Les motifs «défensifs» plaidés par Michel Therrien pour justifier sa décision de confiner Sven Andrighetto au sein du quatrième trio, mardi, dans la victoire de 4-1 aux dépens des Hurricanes de la Caroline cachaient une raison bien plus terre à terre.

Comme plusieurs amateurs l’avaient lu entre les lignes, le jeune attaquant a été cédé au club-école de Hamilton dès le lendemain de cette rétrogradation.

N’en voulez pas à Michel Therrien ou au Canadien. Avec le retour imminent de Lars Eller et les succès du Tricolore après une première séquence difficile, ce renvoi dans les mineures était très prévisible.

Malgré les succès obtenus par le jeune Suisse qui a marqué deux buts et ajouté une passe au cours de ses trois premières parties dans l’uniforme tricolore.

Andrighetto vous a impressionnés ? Il vous a plu ? Il vous a laissé poindre l’espoir d’un apport offensif qui viendra renflouer le gros club un moment donné ?

Tant mieux ! Car faire bonne impression, soulever de l’engouement, c’est exactement ce qu’il devait faire.

C’est aussi ce que Charles Hudon aura à faire si le Canadien décide de lui offrir une occasion de faire bonne impression plus tard dans la saison. Que ce soit pour le récompenser pour ses succès répétés depuis le début de la saison des Bulldogs ou parce que le grand club est décimé par les blessures – ce qui serait beaucoup moins intéressant pour l’équipe et le jeune – Hudon, Andrighetto et les autres jeunes qui espèrent recevoir un appel de Marc Bergevin doivent profiter de ces séjours pour mousser leur popularité.

Quand un jeune comme Andrighetto le fait en récoltant quelques points, l’effervescence déborde du verre.

On comprend donc mieux pourquoi les partisans du Canadien vilipendaient – et le terme est poli – Michel Therrien au cours du match alors qu’ils ne comprenaient pas que Dale Weise obtenait plus de temps d’utilisation de qualité que leur nouveau jeune favori.

Michel Therrien n’a pas envoyé Andrighetto au bûcher mardi en le confinant au sein du quatrième trio. Ce n’est pas parce qu’il a joué avec Manny Malhotra et Michael Bournival qu’Andrighetto se réveillera à Hamilton et non à Montréal.

C’est parce que ses services n’étaient plus requis. Pour le moment.

Avec le retour prochain de Lars Eller, un jeu de chaise musicale se mettra en branle. Et lorsque la musique cessera, il aurait été normal qu’Andrighetto se retrouve debout. Avec Eric Tangradi ou un autre joueur de soutien à ses côtés.

Parce que l’avenir du Canadien repose bien plus sur le développement d’Andrighetto que sur celui de Tangradi, mieux vaut pour le jeune suisse de jouer beaucoup dans la Ligue américaine en laissant Tangradi faire du temps supplémentaire les matins de matchs et de passer ses soirées sur les galeries de presse.

Ce n’est pas au sein du quatrième trio qu’Andrighetto jouera s’il accède un jour à un poste régulier avec le grand club. Il serait donc peu utile de lui offrir quelques trop rares présences avec le Canadien au lieu de lui donner le mandat de faire gagner le club-école.

Andrighetto ne peut remplacer – pour le moment – un des membres du premier trio. Oui il a eu du succès avec Plekanec et Sekac, mais si Eller se retrouve sur l’aile au sein de ce trio, ou que Parenteau, voire Desharnais hérite de ce poste dans l’éventualité ou Eller retrouverait son rôle de pivot du troisième trio, Andrighetto aurait été de trop… pour le moment.

Combien de temps durera ce moment ?

Ça dépendra du développement du jeune homme – un développement qui est de plus intéressant on en conviendra – des blessures avec le grand club et des performances des joueurs actuels qui le devancent sur le tableau installé dans le bureau de Michel Therrien et de ses adjoints.

Histoire de vous aider à composer avec la décision qui vous déplait peut-être beaucoup, ou de vous aider à patienter, j’aimerais vous rappeler que l’illustre Matt D’Agostini avait amorcé avec fracas sa carrière avec le Canadien en marquant quatre buts et ajoutant une passe en cinq matchs de suite au début de la saison 2008-2009. On croyait alors avoir mis la main sur une machine à marquer des buts.

D’Agostini en a marqué. Oui ! Il a même connu une saison de 21 filets deux ans plus tard à St.Louis avec les Blues. Depuis, il en a marqué 17 à St.Louis, au New Jersey à Pittsburgh et Buffalo. Et cette année, D’Agostini évolue à Genève où il a marqué 10 buts et affiche 26 points en 26 rencontres dans une ligue à la hauteur de son talent : en première division de la Ligue de Suisse.

Comme quoi trois points en trois matchs avec le Canadien ne sont pas nécessairement garants d’une grande carrière dans la Ligue nationale.

Donnons donc encore le temps à Andrighetto, Hudon et les autres jeunes susceptibles de jouer pour vrai et pour longtemps à Montréal, le temps de bien se préparer.

Ça ne nous empêche pas de nous réjouir de leurs performances et de maugréer lorsqu’ils sont retournés dans les mineures. C’est même bon. Car ça confirme que l’avenir du Canadien à l’attaque est meilleur que certains le croient et ça incite les gars blessés à mettre les efforts pour guérir un peu plus vite.