MONTRÉAL – Avant d’entamer la saison qui s’est terminée en queue de poisson, Phillip Danault se battait pour un poste dans la formation partante du Canadien. Même son agent et ses parents n’auraient pas osé imaginer qu’il allait se hisser jusqu’au rôle de centre numéro un.

Après tout, le Québécois de 24 ans ne détenait qu’une mince expérience d’une cinquantaine de matchs dans la LNH lorsqu’il a amorcé le camp d’entraînement en visant une place régulière sur le quatrième ou bien le troisième trio.

Malgré la sortie trop rapide du Canadien en séries, il aurait été dommage de rencontrer un Danault négatif dans le cadre du bilan de l’équipe. La déception était encore immense en lui, mais il commençait à retrouver une partie de sa joie de vivre en repensant à cette année « folle » sur le plan personnel.

« Je suis parti de vraiment loin, j’étais à l’aile sur le quatrième trio (au départ). Alex (Radulov) et Max (Pacioretty), ce sont deux grands joueurs qui m’ont montré comment faire. Juste le fait de pouvoir dire que j’ai joué avec eux, ce n’était pas dans ma tête au début de l’année et je suis très heureux de l’avoir réussi. Ç’aurait été plus le fun de finir d’une meilleure façon, mais je suis très content de mon évolution personnelle », a commenté Danault.

Un poste aussi névralgique, une production de 40 points (13 buts et 27 aides) et une utilisation moyenne de 15 :35, un bilan supérieur à ses attentes vous dites ?

« Oui, je me battais presque pour un poste au début de la saison, je souhaitais jouer tous les matchs. Les choses ont explosé à partir du moment que j’ai trouvé ma confiance et j’ai gagné celle des entraîneurs. Je veux que ça continue et je veux devenir encore meilleur », a admis Danault qui était plus solide physiquement au camp d’entraînement.

Dans un monde idéal, l’ancien des Tigres de Victoriaville aurait été en mesure de poursuivre sur cette lancée durant les séries, ses premières en carrière. Malheureusement, la bouchée était un peu trop grosse pour l’instant.

« C’était une expérience inoubliable, c’est certain que je garde ça dans mes bagages et je vais utiliser ça pour plusieurs années à venir. Il y a certaines erreurs que tu ne refais pas. Ça reste un gros apprentissage en tant que joueur », a évalué Danault.

L’état-major aurait difficilement pu en demander plus de sa part. Son bulletin a donc été décoré en conséquence même si Marc Bergevin a admis que Danault n’était pas un véritable centre numéro un actuellement. Loin d’être dupe, le choix de première ronde (26e au total) en 2011 sait que ce rôle pourrait lui échapper la saison prochaine.

« Être premier ou deuxième centre, ça reviendrait pas mal au même. On serait là pour se pousser et s’aider. Je ne m’attends pas absolument à ce poste. On croit en Marc et les changements qu’il pourrait effectuer », a émis Danault.

Il ne s’agit pas d’un changement à proprement parler, mais le retour de Radulov serait une bénédiction pour le club aux yeux de Danault.

« Je le souhaite pas juste pour ses aptitudes et sa personnalité, mais parce que c’est un joueur qui travaille. Il procure tellement d’énergie et d’émotions au groupe qu’il est impeccable pour nous. Un travaillant comme lui, tu ne trouves pas ça à tous les coins de rue », a avoué Danault qui aime utiliser des expressions courantes.

Un passage éprouvant pour Gallagher

Pendant que Danault s’amusait sur la patinoire, son coéquipier Brendan Gallagher a dû surmonter une épreuve de taille. Pour la deuxième fois en deux saisons, le combatif ailier a subi une grave blessure à la main gauche.

Cette fois, c’est un tir de Shea Weber qui est venu amocher sa main durant le match du 4 janvier à Dallas.

« Celle-ci a été difficile, c’était frustrant de composer avec ça deux années de suite. Ce fut une étape éprouvante de ma carrière, mais il faut s’y faire et s’adapter. Mon jeu est redevenu meilleur au fur et à mesure que je suis devenu confortable avec les sensations de ma main qui ne sont plus mêmes », a convenu le patineur de 24 ans.

« Notre équipe peut marquer, mais nous n'avons pas exécuté »

Le but qu’il a marqué pendant le cinquième de la série contre les Rangers constitue une preuve éloquente. Son tir impeccable dans le haut du filet lui a fait le plus grand bien.

« C’est très important pour mon jeu. Les gens savent que j’aime travailler autour du filet, mais c’est bien de pouvoir compter d’un peu plus loin. C’était rafraîchissant parce que je ne trouvais pas que j’avais cet outil dans mon jeu pendant un certain temps. Je vais continuer de travailler pour être encore plus à l’aise avec mon lancer », a commenté Gallagher qui doit s’adapter à la mobilité différente de sa main.

Un contrat à vie pour Markov

De façon étonnante, Andrei Markov était probablement parmi les joueurs les plus souriants lors du bilan du Canadien. Bien sûr, c’est relatif. Markov n’avait pas le sourire fendu jusqu’aux oreilles, mais il était plus enclin à plaisanter qu’à son habitude.

Le Russe de 38 ans n’avait pas encore digéré l’élimination de sa troupe, mais il avait le droit de se réjouir pour une autre saison personnelle épatante. Pour cette raison, il serait surprenant de le voir déménager pour compléter sa carrière.

« Comme vous savez, ma première option sera Montréal et j’aimerais rester ici. Je voudrais terminer ma carrière avec le Canadien, mais on verra ce qui va arriver.

« J'aimerais terminer ma carrière ici »

« Ma famille aime la ville tout comme moi. C’est ma priorité de rester ici », a rappelé l’artiste-passeur qui croit au développement de l’équipe.

« J’aimerais signer pour le reste de ma vie », a-t-il même ajouté en souriant.

Max Pacioretty ne serait pas surpris de voir Markov défier les statistiques en tenant le coup pendant encore quelques saisons.

« Il est incroyable. Il utilise avant tout son cerveau sur la patinoire donc je pense qu’il travaille contre la science en ce qui concerne son âge et son corps. Je ne peux pas m’imaginer jouer à Montréal sans lui. Ce n’est pas moi qui décide, mais oui, j’aimerais le voir rester ici pour le reste de sa vie », a confié le capitaine.

Au cumulatif, Markov a joué 990 parties régulières avec le Tricolore et 89 en séries éliminatoires. Mais qu’est-ce que cet oiseau rare de Voskresensk, en Russie, peut-il aimer autant de Montréal ?

« La passion des partisans, c’est quelque chose de particulier », a noté Markov avant d’enchaîner avec une remarque inattendue.  

« Vous aussi (les médias), c’est spécial. Ce ne sont pas toutes les villes qui ont autant de couverture médiatique. C’est une ville spéciale pour le hockey », a osé dire celui qui demeure plutôt froid devant la presse habituellement.  

-Tu vas t’ennuyer de nous cet été ? C’est ce que tu nous dis ?, lui a demandé un confrère.

-Bien sûr !, a-t-il conclu en embarquant dans le jeu.