Claude Julien exigeait un bon début de match. L’entraîneur-chef du Canadien voulait que son équipe affiche un brin de hargne et deux brins de conviction à son retour de la pause du Match des étoiles.

Il l’a obtenu.

Car oui, le Canadien a bien amorcé son duel face aux Blues à St. Louis. On peut même dire qu’il a dominé un adversaire bien plus fort que lui pendant les 13, 15, 17 premières minutes de la rencontre.

Mais ce bon début de match n’a pu combler les lacunes criantes de l’équipe : incapacité des défenseurs d’orchestrer des sorties de zone digne de ce nom; incapacité de marquer quand c’est difficile de le faire; incapacité de Carey Price de faire ce qu’il a fait si souvent par le passé, c’est-à-dire de voler des matchs que son équipe ne mérite pas de gagner. Des lacunes qui sont mises davantage en évidence en raison des blessures qui gardent Shea Weber, Phillip Danault et Andrew Shaw hors de la formation, je veux bien, mais les blessures ne peuvent tout excuser.

Oui le Canadien a bien amorcé la rencontre. Oui il avait déjà 11 tirs au but lorsque les Blues ont obtenu leur tout premier de la rencontre en toute fin de premier tiers. Mais sur ces 11 tirs, un de Deslauriers dans l’enclave, un de Drouin et un autre de Galchenyuk lors d’une attaque massive ont offert de vraies occasions de marquer.

Les autres? Eh bien les autres ont simplement servi à mousser des statistiques avancées qui n’avancent à rien, car ils n’avaient rien, mais rien de rien, de menaçant.

Le Canadien disputait son 50e match de la saison mardi soir. Après 50 matchs, le Canadien n’a retraité au vestiaire avec une avance après 20 minutes de jeu que huit fois. Huit fois! C’est peu. Non c’est très peu. C’est trop peu en fait. Mais quand on considère que le Canadien a inscrit 22 fois le premier but de la rencontre, le fait qu’il ait retraité au vestiaire avec une avance huit fois seulement fait la preuve par 1000 de la très grande timidité de son attaque et de la porosité de sa défensive.

Malgré son très bon début de match, le Canadien n’a pas été en mesure de marquer le premier but du match. Il n’a pas été en mesure de terminer le premier tiers avec une avance qui ne l’aurait peut-être pas assuré d’une victoire, mais qui aurait moussé un brin ou deux ses chances de gagner. Pas surprenant alors qu’il ait perdu, comme le confirme le score final de 3-1 en faveur des Blues.

La saison du Canadien est fichue. C’est acquis. Mais il faut quand même afficher un minimum de fierté. Du moins il me semble.

Parce qu’il a été lamentable lors des dernières parties, le vétéran défenseur Jordie Benn a été chassé de la formation. Si ce retrait d’un vétéran apprécié se voulait l’électro-choc susceptible de fouetter le club, le choc n’a pas été assez fort.

Si on doit saluer la décision de Claude Julien d’effectuer ce changement justifié en raison des performances décevantes de Benn, l’entraîneur-chef devrait maintenir cette philosophie jeudi, en Caroline, et sortir David Schlemko, Karl Alzner, voire Jeff Petry tant les six défenseurs utilisés contre les Blues – Joe Morrow a peut-être été le moins pire un cran devant Victor Mete – ont globalement été mauvais mardi. Mauvais dans leur zone, mauvais autour de Carey Price, mauvais en sortie de zone, mauvais avec la rondelle et même sans la rondelle. Mauvais un point c’est tout.

C’est loin d’être encourageant pour les 32 prochains matchs. Car oui, il reste encore 32 matchs à disputer avant de fermer les livres sur cette saison misérable.

Ce sera long? Ce sera très long!

Observations sur cette 30e défaite du Canadien en 50 rencontres

  1. Price : aucune marge d’erreur
  2. Drouin : ça prend un deuxième effort
  3. Pacioretty : petite erreur qui en dit gros
  4. Trop loin de l’enclave
  5. Byron attaqué dans l’indifférence

Chiffre du match : 18 – Le Canadien s’est contenté d’un petit but ou moins – il a été blanchi sept fois – pour la 18e fois de la saison dans le cadre de son revers de 3-1 encaissé mardi à St.Louis. C’est le pire résultat de la LNH jusqu’ici cette saison. C’est aussi la première fois depuis la saison 1949-1950 que le Canadien affiche 18 matchs d’un but ou moins après 50 rencontres de saison régulière. En 49-50, il en comptait 19 après 50 rencontres…

Price : aucune marge d’erreur

Derrière une attaque qui ne marque pas assez de buts et une défensive qui ne fait rien pour l’aider, Carey Price n’a pas de marge d’erreur. Il se doit d’être parfait simplement pour offrir une chance de victoire à ses coéquipiers.

Price n’a pas été parfait à St. Louis.

Pris à contrepied en raison d’un revirement commis par son partenaire de travail Jeff Petry et bien trop sur les talons pour arriver à réagir avec rapidité et aplomb, Karl Alzner a compliqué la tâche à son gardien en lui voilant la vue. Obligé de se jeter rapidement sur les genoux, Price a ouvert la partie supérieure et Ivan Barbachev a su en profiter.

Est-ce que Price a été faible sur ce but?

Certains répondront oui. D’autres non. Mais ce qui est clair, c’est que le «meilleur gardien au monde», nous a habitués dans le passé à des arrêts effectués face à ces tirs de qualité. Des arrêts difficiles, parfois improbables, mais sans lesquels le Canadien est condamné à perdre.

Si vous suivez les matchs du Canadien depuis le début de la saison, il est clair que les adversaires du Tricolore ont la consigne de tirer haut contre Price. De viser les lucarnes. Le gardien a su s’ajuster à deux occasions devant le dangereux Vladimir Tarasenko. Parce qu’il est demeuré sur ses patins au lieu de s’écraser en tentant de couvrir le plus d’espace possible, Price a su effectuer deux arrêts. Le Russe a bien failli lui jouer un tour à une troisième occasion en frappant le poteau.

Si le jury délibère quant au niveau de responsabilité de Price sur le premier but, il est clair qu’il s’est montré trop généreux en accordant un trop long rebond en plein centre de l’enclave sur le deuxième but.

L’erreur initiale est bien plus imputable à David Schlemko qui s’est pratiquement sorti de la patinoire pour offrir un accès direct à son gardien à Tage Thompson qu’à Carey Price. C’est clair. D’ailleurs comment diable ce défenseur d’expérience que le Canadien nous a vendu comme le candidat qui devait remplacer Andrei Markov à la gauche de Shea Weber a pu ouvrir le centre comme il l’a fait au lieu de forcer son adversaire à tenter de se faufiler entre lui et le bande?

Mais Price a été bien trop généreux sur le retour. Avec les résultats qu’on connaît…

Drouin : ça prend un deuxième effort

Jonathan Drouin a eu des occasions de s’imposer offensivement à St.Louis mardi. Dès les premières minutes de la première période, il a offert une belle occasion à son ailier Nicolas Deslauriers. Il a lui-même obtenu un bon tir et a effectué quelques belles passes à son deuxième complice Alex Galchenyuk.

Parce que Drouin et ses compagnons de trio n’ont pas marqué, les manques de combativité dont le centre québécois s’est rendu coupable ont été mis en évidence.

Drouin a perdu sept des 11 mises en jeu qu’il a disputées mardi. Deux de ces «défaites» ont ouvert la porte à des poussées dangereuses des Blues en fin de première période. On l’a aussi vu se sortir du jeu en couverture défensive ouvrant la porte à une poussée des Blues en deuxième période.

Mais son pire jeu, c’est sur une poussée offensive qu’il s’est produit. Habilement rejoint sur le flanc droit par Alex Galchenyuk, Drouin a décoché un tir sur réception que le défenseur Jay Bouwmeester a été chanceux de stopper partiellement. Parce que Drouin a cessé de patiner après qu’il eut décoché le tir, il n’a pas été en mesure de sauter sur la rondelle que le défenseur des Blues cherchait après l’avoir stoppée. Une combativité à l’image de celle affichée par Brendan Gallagher qui ne lâche jamais aurait pu permettre à Drouin de s’offrir une deuxième, voire une troisième chance après l’insuccès initial.

Mais comme il a cessé de patiner une fois son tir décoché et qu’il s’est laissé glisser jusque derrière le but, on ne saura jamais ce qu’il aurait été en mesure de faire avec un brin plus de conviction dans son jeu.

Dommage!

Pacioretty : petite erreur qui en dit gros

À l’image de son équipe, Max Pacioretty connaît une saison difficile. En raison de ses trop longs passages à vide sur le plan offensif, le capitaine est victime d’analyses sévères à son endroit.

Parfois, c’est exagéré. Parfois, c’est justifié.

En fin de match mardi, alors que le Canadien profitait d’une attaque massive de cinq minutes en raison de la pénalité majeure décernée à Colton Parayko pour son double-échec par-derrière aux dépens de Paul Byron pour combler un recul de 0-2, Pacioretty s’est rendu coupable d’un revirement coûteux en zone neutre.

La rondelle était sautillante. Les circonstances n’étaient pas optimales pour aider Pacioretty à orchestrer une entrée en zone ennemie. Je veux bien. Mais le capitaine ne pouvait afficher la forme de nonchalance qui a ouvert la voie à la perte de rondelle dont il s’est rendu coupable avant qu’Alex Steen ne saute sur la rondelle échappée pour tirer dans une cage déserte puisque Price avait été rappelé au banc à la faveur d’un sixième attaquant.

Cette perte de rondelle et le but des Blues qui a suivi n’ont rien fait pour aider le capitaine à raviver sa cote de popularité auprès des fans de son équipe.

Pis encore, le but marqué 70 secondes plus tard par Brendan Gallagher a moussé les critiques à l’endroit du capitaine, car au lieu d’être à un but d’envoyer le match en prolongation avec 67 secondes à écouler en troisième, le Tricolore avait maintenant besoin de deux buts…

S’il est vrai que les Blues ont l’œil sur Pacioretty afin de s’offrir plus de punch offensif en vue de séries éliminatoires qui seront encore cette année très relevées dans l’Association Ouest, le capitaine du Canadien n’a rien fait pour mousser sa valeur sur le marché à 27 jours de la date limite des transactions.

Trop loin de l’enclave

Le Canadien affrontait l’un des gardiens de l’heure dans la LNH, à St.Louis, mardi. Si Carter Hutton a pu améliorer à 13-4-1 sa fiche depuis le début de la saison, s’il a pu mousser à 8-1-1 sa séquence irrésistible à ses 10 derniers matchs, s’il a pu améliorer à 94,5 % son efficacité cette saison et aussi sa moyenne de but alloué par match (1,70) – le gardien des Blues domine la LNH dans ces deux catégories – c’est bien sûr en raison de son talent.

Un talent que le Canadien a contribué à mettre en évidence en se contentant de tirer bien trop souvent de loin au lieu de foncer dans l’enclave.

C’est parce que Brendan Gallagher et Charles Hudon ont combiné leurs efforts à la porte du filet des Blues que le petit québécois a marqué son septième but de la saison tout en privant Hutton d’un troisième jeu blanc à ses six derniers départs.

Mais dans l’ensemble, les 34 tirs du Canadien sont venus de l’extérieur de l’enclave. En attaque massive, le Canadien a bien circulé la rondelle. Ce faisant, les joueurs présents ont été en mesure de refiler de belles passes sur le flanc afin d’offrir à Alex Galchenyuk des tirs sur réception.

Galchenyuk a décoché de bons tirs. Mais parce qu’il était campé loin d’être le cercle plein de mise en jeu plutôt que d’être campé dessus ou un peu devant, l’as marqueur du Canadien a vu le gardien effectuer des arrêts à ses dépens. Galchenyuk n’est pas le seul responsable, car la très grande majorité des tirs du Tricolore n’avait rien de bien menaçant. Ils ont bien aidé à mousser des statistiques avancées sans grande importance, mais ils sont loin d’avoir contribué à déstabiliser le gardien des Blues, voire à le mettre sérieusement à l’épreuve...

Byron attaqué dans l’indifférence

Colton Parayko n’avait aucune raison d’asséner un double-échec dans le haut du dos de Paul Byron qui s’est ensuite retrouvé tête première dans la bande. Heureusement pour le petit joueur de centre du Canadien, c’est l’épaule droite en non la tête qui a semblé essuyer le plus gros de l’impact.

Malgré tout, il sera intéressant de voir si la LNH décidera d’imposer une sanction supplémentaire à l’endroit du défenseur géant des Blues. Le fait qu’il ait écopé une pénalité majeure sur le jeu survenu avec moins de trois minutes à faire au match pourrait pousser les responsables de la sécurité des joueurs à conclure que la sanction imposée sur la glace est suffisante.

On verra.

Mais peu importe que la LNH vienne ou non à la défense de Byron, j’ai trouvé très significatif que personne dans le camp du Tricolore ne soit venu à la rescousse d’un coéquipier frappé sournoisement. Je veux bien que Tomas Plekanec et Artturi Lehkonen ne soient pas des matamores. Je veux bien croire que le Canadien dans l’ensemble – avec Weber et Shaw sur la touche, il ne restait que Deslauriers et encore, il était sur le banc – n’est pas le genre de club susceptible de sortir les bras en guise de réprimande à l’endroit d’un adversaire qui s’est permis un tel assaut, mais quand la seule réaction à la suite d’un geste aussi vicieux est celle du soigneur qui s’amène en courant, disons que ça en dit long sur l’esprit de corps qui uni une équipe. Ça en dit aussi très long sur le fait que le groupe semble avoir déjà mis un terme à la saison, même s’il reste encore 32 matchs à disputer.