MONTRÉAL – Ça n’arrive pas souvent, mais ce n’est jamais plate quand David Savard marque un but.

Le 28 décembre, contre le Lightning de Tampa Bay, Savard avait intercepté une tentative de sortie de zone à la ligne bleue adverse, avait déjoué nul autre que Victor Hedman en ramenant la rondelle sur son revers puis avait battu le gardien Maxime Lagacé d’un tir vif. Son but donnait au Canadien, alors dévasté par la COVID-19, une avance tard en troisième période contre les champions en titre de la coupe Stanley.

ContentId(3.1403738):Canadiens : David Savard crée l'égalité face aux Maple Leafs (LNH)
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Savard a ressorti ses mains lundi dernier contre les Bruins de Boston. Après avoir échangé avec Alexander Romanov à la ligne bleue, il a quitté sa position pour s’offrir en option de passe, a reçu la rondelle près de l’enclave et a défié trois adversaires avant de battre Jeremy Swayman d’un étonnant tir du revers.

Samedi, contre les Leafs, le vétéran barbu a refait son numéro. Pendant que Cole Caufield était étroitement surveillé devant le filet, Savard a surpris William Nylander en fonçant vers la peinture bleue pour combiner avec Laurent Dauphin qui avait bien lu sa ruse. Dominé jusque-là, le Canadien a repris vie.

« Il n’est pas le plus fluide sur patins, mais il sait se rendre au bons endroits aux bons moments et ses habiletés offensives sont surprenantes, a fait remarquer Jake Allen après la victoire du CH. Ça faisait partie de son arsenal à l’époque où on s’affrontait dans la LHJMQ et souvent, les gars qui ont ça ne le perdent jamais vraiment. »

« Depuis qu’il est revenu et qu’il est rentré dans nos concepts de jeu, il a de l’offensive que je ne pensais pas qu’il avait, a avoué dans la même veine l’entraîneur Martin St-Louis. Le monde me dit que junior, il avait toujours de l’offensive dans sa game. Quand tu arrives dans la Ligue nationale, des fois il faut que tu rentres dans un rôle. Mais de la manière dont on joue, je pense que tu vois que ce gars-là a un peu d’offensive dans sa game. »

Savard a décoché trois tirs au but dans deux de ses trois matchs depuis qu’il est revenu d’une blessure à une cheville qui l’a tenu à l’écart pendant plus de deux mois. Ça n’était arrivé que quatre fois dans ses 42 premiers matchs de la saison. Peut-être qu’il se laisse effectivement aller, le bon David, en constatant que les Kulak, Chiarot et Petry n’y sont plus depuis son retour au jeu.

La mention d’aide qu’il a ajoutée à sa fiche samedi – il a dégagé le devant de son filet d’un violent tourniquet pour envoyer Paul Byron et Christian Dvorak profiter d’un but désert – restera toujours plus représentative de l’identité qu’il s’est forgée pendant les 13 années qui ont suivi sa saison de 77 points avec les Wildcats de Moncton. Celle d’un défenseur d’abord soucieux du travail dans son territoire, dévoué à la cause collective et généreux dans l’effort. Celle du gars qui a été sur la glace pendant 4 min 28 secondes sur les 4 min 52 secondes pendant lesquelles son équipe s’est défendue à court d’un homme contre les Leafs.

Mais il semble aussi trouver son compte dans ce que demande son nouvel entraîneur, dont il commence à peine à mettre en pratique les enseignements après une longue convalescence.

« Je pense que Marty est similaire à [John Tortorella], qui a longtemps été son entraîneur, a expliqué Savard, qui a lui-même été dirigé pendant six ans par Tortorella avec les Blue Jackets de Columbus. J’avais justement parlé à Torts quand Marty est arrivé. Dans le fond, c’est un peu similaire, il faut être agressif partout. La façon dont son système fonctionne s’accorde bien avec la façon dont j’ai joué dans les dernières années, donc ça a été facile de m’adapter. »

St-Louis et le directeur général Kent Hughes ont tous deux été cités depuis leur embauche respective au sujet de leur volonté de compter sur une équipe rapide. Il ne s’agit pas d’un critère auquel devait répondre Savard lorsque l’administration précédente lui a offert un contrat de quatre ans l’été dernier, mais il se voit néanmoins cadrer dans la nouvelle identité du CH.

« Ce n’est pas juste le patin qui va faire que tu joues rapidement sur la glace et je pense que je vais m’adapter un peu au système de jeu, a-t-il plaidé. On va voir où ça va aller et s’ils décident de me garder pour mon contrat. C’est sûr que j’espère rester ici, je suis bien ici, On a eu un début de saison difficile, mais on voit que cette équipe a du talent. On est capable d’être compétitifs contre n’importe quelle équipe et je veux en faire partie. »

Deux prometteurs défenseurs, Justin Barron et Jordan Harris, sont arrivés dans l’organisation cette semaine. Un autre, Kaiden Guhle, les y rejoindra dès l’an prochain. Ces jeunots sont destinés à prendre le poste de Savard dans un avenir pas si lointain. Mais dans la période tampon nécessaire à toute bonne transition, ce dernier pourrait être le mentor idéal.

« Il faut que tu aies des vétérans, a dit St-Louis samedi. Tu as des jeunes qui s’en viennent, il faut qu’ils soient encadrés par des bons vétérans. C’est ça, Savvy. »