Que ce soit en personne lorsque son équipe croise celles de ses adversaires, sur une galerie de presse où il fait ce qu’il aime le plus faire : de l’observation de talent ou par le biais du téléphone, Marc Bergevin assure parler à tous les directeurs généraux de la LNH.

«Et je leur parle souvent en plus. Je fais le tour de la Ligue. Je suis comme ça. J’ai besoin de parler. J’ai besoin d’échanger. J’ai besoin de savoir ce qui se passe, ce qui s’en vient», raconte le directeur général lors d’un entretien téléphonique avec RDS.CA.

Ces conversations lui permettent de voir les coups venir. De voir les transactions s’ébaucher, se concrétiser.

Lorsque Evander Kane et Zach Bogosian ont quitté Winnipeg pour mettre le cap sur Buffalo en retour de Tyler Myers, Drew Stafford, deux espoirs et un choix de première ronde, Bergevin n’a pas été surpris.

«On voyait ça venir depuis un moment. Je n’étais pas au courant de tous les détails, mais disons que tous les DG savaient que Kane partait de Winnipeg et que Buffalo était sa destination», assurait Marc Bergevin plus tôt cette semaine.

La transaction qui a envoyé Jaromir Jagr en Floride a toutefois pris le DG du Canadien par surprise. «Celle-là, je ne l’ai pas vu venir», a admis candidement Bergevin.

Était-il déçu ? Marc Bergevin s’est-il fait couper l’herbe sous le pied par son homologue Dale Talon avec qui il a partagé le souper lors de la dernière escale des Panthers au Centre Bell. «Je n’entrerai pas dans les détails, mais je peux dire qu’on s’intéressait à Jagr. Comme à plusieurs autres joueurs.»

S’il est au fait de ce qui se passe autour de la LNH, Marc Bergevin n’arrive pas à comprendre comment les rumeurs naissent et prennent de l’ampleur même si elles ne font aucun sens.

«Ça me fait rire dans un sens, mais des fois ça me choque de voir que du monde lance des rumeurs qui n’ont pas d’allure et que des gens les croient. Je comprends que les journalistes et les amateurs aiment profiter du «buzz» associé à la période des transactions pour lancer toutes sortes de transactions, mais il y a des limites. Des fois je me demande si ça ne vaudrait pas la peine d’exposer certaines de ces rumeurs pour que les amateurs comprennent à quel point elles n’ont pas d’allure. J’aime mieux m’en moquer et en rire…»

Marc Bergevin sourit aussi lorsqu’on lui demande ce qu’il pense des associations qui sont faites entre les matchs suivis par tel ou tel club et les chances que ces mandats de dépistages aboutissent sur des transactions.

«Si les gens savaient plus comment les choses fonctionnent, ils cesseraient de se creuser la tête avec ça. Une chose que je peux dire, c’est qu’ils ne devraient pas retenir leur souffle. C’est bien sûr que le Canadien suit des joueurs en particulier. Je le fais, mes dépisteurs professionnels le font. Toutes les équipes le font. Mais si vous vous demandez pourquoi mes gars sont dans une ville un soir et dans une autre le lendemain, et dans une troisième le surlendemain ou dans la même journée, la réponse est simple : les coûts de transport. Quand on dresse les horaires des gars, on regarde ce qui est le plus rentable. Si les Hawks jouent deux matchs en trois soirs et que les clubs-écoles autour sont aussi à domicile, tu peux être certain que les galeries de presse seront pleines. C’est simple. Tous les clubs maximisent leurs dépenses. C’est comme ça à Toronto, comme ça à Boston, comme ça dans la région de New York. Vous me faites rires avec ces enquêtes sur quelles équipes suivent quelles équipes.»