Carey passe la « moppe »
Canadiens dimanche, 18 déc. 2016. 00:09 jeudi, 12 déc. 2024. 04:48Vingt-quatre heures après le «drame», il n’y avait pas mille façons de faire oublier le revers désolant du Canadien aux dépens des Sharks et surtout le regard de Carey Price dirigé vers Michel Therrien et/ou le reste de ses coéquipiers lorsqu’il a été rappelé au banc en début de deuxième période.
De fait, il n’y en avait qu’une : il fallait gagner. Il fallait battre les Capitals de Washington.
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Un défi pas évident considérant la pression qui reposait sur les jambières de Price et sur le reste de l’équipe qui, j’espère qu’on sera d’accord, lui en devait une. Un défi moins évident encore considérant que sur papier, les Caps étaient à des milles devant le Canadien dans les chances réelles de l’emporter.
En se dressant comme il l’a fait devant son but, Carey Price a non seulement guidé son équipe vers une victoire aussi importante que surprenante. Il a aussi et surtout passé la «moppe» sur toutes les taches laissées sur le plancher après sa déconfiture de vendredi et celle de son équipe.
Price n’a eu qu’à réaliser 15 arrêts pour signer sa 250e victoire en carrière. Ses coéquipiers en ont effectué trois de moins seulement pour l’aider à atteindre ce plateau important.
Comme quoi les joueurs avaient compris qu’ils devaient rembourser leur gardien après l’affront associé à son retrait du match après le 4e but des Sharks. Un affront dont ils étaient tous un brin ou deux responsables en raison de l’atrocité de leur performance face aux Sharks en première moitié de match.
«Je n’ai jamais eu le moindre doute que nous rebondirions comme nous l’avons fait ce soir», a lancé Carey Price après le match.
Une fois la moppe passée sur les aspects hockey, Price s’est assuré d’en donner encore quelques coups pour essuyer toutes les interprétations associées à son regard.
«J’étais en furie», a simplement admis le gardien quand on lui a demandé d’expliquer son regard lancé en direction du banc.
«En furie contre moi, contre la situation, contre le reste de l’équipe», que Price a ajouté.
Bien que ce soit mon interprétation, je ne peux assurer que le gardien a volontairement omis d’ajouter le nom de Michel Therrien à sa liste de doléances. Mais j’ai adoré le fait que Price ait ajouté que lui et tous les autres membres de l’organisation sont des professionnels et qu’ils ont tous pris les moyens pour se remettre des tristes évènements de vendredi et des éventuelles discussions et/ou réprimandes lancées en marge de son retrait du match. Ça veut dire ce que ça veut dire. Ça veut dire que sans mettre personne dans l’embarras Price souligne qu’il a peut-être – sans doute même – vidé son sac à des coéquipiers, à des adjoints, peut-être même à Michel Therrien, voire Marc Bergevin, mais qu’une fois la tempête passée, le calme est revenu et il a pu reprendre son travail là où il l’avait laissé face aux Sharks.
D’où l’importance de gagner à Washington. Car si le Canadien avait perdu ou pis encore, si Price et ses coéquipiers avaient connu un deuxième mauvais match de suite – et je ne parle même pas ici d’un deuxième rappel au banc en deux matchs – les spéculations qui se sont propagées comme la lèpre après le «regard» de Price en direction du reste de l’équipe auraient continué à faire des ravages.
La victoire et les propos d’après-match du gardien ont permis de désinfecter la plaie avant qu’elle atteigne des proportions démesurées.
Grosse promotion pour Danault
Parce que tous les yeux étaient rivés sur Carey Price – et cette fois c’était bien normal –, quelques joueurs du Canadien et des Caps ont passé la soirée dans l’ombre.
Et c’est dommage.
Dommage pour Phillip Danault qui a fait du travail remarquable à son premier match entre Max Pacioretty et Alexander Radulov au sein du premier trio.
Après que Tomas Plekanec eut obtenu le mandat initial de renter de palier la perte d’Alex Galchenyuk, Danault a obtenu une grosse promotion à Washington samedi. Et il a donné raison à Michel Therrien de lui faire ainsi confiance.
Pas question de tenter de vous faire croire que Danault peut assumer un tel rôle sur une base régulière ou qu’il souffle dans le cou de Galchenyuk.
Non!
Mais Danault a obtenu cette promotion en guise de récompense à tous les bons matchs qu’il a disputés depuis le début de la saison. De solides performances qu’il a accumulées en dépit du fait qu’il ait eu à remplir des mandats très différents au sein de tous les trios.
Danault a très bien fait face aux Caps. Exception faite des mises en jeu où il n’a pas atteint la barre des 50 % -- cinq mises en jeu gagnées en 12 disputées : 42 % -- il a été non seulement visible dans tous les aspects du jeu, mais on l’a vu pour les bonnes raisons.
Max Pacioretty, qui n’a pas connu un grand match, s’est fait pardonner un tas de choses en refilant une passe savante à Jeff Petry qui, fonçant au filet, a marqué l’éventuel but gagnant pour le Canadien. Mais en entrée de territoire des Caps, Phillip Danault a accepté une mise en échec après s’être assuré de remettre la rondelle à son capitaine au lieu de se protéger. Un petit jeu qui fait une grosse différence.
Danault a aussi été efficace en échec avant et autour du filet des Caps alors qu’il a bourdonné près de Braden Holtby qui lui a d’ailleurs volé un but en première période.
Du travail bien fait.
Weber s’impose dans l’ombre
Que dire aussi de la performance de Shea Weber? Qu’en dépit du fait qu’il ait prolongé à 11 sa série de matchs consécutifs sans but et à neuf sa séquence de matchs de suite sans point, le gros défenseur a été un roc à la ligne bleue du Canadien.
Les huit buts et 17 points de Weber lors de ses 20 premiers matchs avec le Canadien ont fait oublier qu’il est un défenseur beaucoup plus efficace que flamboyant.
L’accalmie offensive combinée à quelques matchs plus ordinaires il est vrai a soulevé des questions qui commençaient à se transformer en doutes lors des derniers jours. Le Canadien a-t-il vraiment si bien fait en échangeant P.K. Subban pour Weber?
Weber a répondu hier. Je n’aime pas le fait que Weber ait raté la cible sur les deux tirs qu’il a décochés au cours du match – en passant deux tirs décochés, ce n’est pas assez non plus –, mais Weber a bloqué cinq des 12 rondelles bloquées en défensive par les coéquipiers de Carey Price.
Son quatrième arrêt l’a conduit au vestiaire où il a dû retraiter en fin de période médiane après qu’il eut reçu la rondelle à l’intérieur du genou droit. Mais Weber est revenu. Et c’est encore vers lui qu’on s’est tourné pour protéger Price et la mince avance d’un but en fin de rencontre.
Weber a effectué 27 présences samedi. C’est une de moins que John Carlson qui a toutefois passé 158 secondes de moins que Weber sur la patinoire.
En dépit d’une ou deux présences qu’il a ratées en fin de deuxième période, Weber a passé 26 :39 sur la glace. N’eût été cette absence, il aurait flirté avec les 30 minutes de travail. Dans le cadre d’un match qui ne va pas en prolongation, c’est énorme.
Comme quoi en dépit du manque à gagner offensif remarqué au fil des quelques 10 derniers matchs, Weber demeure le défenseur le plus important du Canadien et l’un des très bons de la LNH.
Pas surprenant que le Canadien au grand complet ait poussé un long soupir de soulagement lorsqu’il a réintégré sa place en début de troisième période. Il ne reste qu’à espérer que les prochains jours n’envenimeront pas sa situation. Car déjà hypothéqué comme il l’est avec les blessures – Andrei Markov n’a pas terminé la rencontre d’hier, ce qui représente une source d’inquiétude pour le vétéran qui n’a raté que deux matchs lors des trois dernières saisons –, le Canadien ne pourrait se permettre de perdre Weber en ce moment. Et s’il le perdait, ceux qui affichent des doutes à l’endroit de l’arrière venu remplacer Subban à la ligne bleue du Canadien réaliseraient rapidement à quel point ils se trompent dans leur analyse du travail du vétéran venu de Nashville.
Dans l’ombre de Price, de Danault et de Weber, il est important de souligner la performance solide de Jeff Petry qui est à son meilleur lorsque le Canadien affronte des clubs rapides qui ne viennent pas le frapper rondement en échec avant. Vrai que les Caps ont asséné 43 mises en échec samedi, mais Petry a malgré tout été en mesure de miser sur ses qualités de patineur et de passeur. Des qualités que l’on perd parfois de vue dans les matchs très physiques.
J’ajouterais aussi le nom d’Artturi Lehkonen qui a marqué son 6e de la saison – un but un brin chanceux, mais un but quand même –, mais a surtout démontré une fois encore qu’il a la vitesse, la vision et le sens du hockey pour assumer un poste régulier au sein du top-6 du Tricolore.
Une moins bonne note doit aller à Nathan Beaulieu qui a fait bien mal à son équipe en narguant un arbitre en marge d’une décision un brin sévère à son endroit. Un geste inutile qui lui a coûté 10 minutes d’inconduite et qui a surtout plongé son club dans le trouble puisqu’il s’est soudainement retrouvé avec quatre défenseurs seulement pour terminer la deuxième période.
Beaulieu est jeune, mais ce n’est plus une recrue. Il n’a pas le droit de se permettre ce genre de « trip de vedette » aux dépens des arbitres qui ne laisseront jamais passer un geste visant à les ridiculiser.
Ah oui! Michael McCarron, au centre du quatrième trio, a effectué quelques bonnes présences dans un deuxième match consécutif. C’est encourageant.
Le Canadien sera à la maison mardi et jeudi pour affronter Anaheim et le Minnesota avant de terminer l’avent à Columbus vendredi. Ce match revanche face aux Blue Jackets marquera la première des neuf parties que le Canadien disputera sur la route sur une séquence de dix matchs qui prendra fin le 12 janvier prochain.
Une séquence historiquement difficile. Non! très difficile…
D’où l’importance de la victoire de samedi aux dépens des Caps et du grand coup de moppe que Carey Price a donné en aidant le Canadien à battre Washington.