateurs a commencé à être un meilleur joueur avec le club après avoir passé la saison 2004-2005 avec les Senators de Binghamton. Il avait d'ailleurs remporté le championnat des marqueurs cette année-là. Il a par la suite été un joueur transformé à son retour à Ottawa la saison suivante. Il avait pris une grosse dose de confiance.

Il y a aussi du positif

Robert Mayer a bien fait en l'absence de Cedrick Desjardins. Il a excellé face aux Crunch de Syracuse, un match auquel j'ai assisté. Mayer a montré toutes ses qualités face à une équipe sans faiblesse. La preuve, Syracuse ne compte que trois défaites en 14 matchs cette saison. Sans les prouesses du gardien tchèque, les Bulldogs auraient facilement pu perdre de façon encore plus cuisante. Mayer a des choses à se reprocher lors des deux derniers matchs face aux Marlies de Toronto, mais dans l'ensemble, il a un bon gabarit et se déplace bien. On dit autour de l'équipe que c'est un bon joueur d'équipe, qu'il a une bonne éthique de travail, qu'il travaille très fort et qu'il est un gars positif.

Desjardins a tout de même une coche de plus en ce qui a trait à son expérience de la Ligue américaine, en plus de son succès de la saison dernière avec les Monsters de Lake Erie, club-école du Lightning de Tampa Bay. Desjardins devrait reprendre le filet maintenant qu'il n'est plus blessé.

Petite parenthèse à propos de Blake Geoffrion, qui connaissait un bon début de saison avec six points en dix matchs avant sa blessure. À ce stade-ci dans sa carrière, il doit prouver qu'il est capable de faire sa niche avec le Canadien. Est-ce qu'il est capable de maintenir le rythme pendant 70- 82 matchs. On ne pourra pas le savoir à cause de sa blessure. Reste qu'il montrait des signes très encourageants depuis le début de la saison.

Brendan Gallagher est selon moi la plus belle surprise jusqu'ici cette saison. Je l'aime bien, il donne ce qu'il promet. À mon opinion, c'est un petit Brian Gionta. Il a de la fougue, de l'intensité, de la hargne. Il fonce au filet. Bref, il te donne ce que tu veux, et ce à chaque soir. Il est une inspiration pour ses coéquipiers.

Le meilleur défenseur selon moi cette saison est sans aucun doute Frédéric St-Denis. Greg Pateryn était très bon avant sa blessure. Mais St-Denis est régulier, c'est un peu le Josh Gorges des Bulldgogs. Il peut tout faire sur la glace.

Présentement, il n'y a aucune raison de paniquer. Lefebvre est en parfait contrôle. J'écoutais ses propos avant le premier match du programme double face aux Marlies, il avait l'air d'un gars calme et posé. Il tente de vendre son idée comme quoi ses joueurs doivent travailler avec les éléments qu'ils maîtrisent. Il a l'air d'un gars à sa place. Tout semble donc sous contrôle chez les Bulldogs avec Sylvain Lefebvre comme pilote.

*Propos recueillis par Francis Pagé