Un mot résume très bien l’odeur qui flotte à l’intérieur du Garden et aux quatre coins de Boston à l’aube de l’affrontement contre le Canadien de Montréal en deuxième ronde des séries : le mot confiance.

Dans le Boston Herald, le tabloïd populaire qui a souvent lapidé les Bruins de critiques par les années passées, le collègue Steve Buckley soutient que les Bostonnais ont maintenant raison d’avoir confiance en leurs oursons.

Même l’ami Kevin Paul Dupont, columniste au très sérieux Boston Globe qui a souvent été à couteaux tirés avec l’état-major de l’équipe, soutient que la confiance des fans à l’endroit de leur équipe est inégalée cette année. Bon! En bon joueur qu’il est, Kevin se garde une petite gêne en relevant tous les vilains tours que le Canadien a su jouer aux Bruins en séries éliminatoires au cours de leur histoire.

Pour le reste, la confiance règne. Il faut dire que Buckley et Dupont ne jouent pas à la roulette russe avec cinq balles dans le barillet en appuyant les Bruins comme ils le font à l’avant-veille de cette série qui s’annonce émotive à souhait.

En passant, on ne sait toujours pas officiellement quand la série s’amorcera. Les paris favorisent vendredi, mais cela pourrait vouloir dire deux soirées sans hockey à la télé nationale américaine. Une bien vilaine stratégie de marketing pour la LNH qui souhaitait justement bâtir sur la frénésie créée en première ronde pour élargir son auditoire.

Mais bon! Il y a collation des grades au Garden en avant-midi vendredi et selon les murmures qui flottent à l’intérieur du domicile des Bruins, Jeremy Jacobs ne voudrait pas ouvrir les coffres pour payer comme il se devrait de le faire les employés qui devraient travailler en double toute la nuit de jeudi à vendredi pour préparer l’amphithéâtre dans l’éventualité où le premier match serait disputé jeudi soir.

On verra!

Pourquoi faire tant confiance aux Bruins à l’aube de leur série face au Canadien.

Peut-être parce qu’ils sont champions dans l’Est et qu’ils n’ont pas perdu plus de deux matchs de suite – en temps réglementaire – cette saison.

Peut-être parce que leur gardien Tuukka Rask confirme depuis le début des séries sa sélection à titre de finaliste dans la course au trophée Vézina avec une moyenne de 1,16 but accordé par match aux Red Wings de Detroit et une efficacité de 96,1 %.

Peut-être parce que Zdeno Chara et Patrice Bergeron confirment eux aussi leur présence parmi les meilleurs défenseurs et attaquants défensifs du circuit par leur sélection parmi les finalistes de la LNH dans les courses aux trophées Norris et Selke.

Peut-être parce que les Bruins sont premiers dans la LNH depuis le début des séries avec 6 buts en 16 attaques massives pour une moyenne d’efficacité de 37,5 %.

Peut-être parce qu’ils sont troisièmes à court d’un joueur, n’ayant accordé que deux petits buts en 20 désavantages numériques.

Peut-être aussi parce que les Bruins, depuis leur conquête de la coupe Stanley en 2011, ont remporté huit des six séries éliminatoires qu’ils ont disputées…

Individuellement, chacune de ces raisons aiguiserait la confiance du plus pessimiste partisan. Du plus « chialeux » des journalistes.

Collectivement, tous ces motifs confirment que les Bruins inspirent non seulement la confiance dans le camp de ses partisans, mais un brin ou deux de crainte dans le camp ennemi.

Ce qui sera normal.

« Les Bruins n'ont pas peur du Canadien »

Confiance et respect 

Quel est le niveau de confiance au sein du vestiaire? La réponse viendra en fin d’avant-midi mardi alors que les Bruins renoueront avec l’entraînement après deux journées de congé. Deux journées accordées par Claude Julien au lendemain de l’élimination des Red Wings de Detroit. Un bon club qui n’a pas fait le poids contre la machine implacable des Bruins.

S’il faudra patienter quelques heures avant de tâter le pouls des joueurs, il était clair que le directeur général Peter Chiarelli – venu rencontrer les journalistes pour pallier les absences de ses joueurs et de son coach Claude Julien – affichait lui aussi une bonne dose de confiance. Mais aussi de respect.

« Ce sera une autre série difficile. Nous avons eu notre part de difficultés (une victoire, trois revers) contre le Canadien cette saison. Traditionnellement, cette équipe nous a souvent donné du fil à retordre. On sait qu’ils sont petits, rapides, combatifs. Cela dit, les Red Wings comptaient sur ces qualités et eux aussi nous avaient battus en saison. Et on a vu ce qui s’est produit en première ronde. Ils comptent sur un bon gardien – un très bon s’est ensuite repris Chiarelli – ils se sont améliorés avec l’acquisition de (Thomas) Vanek. Ce sera une série intéressante. Elle représente un beau défi, mais je crois qu’avec nos atouts, nous serons en mesure de relever ce défi », a mentionné le DG des Bruins en guise de première réponse à son point de presse.

Du poids et le de la vitesse

Peter Chiarelli pourrait difficilement prétendre que le poids et le style physique de son équipe ne sont pas ses principales qualités. Ses armes de prédilection.

Comme son entraîneur-chef Claude Julien et comme les joueurs qu’il a embauchés et paye grassement, le DG des Bruins s’insurge toutefois contre ceux qui prétendent que son club est lent.

« Je regarde tous nos matchs et je vois des gars qui sont capables de patiner avec n’importe qui, qui peuvent rivaliser de talent avec n’importe qui. Oui, nous avons une identité qui nous est propre. Peut-être qu’elle l’est tellement qu’elle entache les autres facettes de notre jeu. Mais regardez notre club. Nous sommes plus qu’un club simplement physique. »

Si le poids et la façon dont les Bruins l’utilisent servent souvent la cause de son équipe, Peter Chiarelli reconnaît que ses joueurs devront afficher de la discipline dans la série qui se profile.

« Je ne sais pas si ce n’est qu’une impression, mais il me semble que les arbitres ont décerné beaucoup plus de pénalité en première ronde cette année. Rien n’indique que cette tendance s’adoucira. Il nous faudra donc être disciplinés. C’est évident. Mais ce qui est vrai pour nous l’est aussi pour les autres. Surtout si notre attaque massive fonctionne comme elle le fait depuis le début des séries. »

Chara un grand leader 

Avec un noyau solide composé de vétérans qui ont gagné la coupe Stanley en 2011, les Bruins se sentent prêts pour un long printemps. Surtout que les jeunes – surtout les défenseurs – ont pris la relève avec succès. Avec beaucoup de succès.

Au cœur de ce noyau se trouve le capitaine Zdeno Chara qui n’en finit plus d’épater et d’imposer un leadership contagieux au sein du vestiaire et sur la patinoire.

« Même s’il ne rajeunit pas – le géant défenseur slovaque vient d’avoir 37 ans – Z est toujours le meilleur défenseur défensif de la LNH. Sans l’ombre d’un doute. Il n’est pas flamboyant ou spectaculaire, il est simplement très bon. Si le trophée Norris était réservé au défenseur défensif, il en aurait bien plus qu’un (2009) à son actif », a plaidé Peter Chiarelli.

Le DG des Bruins préconiserait d’ailleurs la création d’un autre trophée – disons le trophée Bobby-Orr ou le Paul-Coffey – remis au meilleur défenseur offensif de la LNH. « Ce sujet a déjà été abordé lors de réunions de la LNH et je crois que ce serait une bonne idée. »

Plus que ses performances et les honneurs individuels qui s’y rattachent, c’est la volonté de Zdeno Chara de tout faire pour aider son club à gagner qui impressionne son patron.

« Quand nous lui avons demandé de venir se camper devant le filet adverse lors des attaques massives, Zdeno n’a pas rechigné. Il ne pouvait pas vraiment refuser – a dit Chiarelli en riant –, mais il ne s’est pas simplement contenté d’accepter. Il a adopté ce rôle en déployant tous les efforts nécessaires pour s’améliorer. C’est le genre d’homme, de joueur, de leader qu’il est. Comme Rask (Tuukka) et Bergie (Patrice Bergeron), Zdeno Chara accorde de l’importance aux honneurs individuels. C’est normal. Mais c’est la soif de victoire, la soif de se rendre jusqu’au bout qui les pousse davantage à performer comme ils le font », a conclu Chiarelli qui a bâti un club solide autant à l’attaque, qu’à la ligne bleue ou que devant le filet.

Comme si ce n’était pas assez, ce club est aussi en santé. Bon! Il traîne quelques blessés dont le vétéran défenseur Dennis Seidenberg et les attaquants de soutien Daniel Paille et Chris Kelly. Mais pour le reste, tous les joueurs sont en forme contrairement à l’an dernier alors que Patrice Bergeron, pour ne nommer que le joueur de centre québécois, jouait en dépit de côtes fracturées et d’une épaule disloquée.

Impossible de savoir si Paille, Kelly ou Seidenberg pourraient venir aider les Bruins en deuxième ronde. « Non! », a d’ailleurs répondu Chiarelli lorsqu’on lui a demandé s’il avait des nouvelles à offrir sur les blessés.

Venu commenter sa sélection à titre de finaliste au trophée Norris, Zdeno Chara a tenu à souligner que sa présence et celles de ses coéquipiers Rask et Bergeron ne faisaient que confirmer l’excellence des Bruins et la très bonne saison qu’ils ont connue. Une saison qu’ils veulent prolonger le plus longtemps possible.

Après leur conquête de la coupe Stanley en 2011, les Bruins ont baissé pavillon en première ronde face aux Capitals de Washington l’année suivante. L’an dernier, ils ont battu tour à tour les Maple Leafs – non sans difficulté en prolongation lors du 7e match – les Rangers et les Penguins avant de voir les Blackhawks de Chicago leur ravir la coupe Stanley des mains.

Après avoir éliminé les Red Wings en première ronde, les Bruins entendent maintenant réserver le même sort au Canadien.

Y arriveront-ils ? On verra. Mais s’ils jouent avec la même confiance qui flotte au-dessus de Boston par les temps qui courent, ils pourraient bien y arriver oui. À moins que cette odeur de confiance ne leur joue des mauvais tours…