C'est devenu une tradition. Un incontournable. Pas le choix, on ne peut pas passer à côté. À chaque année, moi et mon oncle Pierre, on va aux pee-wee! Je pourrais le dire d'une façon plus distinguée, en disant - nous allons assister au championnat mondial de hockey pee-wee -, mais je regrette, c'est pas pareil. Non, nous autres, on va aux pee-wee.

Il y en a parfois d'autres qui se joignent à nous : un frère, un cousin, un grand-père, la conjointe de Pierre qui fait des sandwichs, comme si on ne pouvait pas juste manger de la poutine! Mais les deux vrais, qui ne manquent pas une année du tournoi, c'est moi et Pierre. D'ailleurs, Richard, le frère de Pierre, nous a encore laissé tomber cette année, mais ça c'est une autre histoire. On va régler nos problèmes à l'interne au prochain party de famille, je vous en passe un papier!

La façon de faire est toujours la même. On se rejoint au Colisée, on s'assoit dans la section 8 ou 10, on évalue les équipes en présence durant la séance d'échauffement de deux minutes, et on doit choisir un vainqueur. Oui, vous avez bien compris, on gage sur des ti-culs de 11-12 ans. Je m'en confesse. Du calme, du calme, on n'a pas de problème de gambling. Une piasse la game. Juste pour pouvoir s'écoeurer et ajouter un peu de suspense. Je vous jure, ça fonctionne. D'ailleurs, on ne ménage pas les petites bines sur l'épaule, et les sourires baveux, quand notre équipe compte un but.

Souvent, il suffit de regarder le warm-up pour spotter les meilleurs joueurs. Scuzez-moi, c'est ça le jargon utilisé aux pee-wee. On regarde les plus gros, on remarque les meilleurs tirs, on se fait une idée assez rapide sur ce qui devrait ensuite arriver pendant le match. Mais parfois, il y en a des plus petits qui nous réservent de belles surprises…

Dans notre section 8, c'était assez tranquille jeudi soir. Pas beaucoup de monde. Les petits Rangers de New York venaient d'embarquer sur la patinoire pour affronter les Aigles des Trois-Lacs. Notre attention était tournée vers le banc des Rangers où se trouvait un célèbre personnage au crâne dégarni, Mark Messier, devenu entraîneur pee-wee. On ne remarque pas de joueur dominant durant la séance d'échauffement, mais dès que le match commence, mon oncle me donne un coup de coude. « Ayoye, as-tu vu le 92 virer sur un dix cennes? »

Puis, derrière nous, on entend quelque chose comme « Skridsko Skridsko, Villiam!!! Villiam, Villiam, Villiam! Let's go Rangers! »

Euh, j'ai pas tout compris. Il m'en manquait des ti-bouttes. Juste des ti-bouttes, j'vous le jure. Mais vite de même, je pensais reconnaître, en suédois, ce qui veut dire « Patine, patine mon William »! On s'empare alors du programme souvenir du tournoi où se trouve la composition des équipes. Rangers de New York, numéro 92, William Nylander. Tiens, tiens! Vous l'aurez compris, William est le fils de Michael Nylander, maintenant avec les Capitals de Washington. Tout au long du match, une de ses trois petites sœurs lui crie constamment ses encouragements, parfois en suédois, parfois en anglais. Madame Nylander est seule avec ses trois petites. Est-elle encore Madame Nylander, au juste? Allez savoir… Chose certaine, la petite famille semble encore vivre à New York même si Papa est allé s'établir à Washington pour jouer avec les Caps.

Trêve de potinage, le petit 92 en a joué toute une. Assez pour que je me me rappelle de lui et que j'aie envie de suivre son évolution, comme je l'avais fait, notamment, avec Jeff O'Neill après l'avoir vu jouer au tournoi pee-wee en 1990. O'Neill mesurait déjà 6 pieds à l'époque! William Nylander, lui, environ 7-8 pouces de moins présentement.

À la fin du match, j'ai eu envie de parfaire mon suédois. Je suis donc allé voir Madame Nylander. « Excusez-moi, vous êtes bien Suédoise? » Elle sourit et confirme! « Parfait, alors dites-moi, comment doit-on prononcer le Y en suédois, comme dans Nylander, par exemple » ? Je voulais me faire confirmer ce que j'avais déjà entendu. « En suédois, le Y fait le son U. C'est donc Nulander. Mais les gens, ici, disent tous Nilander. On s'habitue… » Je lui ai cependant promis de passer le mot, tout en souhaitant à Villiam (William ) une aussi brillante carrière que son père. Et Madame Nylander (NULANDER!) est repartie, seule, avec sa plus jeune dans les bras, et les deux autres marchant main dans la main…

Les Rangers et William ont été éliminés, samedi, à deux matchs de la grande finale. Les petits Blues de Saint Louis étaient trop forts. Le jeune Nylander a quitté Québec avec une récolte de 5 buts et 3 passes en 4 matchs. Et surtout, avec de méchants beaux souvenirs.

Dans le calepin

Aussi vus lors de mes deux jours au Colisée :
-Austin Lemieux (fils de Mario)
-Brendan Lemieux (fils de Claude)
-Jeremy Brodeur (fils de Martin, et gardien comme son père)
-Ryan MacInnis (fils de Al MacInnis, qui joue maintenant le rôle d'entraîneur)

Le meilleur de ces fistons? J'hésite entre beaucoup Nylander et MacInnis. Chose certaine, le petit MacInnis joue pour un meilleur club, une équipe qui pourrait se rendre jusqu'au bout, dimanche. MacInnis avait 11 points après 5 matchs. Toutes les statistiques sont disponibles sur le site internet du championnat mondial de hockey pee-wee de Québec.