MONTRÉAL - Si je croyais dur comme fer aux chances du Canadien de battre le Lightning, je ne croyais jamais qu’il pouvait balayer la série et passer en deuxième ronde aussi facilement.

Bon! Ça n’a pas été aussi facile après tout.

La première partie s’est décidée en prolongation.

Une remontée de deux buts en troisième période dans le 4e match annonçait une autre prolongation jusqu’à ce que Cédric Paquette n’écope d'une vilaine pénalité en fond de territoire du Canadien pour offrir au Tricolore une attaque massive avec un peu plus de deux minutes à faire.

Incapable de profiter de sa première et seule attaque à cinq obtenue jusque-là – il était 1 en 12 depuis le début de la série – le Canadien a fait mouche.

Max Pacioretty, sur son quatrième tir de la soirée, son 14e en quatre matchs sans oublier les deux ou trois poteaux qu’il a frappés, a scellé l’issue de la rencontre et de la série en poussant la rondelle sous Kristers Gudlevskis une fois encore venu en relève à Anders Lindback.

J’imagine que Ron MacClean dont le salaire à la CBC est payé par les taxes et impôts perçus au Québec également et d’autres anti-francophones lanceront qu’une fois encore un arbitre francophone – François St-Laurent – a avantagé le Canadien avec une décision douteuse et favorable au Tricolore.

Foutaise!

Vous savez tout le mal que je pense des grandes théories de complot lorsque les partisans du Canadien sombrent dans la paranoïa la plus complète aussitôt une décision douteuse rendue contre Montréal.

Je pense tout autant de mal des complots inverses.

François St-Laurent a décerné une pénalité qu’il devait décerner lorsqu’il a sévi. Est-ce que lui et Chris Lee avaient fermé les yeux sur d’autres infractions en troisième? Oui! C’est évident. Mais le geste de Paquette était sans équivoque.

Francis Charron dimanche soir?

On peut débattre tant qu’on voudra du fait que le but refusé au Lightning était bon ou pas, mais d’imputer la décision favorable au Canadien au simple fait qu’il soit natif d’Ottawa et qu’il parle français.

Une réflexion comme celle de MacLean est farfelue. Non! Elle est carrément stupide. Comme s’il fallait interdire à tous les arbitres ontariens de travailler à Toronto ou Ottawa.

C’est de la pure démence.

Et ça enlève bêtement le crédit qui doit revenir aux joueurs du Canadien, à tous les joueurs puisqu’encore hier les quatre trios ont donné un but et que les trois duos de défenseurs se sont signalés, à leur gardien Carey Price, à Michel Therrien et ses adjoints dans la victoire.

Mais bon! Ce n’est pas la première fois que des idioties du genre viennent entacher une performance du Canadien. Malheureusement, on peut être convaincu que ce ne sera pas la dernière...

Un jeu résume la série

Comment résumer la série en deux phrases?

Le Canadien a disputé quatre gros matchs de hockey. Le Lightning s’est contenté de quatre petites parties.

C’est un peu simpliste. J’en conviens.

Surtout que ce n’est pas tout à fait vrai puisque le Canadien a traversé des passages à vide dans les première, troisième et quatrième rencontres. Mais dans l’ensemble, le Canadien a très bien joué. Sa structure défensive était à point, surtout en zone neutre où le Tricolore a scié les jambes des rapides patineurs du Lightning et muselé leur talent.

Inversement, il est vrai que le Ligthning a connu quelques séquences heureuses ici et là. Mais pas assez pour rivaliser avec le Canadien qui a été le club dominant alors que le Lightning était le club dominé.

De fait, pendant que les joueurs du Canadien saluaient leurs partisans en agitant leur bâton bien haut au-dessus de leurs casques alors que les derniers joueurs du Lightning retraitaient au vestiaire les yeux baissés, un jeu m’est revenu en tête. Un jeu qui à mes yeux résume la série mieux encore que les deux phrases proposées plus haut.

Retournez au premier match. Le jeune Nikita Kucherov, l’une des neuf recrues – c’est énorme – utilisées par le Lightning dans cette série, venait de donner les devants à son équipe en inscrivant le premier but de la série.

C’était la fête dans le Forum.

Dès la reprise du jeu, Tomas Plekanec s’est élancé sur le flanc gauche. Devant lui, le gros défenseur Radko Gudas s’est barré les patins en patinant de reculons. Barbe noire s’est retrouvé les quatre fers en l’air. Anders Lindback est sorti pour fermer l’angle. Il est mal sorti et a mal fermé l’angle, et Plekanec a marqué avec un tir superbe dans la lucarne.

Juste comme ça, 19 petites secondes après avoir pris les devants, le Lightning ne l’avait plus.

Et vous savez quoi? Entre la mise en jeu qui a donné le coup d’envoi à la série et la sirène qui a confirmé le balayage réalisé par le Tricolore soulevant la frénésie dans le Centre Bell, le Lightning a eu l’avance au cadran un grand total de 212 secondes. Ne sortez pas votre calculatrice : 212 secondes, ça donne 3 minutes 32 secondes.

Impossible de gagner une série quatre de sept dans la LNH en profitant d’une avance seulement 212 secondes. Techniquement, c’est possible. Vous avez raison. Mais dans la vraie vie, ce ne l’est pas.

Lindback le bouc émissaire

Ceux et celles qui regarderont simplement les faits saillants qui défilent en boucle sur toutes les plates-formes de RDS pour analyser la série concluront qu’Anders Lindback est le grand responsable de la défaite du Lightning en quatre matchs.

Lindback n’a pas été assez bon pour mener son club à la victoire. C’est un fait. Il n’a pas été l’ombre de Carey Price. Il n’a pas été l’ombre non plus de Ben Bishop qui a permis à des défenseurs bien ordinaires de passer sous le radar tout au long de l’année en rachetant leurs erreurs.

Avec les 16 arrêts qu’il a réalisés dont plusieurs spectaculaires et cruciaux avant de concéder le but de la victoire, Kristers Gudlevskis a donné raison à ceux – dont je suis – qui prétendaient qu’il aurait dû amorcer les troisième et quatrième parties au lieu de simplement venir en relèves dans le dernier match.

On a d’ailleurs vu Jon Cooper aller lui parler pendant une quinzaine ou une vingtaine de secondes alors que les deux hommes s’apprêtaient à quitter la patinoire. Je ne sais pas ce que Cooper a dit à son gardien. Mais à sa place, je me serais excusé de ne pas lui avoir fait assez confiance.

Mais bon! Ce qui est fait et fait. Et je pense trop de bien de Jon Cooper pour bêtement remettre en question après les faits – c’est tellement plus facile – sa décision.

Mais revenons à Lindback : même s’il n’a pas été à la hauteur, qu’il a été trop généreux, qu’il a mal couvert ses angles match après match et qu’il n’a pas su appuyer ses coéquipiers en refusant de céder devant le Canadien aussitôt après un but marqué par ses coéquipiers, le Finlandais ne peut être le seul à être lapidé de critiques. Que non!

Où étaient Valtteri Filppula et Ryan Callahan encore hier. N’importe où sauf sur la patinoire. À mes yeux, ils sont d’ailleurs plus responsables que Lindback de la déconfiture du Lightning. Car ces deux joueurs devaient apporter du leadership et de l’expérience derrière le trio de Steven Stamkos. Ils ne l’ont pas fait. Ils ont échoué sur ce plan. Lamentablement même.

Que dire des Matt Carle, Radko Gudas (blessé hier) Sami Salo (rayé de l’alignement lors des deux dernières parties) et Eric Brewer à la ligne bleue? Ils ont été pitoyables. À des milles des bonnes impressions qu’ils laissaient match après match au cours de la saison régulière.

Stamkos?

Il a eu des joueurs du Canadien dans les pattes tout le long de la série. Ça ne l’a pas empêché de marquer deux fois lors du premier match. Mais ensuite, le Canadien s’est bien adapté. Et comme ce n’est plus Martin St-Louis qui l’appuie, mais deux vertes recrues, il n’a pas été en mesure d’échapper aux griffes du Canadien.

En plus, il s’est infligé une solide migraine lors du match trois – chute et coup de genou d’Emelin – et voilà que son bâton s’est brisé en troisième période mardi sur une occasion en or qui se profilait devant lui.

Quand la rondelle ne glisse pas de ton bord...

Jon Cooper, l’entraîneur-chef déçu du Lightning, a justement parlé de ces coups du sort qui favorisent toujours les équipes qui sortent gagnantes des séries. Qui tournent le dos aux équipes qui partent en vacances.

Mais encore faut-il forcer un brin ou deux la main à ces coups du sort pour qu’ils viennent de ton bord. Ce que le Canadien a fait beaucoup plus souvent que le Lightning dans cette série.

La grande question :

Est-ce que le Lightning aurait mieux joué et ainsi offert une meilleure opposition au Canadien avec Ben Bishop devant le but?

Bien sûr. C’est évident.

On a vu, pas plus tard que cette année, avec le Canadien, à quel point Peter Budaj a été en mesure de remplacer avec beaucoup de succès Carey Price de temps en temps.

Mais quand est venu le temps pour lui de le faire sur une plus longue période, il n’y est pas arrivé. C’est pour cette raison qu’il est un bon gardien auxiliaire et non un gardien numéro un.

Même chose pour Lindback.

Il n’a pas su éveiller la même confiance que Bishop dans la tête de ses coéquipiers. Il n’a pas su racheter toutes leurs erreurs.

Et comme le Canadien a très bien joué de son côté l’équation était bien trop inégale pour que le Lightning puisse résister.

Il s’est débattu. Oui. Il s’est même parfois bien débattu. Mais du début à la fin de la série, exception faite des 212 petites secondes au cours desquelles Tampa a eu l’avance... et encore, on a toujours senti le Canadien en contrôle, voire en plein contrôle, et été convaincu qu’il l’emporterait. Peut-être pas en quatre, ce qu’il a finalement fait, mais qu’il l’emporterait.

On verra maintenant si la même confiance flottera au-dessus de la patinoire et dans le vestiaire du Tricolore lorsqu’il croisera Boston ou Detroit en deuxième ronde. En passant les Bruins ont blanchi les Wings 3-0, mardi soir, à Detroit, pour prendre les devants 2-1 dans la série.

De la façon dont le Canadien a joué en première ronde, de la façon dont Michel Therrien a bien dirigé et mieux contrôlé encore son équipe, il serait bête de croire que le Canadien n’a soudainement aucune chance de s’imposer en deuxième ronde. Même s’il doit mettre le cap sur Boston et se retrouver contre les Big Bad Bruins…

On reconnecte plus tard.