Je pense qu’on assiste à une douce revanche du côté des Hurricanes de la Caroline en souvenir de l’offre hostile déposée par Marc Bergevin aux dépens de Sebastian Aho il y a un peu plus de deux ans avec le dossier Jesperi Kotkaniemi.

 

Le directeur général Don Waddell a poussé l’offre au maximum afin que la situation ne nuise pas trop à sa situation salariale et juste assez pour embêter le Canadien. Si je mets de côté le salaire de 6,1 millions $ qui a été approuvé par le clan Kotkaniemi, il y a aussi le 20 $ comme boni de signature qui est simplement pour rappeler que l'épisode Aho n’était pas complètement digéré comme il s’agit du numéro de l’attaquant des Canes.

 

Une fois qu’on oublie cette douce revanche, je trouve que la décision a aussi du sens sur le plan hockey pour les Canes. Si KK rejoint les Hurricanes avec cette offre et qu’il prolonge par la suite pour un pacte à plus long terme, selon les dernières rumeurs qui circulent, Waddell vient de régler un dossier au poste de centre.

 

Il reste deux ans à écouler au contrat du capitaine de l’équipe Jordan Staal et une seule au joueur de centre Vincent Trocheck. Les Canes solidifieraient leur position au centre avec l’arrivée de Kotkaniemi qui pourrait remplir un rôle de deuxième ou troisième centre au sein d’une très bonne équipe.

 

Sans l’épisode avec Aho, je ne sais pas si les Canes osent déposer une telle offre à Kotkaniemi. Je considère que les Canes ont très bien fait et même s’ils perdent leur choix de premier et de troisième tour en 2022, tout indique que ce ne sera pas des choix élevés dans les rangs au repêchage comme ils devraient connaître une bonne saison.

 

Si je me penche du côté du Canadien, qui avait sept jours à compter de samedi pour égaler l’offre, je suis pris en quelque sorte le dos au mur. Le départ de Phillip Danault à Los Angeles me permet de comprendre un peu plus pourquoi la rencontre entre Kotkaniemi et l’entraîneur-chef Dominique Ducharme a été si longue au bilan de fin de saison.

 

Sans doute qu’à ce moment, c’était de moins en moins certain que le Québécois allait revenir avec l’équipe et peut-être que l’état major voulait préparer le Finlandais pour son nouveau rôle. En ce moment, Kotkaniemi est le deuxième centre de cette équipe et je ne pense pas qu’il y a un remplaçant dans l’organigramme du Tricolore pour prendre sa place s’il devait partir en Caroline.

 

Une transaction n’est pas à écarter, mais si je regarde les cartes dont dispose actuellement Marc Bergevin dans son jeu, il n’a pas le choix d’égaler l’offre.

 

Je suis le premier à le dire, lorsqu’on regarde la feuille de route de Kotkaniemi depuis son entrée dans la LNH en 2018, il n’a pas encore prouvé qu’il peut remplir le rôle d’un deuxième centre. Il vient d'être limité à 20 points, dont cinq buts, en 56 matchs. 

 

Par contre, le Canadien y voit un potentiel et en ce moment il est celui qui peut s’assoir dans la chaise alors que Nick Suzuki vient au sommet de la hiérarchie des centres du Canadien. Bergevin ne peut permettre à Waddell de lui soutirer KK après avoir perdu Danault sur le marché des joueurs autonomes.

 

Le Canadien vient de s’incliner en finale de la Coupe Stanley. Il ne peut pas s’éloigner de cet objectif et se contenter d’avoir été finaliste. Il doit encore une fois viser la Coupe Stanley l’an prochain avec Carey Price dans sa formation. Cette équipe est encore en position pour aspirer aux grands honneurs, donc ils ne peuvent pas faire un pas en arrière en acceptant des choix au repêchage pour son joueur de centre.

 

Pour le moment, sur le plan salarial, Kotkaniemi est grand gagnant, car il ne devait pas s’attendre après la dernière saison à toucher plus de 6 millions $ l’an prochain.

 

Par contre, la pression sera sur ses épaules alors qu’il deviendrait soudainement le deuxième attaquant le mieux payé du Tricolore. Ceux qui suivent les Canadiens savent bien que si jamais KK ne répond pas aux attentes, la pression sera énorme. Le rôle aurait été le même en raison du départ de Danault, mais avec le salaire viennent les attentes.

 

Les amateurs savent pour combien Danault a quitté le Canadien de Montréal, soit un contrat de six ans à 5,5 millions $ par année. Si jamais le poste de deuxième centre n’est pas comblé à Montréal, on va savoir à ce moment que c’est pour une différence de 500 000 $ par saison que le Québécois a opté pour Los Angeles.

 

Il était le vrai deuxième centre, mais dorénavant, Bervegvin n’a pas le choix d’offrir plus de 6 millions $, pour seulement une saison cela dit, à un jeune qui n’a pas encore fait ses preuves qu’il pouvait occuper ce poste à temps plein.

 

À maintenant 21 ans, il demeure un ancien troisième choix au total au repêchage et ce serait difficile de lancer la serviette immédiatement dans son cas. Il a été vendu comme un fabricant de jeu, capable d’évoluer en avantage numérique, et il faut le dire, il a prouvé qu’il pouvait répondre lorsque la pression était là.

 

On a bien vu lors des dernières séries qu’il a marqué de gros buts dans le parcours du Canadien, lui qui a terminé avec cinq buts en 19 matchs au cours des séries. La direction veut voir cette amélioration et je suis d’avis que Bergevin veut Kotkaniemi dans son équipe l’an prochain même s’il devra jongler avec la masse salariale de l’équipe.

 

Au cours du même été, il ne peut tout simplement pas perdre Danault et Kotkaniemi, ce serait un tache à son dossier. Kotkaniemi fait partie du jeune noyau de l’équipe avec Nick Suzuki notamment afin de pousser pour aider les vétérans afin que l’équipe réussisse à soulever la Coupe Stanley.

 

La question se pose toutefois : est-ce que Kotkaniemi veut encore jouer à Montréal? Avec les démêlés qu’il y a eu, notamment dans les séries alors qu’il a été laissé de côté, je ne sais pas s’il se dit heureux d’aller en Caroline pour rejoindre son compatriote Aho.

 

C’est un autre facteur qu’on ne connaît pas dans cette saga qui aura son dénouement dans les prochains jours.

 

Propos recueillis par Maxime Tousignant