La défaillance d'Équipe Canada contre la Suède en ronde préliminaire du championnat mondial junior l'aura bien servie en grande finale.

C'est vrai que les joueurs de Craig Hartsburg ont commis les mêmes erreurs qui ont encore une fois permis à l'adversaire de revenir dans le match. Dès le début de la troisième période, les Canadiens ont commencé à jouer sur les talons. Ils essayaient de se défendre et ça s'est retourné contre eux.

Mais en prolongation, on sentait qu'ils étaient plus intenses et qu'ils étaient déterminés à sortir vainqueurs de cet affrontement. Le but de Matthew Halischuk est vraiment arrivé à point, par contre, parce que je crois que tôt ou tard, la fatigue aurait fini par rattraper les Canadiens. Après tout, ils avaient un match de plus dans le corps que les Suédois et avaient bénéficié d'un peu moins de repos la veille.

En début de tournoi, certains observateurs avaient émis des réserves sur les chances du Canada de remporter une quatrième médaille d'or consécutive. Suis-je surpris du dénouement de la compétition? Pas du tout.

J'avais analysé attentivement la rencontre entre l'Ontario et les États-Unis, l'année dernière au championnat du monde des moins de 17 ans. L'équipe ontarienne avait alors dominé de A à Z, du début à la fin du match, la formation américaine. Cette année, ÉCJ comptait dans ses rangs dix joueurs de la Ligue de l'Ontario.

Parlant des Américains, je dois dire qu'ils m'ont déçu cette année. Pour un programme dans lequel les joueurs sont supposés avoir grandi ensemble et dont on vante tant les vertus, l'équipe américaine m'a semblé désorganisée. Souvenez-vous contre le Canada, alors que les États-Unis ont écopé de deux pénalités pour avoir eu trop de joueurs sur la patinoire. Quand on regarde les Van Riemsdyk, Schroeder, Wilson et Okposo, c'est évident que le programme américain forme de bons joueurs. Mais la meilleure équipe? On dirait bien que non.

Du côté canadien, c'est bien différent. Les joueurs qui sont élus pour faire partie de l'équipe nationale ne sont pas habitués de jouer ensemble, mais il y a quelque chose qui se passe quand ils enfilent le fameux chandail avec la feuille d'érable sur le torse. Quand le Canadien de Montréal collectionnait les coupes Stanley dans les années 1960 et 1970, tous les joueurs qui arrivaient à Montréal, même ceux dont on n'avait jamais entendu parler, avaient l'air bons. C'est la même chose avec l'équipe nationale. La tradition gagnante est tellement forte, tellement positive, que quand tu enfiles cet uniforme, tu ne penses à rien d'autre qu'à la médaille d'or.

Les représentants de la LHJMQ étaient peu nombreux au sein d'ÉCJ, mais je crois qu'on peut être fiers d'eux. Brad Marchand et Claude Giroux ont été lents à se mettre en marche en compagnie de Kyle Turris, mais quand ça comptait, ils ont été les meilleurs joueurs du Canada.

Cependant, ceux qui critiquent les dirigeants d'ÉCJ pour ne pas enrôler plus de Québécois devront peut-être revoir leur position, parce que c'est difficile de critiquer des dirigeants qui remportent quatre médailles d'or en quatre ans.

Tavares le plus utile, Matthias mon coup de coeur

Les organisateurs du tournoi ont élu le gardien Steve Mason joueur par excellence de la compétition, un choix que je me permets de remettre en question. C'est vrai que le cerbère canadien a été solide contre les États-Unis et en finale contre la Suède, mais je ne crois pas qu'on peut qualifier ses performances en ronde préliminaire d'exceptionnelles.

J'ai déjà pris position sur la question des gardiens au sein d'Équipe Canada junior et je ne changerai pas d'avis maintenant que Mason prendra l'avion avec deux honneurs individuels dans ses valises. Je ne crois sincèrement pas que le Canada aurait connu un sort différent avec Jonathan Bernier devant le filet.

Quand Marchand a coûté la victoire à son équipe avec une bourde en fin de match, Hartsburg ne lui a pas enlevé de responsabilités pour le match suivant et Marchand ne lui a pas fait regretter sa décision. Bernier, lui, a mal paru sur un but contre la Suède, mais on ne lui a jamais donné une autre occasion de se faire justice. Où je ne comprends pas la logique de Hartsburg, c'est que Mason a connu des ratés contre la Finlande, mais il était de retour à son poste contre les États-Unis.

Ceci étant dit, je crois qu'en désignant Mason comme le meilleur joueur du tournoi, on a surtout voulu souligner l'excellent travail de l'unité défensive au complet du Canada. Si c'est de cette façon qu'il faut voir ça, alors je suis d'accord, mais pour moi, le joueur le plus utile de la formation canadienne aura été John Tavares.

Le jeune joueur de 17 ans est arrivé à Pardubice comme le 13e attaquant de la formation canadienne et a forcé son entraîneur à lui faire une place sur le deuxième trio, terminant la compétition avec quatre buts.

Mon coup de cœur, toutefois, revient à Shawn Matthias. C'est vrai que des gars comme Kyle Turris et Stefan Legein ont connu un gros tournoi, mais on s'attendait à ce genre de performances de leur part. Matthias, lui, est un peu sorti de nulle part. Personne n'avait trop d'attentes envers lui, mais il a montré qu'il savait bien se servir de son imposant gabarit, il a été intense et très efficace dans toutes les situations dans lesquelles il a été utilisé. Les Panthers de la Floride ont mis la main sur tout un joueur quand ils l'ont acquis dans la transaction qui a envoyé Todd Bertuzzi à Detroit.

Finalement, si j'avais à nommer une déception, je devrais y aller avec Brandon Sutter. Ce gars-là m'avait tellement ébloui l'an dernier et cet automne, lors de la Super Série. Il avait été dominant en défensive et sur les mises en jeu. Je m'attendais à ce qu'il soit LE joueur du Canada cette année, mais j'ai été déçu par son rendement. Je ne serais pas surpris d'apprendre qu'il jouait en dépit d'une blessure.

J'aurais également aimé avoir l'occasion de voir ce qu'a P.K. Subban dans le ventre. Je suppose que ce sera pour l'année prochaine.

*Propos recueillis par Nicolas Landry