Marc Bergevin fait son mea culpa
Canadiens jeudi, 21 janv. 2016. 11:25 mercredi, 11 déc. 2024. 22:42BROSSARD – C’est simple, le directeur général Marc Bergevin assume tout le blâme, absolument tout. Ça veut également dire qu’il a confirmé que l’entraîneur Michel Therrien allait demeurer en poste jusqu’à la fin de la saison même si une participation aux séries devenait périlleuse ou même impossible.
En s’adressant aux médias jeudi, Bergevin s’est pour ainsi dire installé une énorme cible dans le dos pour expliquer les déboires actuels du Canadien de Montréal.
Celui qui a accédé à ce rôle névralgique – et propice aux critiques – en mai 2012 a mentionné qu’il était l’unique responsable de la situation actuelle. Il a pris le blâme pour tous les sujets qui affectent son club. On parle ici de la terrible séquence actuelle, le manque de production offensive, l’incapacité de procéder à une transaction d’importance, l’échange de Jarred Tinordi, l’évaluation de la qualité de sa formation sans Carey Price.
Bien sûr, Bergevin n’est pas responsable de la première ou la deuxième blessure de Price (qui se prolonge malheureusement), mais il a affirmé avec conviction qu’il n’a pas surévalué son groupe. Il en arrive à cette conclusion malgré la débâcle qui n’a pas encore été freinée.
Son deuxième message important est directement relié à son premier dans le sens qu’il a réitéré sa confiance à plusieurs reprises envers son entraîneur.
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Il s’est donc identifié comme la personne – et non Therrien - à remettre en question pour le résultat présent qui écarterait le Canadien des éliminatoires.
« Je croyais que c’était important de me rendre disponible pour répondre à vos questions. C’est une période très difficile pour l’organisation et les joueurs. Je veux être clair que j’ai extrêmement confiance en notre groupe d’entraîneurs et nos joueurs », a d’entrée de jeu spécifié Bergevin.
Le DG est venu lancer ce message quelques heures après avoir rencontré ses joueurs dans une discussion positive d’une vingtaine de minutes selon ses dires.
« Je comprends la frustration de nos partisans. Mais, à l’interne, on travaille tous les jours pour améliorer l’équipe et se sortir de ça ensemble. »
« C’est moi le responsable de tout ce qui se passe dans l’organisation. Les critiques, que je comprends très bien, ne devraient pas aller vers l’instructeur, mais vers Marc Bergevin. C’est moi qui donne les joueurs à Michel Therrien », a-t-il poursuivi avec son air le plus sérieux.
Il a continué son témoignage de fidélité quelques secondes plus tard.
« J’ai vraiment confiance qu’on va s’en sortir ensemble, j’ai confiance en notre groupe.[… ]Les joueurs et Michel ne s’en vont pas nulle part, on va traverser ça ensemble. Le plan n’a pas changé. »
Mais c’est pratiquement la coutume dans le monde du sport professionnel qu’un dirigeant vienne donner un vote de confiance à son entraîneur pour ensuite le limoger et c’est connu sous le nom de « baiser de la mort ».
D’après Bergevin, il ne s’ajoutera pas à cette liste de directeurs généraux qui n’ont pas respecté leur parole. Il a assuré qu’il avait l’appui du propriétaire Geoff Molson pour poursuivre l’association avec Therrien même si l’accès aux séries se fait moins réaliste.
Si Therrien ne mérite pas de se faire indiquer la porte de sortie pour cette dégringolade difficile à imaginer, la question qui brûlait les lèvres était de demander à Bergevin s’il avait commis l’erreur de surévaluer ses troupes.
« Non. J’ai toujours dit que notre but premier était de faire les séries et on fait partie du groupe qui se bat pour y accéder », a rétorqué Bergevin sans se peinturer davantage dans le coin.
Les grosses transactions ? Pratiquement impossible
L’intransigeant marché dans lequel le Canadien évolue fait souvent passer un gestionnaire ou un joueur de héros à zéro. Après avoir été encensé pendant trois ans pour ses débuts en tant que directeur général, Bergevin n’a probablement pas perdu tous ses atouts.
Par contre, il n’a pas été en mesure de renflouer ses deux premiers trios que ce soit via le repêchage ou une transaction majeure tant espérée des partisans. À ce propos, Bergevin a voulu se montrer le plus transparent possible.
« Comme directeur général, je regarde toujours pour améliorer l’équipe. C’était comme ça en mai 2012 (au moment de son embauche), quand nous étions 19-4 (au sommet de l’équipe), ça n’a pas changé et ça ne changera pas. C’est très difficile aujourd’hui de compléter des transactions et tu peux le demander aux 29 autres DG, mais ça ne veut pas dire que je n’essaie pas. Les gros joueurs sont rarement disponibles et il faut aussi respecter une masse salariale qui varie d’année en année », a-t-il rappelé.
« Il faut être responsable et moi, personnellement, je ne suis pas prêt à sacrifier l’avenir du Canadien pour une petite solution à court terme. Je ne veux pas céder un jeune qui aura du succès et on regrettera le tout pour des années à venir », a confié Bergevin en expliquant qu’il s’était impliqué dans celle qui a impliqué Ryan Johansen et Seth Jones.
Finalement, les Predators ont eu gain de cause parce qu’ils possédaient l’outil recherché par les Blue Jackets : un défenseur droitier d’avenir.
En se dirigeant vers le sujet des transactions, celle de Jarred Tinordi est inévitablement revenue sur la table. La plupart, si ce n’est pas la totalité des observateurs, ne parviennent pas à s’expliquer le marché conclu par Bergevin pour ce choix de première ronde en 2010.
« Il fallait que je fasse cette transaction à ce moment pour des raisons que je ne peux pas vous dévoiler. Si je pouvais le faire, vous comprendriez sûrement », a expliqué le directeur général en laissant planer un certain mystère.
Maintenant que le Canadien a confirmé que Price ne serait pas en mesure de reprendre sa place devant le filet avant encore trois sinon quatre semaines (ce qui mène au 18 février), il semblerait de plus en plus étonnant que Bergevin soit tenté de rouler les dés. Le risque apparaît trop grand en l’absence de son gardien vedette. Grâce à l’appui de son propriétaire, Bergevin se dit probablement que ça ne vaut pas la peine de sacrifier des munitions d’avenir intéressantes sans que son club soit assuré d’accéder aux séries.