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MONTRÉAL - Les défaites consécutives encaissées mercredi, à Toronto, et jeudi au retour de l’équipe au Centre Bell ne mettent pas en péril la présence du Canadien en séries éliminatoires.

 

Du moins pas encore...

 

Mais la façon dont le Tricolore a perdu aux mains des Leafs et des Jets est de nature à sérieusement mettre en péril les chances de succès du Canadien lorsqu’il sera rendu en séries.

 

Mercredi soir à Toronto et encore hier au Centre Bell, les Leafs et les Jets ont marqué sur leur toute première occasion de le faire. Sur leur tout premier tir en fait. Et ce n’est pas parce que Phillip Danault, comme l’avait fait la veille Corey Perry, a rapidement répliqué pour le Canadien qu’il faut croire qu’il est facile de se remettre d’un si mauvais début de rencontre.

 

Les deux petites victoires signées jusqu’ici cette saison (2-8-2-3) dans le cadre des 15 matchs que le Canadien a amorcés en accordant le premier but à ses adversaires le démontrent d’ailleurs avec éloquence. Surtout que le Tricolore a une fiche diamétralement opposée lorsqu’il s’offre ce premier but : une fiche de 15 gains dans le cadre des 22 rencontres (15-3-3-1) dont il a pris le contrôle en enfilant le premier but.

 

Ces données sont plus que de simples statistiques. Elles dénotent des tendances lourdes et difficiles à ébranler.

 

Le Canadien a d’ailleurs démontré jeudi, pour une deuxième fois en deux soirs, qu’il a cette fâcheuse habitude de laisser ses adversaires profiter de ses erreurs pour marquer alors que lui n’y arrive pas. Du moins pas assez souvent.

 

« Si tu enlèves les trois cadeaux qu’on a fait en première période on n’a pas joué un mauvais match. Mais c’est dur d’avoir du succès dans cette ligue quand tu donnes ce genre de cadeaux en début de match », que Dominique Ducharme a convenu après la rencontre.

 

La réaction simple serait de dire au coach du Canadien de s’assurer que ses joueurs limitent au minimum les erreurs. L’ennui, et il est de taille, c’est que le hockey est un jeu d’erreurs. Et c’est le club qui sait le plus profiter des erreurs de l’adversaire qui sort gagnant de la patinoire.

 

Bon! Une fois de temps en temps, une équipe peut faire mentir cette réalité du hockey. Mais dans une série quatre de sept, cette réalité devient pratiquement vérité.

 

C’est ça qui devrait inquiéter Dominique Ducharme, ses adjoints, leurs patrons et les partisans de l’équipe. Sans oublier Carey Price, Jake Allen ou n’importe quel gardien qui se retrouvera devant la cage du Tricolore en séries.

 

Vrai que Jake Allen n’a pas été bon face aux Jets. En fait non : il a été mauvais en première période se montrant bien trop généreux sur les trois premiers buts qu’il a accordés. Mais ensuite, autant en période médiane qu’au dernier tiers, il a été bon. Parfois même très bon.

 

Sauf que le mal était fait. Tirant de l’arrière par deux buts, les chances du Canadien de revenir dans le match étaient faibles.

 

Beaucoup de tirs, pas assez de buts

 

Je sais, vous avez encore en tête la remontée gagnante de lundi aux dépens des Oilers. Une remontée de deux buts marqués en troisième suivie du premier d’Eric Staal dans l’uniforme du Canadien en prolongation.

 

Mais cette remontée est la seule que le Tricolore a orchestrée cette saison alors qu’il a perdu 14 fois (1-11-1-2) dans les matchs où il a accusé un recul de deux buts.

 

Quand il accuse un retard de trois buts? Il n’a pas encore gagné. Heureusement pour le Canadien et ses fans, ce n’est arrivé que six fois. Malheureusement pour lui, il a perdu chaque fois en temps réglementaire...

 

Ce n’est pas parce qu’il abandonne que le Canadien n’arrive pas à revenir de l’arrière et de gagner plus souvent. Au contraire. Il ne lâche pas. Mais il se contente de tirer et de tirer souvent sans pour autant transformer ces tirs en but.

 

Hier contre les Jets, le Canadien a décoché 62 tirs. De ce nombre, 38 ont atteint le filet défendu par Connor Hellebuyck qui a effectué 36 arrêts.

 

Si on ajoute aux 38 tirs cadrés obtenus contre les Jets les 34 de mercredi face aux Leafs, on obtient 72 tirs qui ont donné un total de quatre buts.

 

Quatre buts sur 72 tirs cadrés c’est très peu. Trop même. Quatre buts sur un total de 126 tirs décochés, ça t’oblige à être bien moins généreux que le Canadien l’est bien trop souvent en multipliant les erreurs, les revirements, les mauvaises couvertures défensives et surtout le manque de vigueur dans ces couvertures.

 

Ça oblige surtout tes gardiens à être parfaits ou presque. Ce que Jake Allen n’a pas été jeudi. Ce que Carey Price n’a pas été assez souvent jusqu’ici cette saison.

 

Drouin et Suzuki trop cajolés?

 

Dominique Ducharme n’est pas resté les bras croisés devant les erreurs directes, et indirectes, de ses joueurs. Avant de les confirmer de vive voix dans ses commentaires d’après match, il les avait clairement soulignées en sévissant contre certains des fautifs.

 

Victor Mete n’a pas joué en troisième période. Les raisons : il a très mal paru en couverture défensive sur le but Trevor Lewis qui a redonné une avance d’un but aux Jets (2-1) en milieu de première période. Mete, un poids plume, était sur le dos de Lewis qui, sans être un colosse, s’est moqué de la présence du défenseur du Canadien sur son dos pour rediriger la rondelle facilement derrière Jake Allen.

 

Disons qu’au lieu de tenter de déstabiliser Lewis physiquement, Mete aurait dû garder la rondelle et le bâton de son adversaire à l’œil afin d’éviter qu’ils se rejoignent. Mais bon!

 

Mete s’est aussi rendu coupable de présences interminables sur la patinoire. Des présences qui n’ont pas directement mené à des buts, mais qui ont mené à des pénalités et qui ont surtout contribué à épuiser des joueurs prématurément.

 

Parce que l’avenir d’Alexander Romanov avec le Canadien est pas mal plus reluisant que celui de Victor Mete, c’est l’Ontarien et non le Russe qui a été cloué au banc lorsque Ducharme a décidé d’y aller avec cinq défenseurs seulement.

 

Mete méritait pleinement cette sanction.

 

Mais il serait temps que d’autres joueurs écopent eux aussi. Même s’ils sont plus « gros » que Mete au sein de l’alignement. Autant au sens propre qu’au sens figuré.

 

Je pense ici à Jonathan Drouin.

 

Pas question de frapper sur un gars qui a déjà un genou sur la patinoire. Drouin a prolongé à 19 sa série de matchs consécutifs sans avoir marqué. De fait, il n’affiche que deux buts en 37 matchs cette année. Il n’a récolté qu’une passe à ses huit dernières parties.

 

Mais en plus de ne pas marquer et d’avoir beaucoup ralenti dans sa distribution de passes menant à des buts, Drouin, avec ses compagnons de trio, a encore hier été pris en défaut sur deux des quatre buts des Jets.

 

Quand un joueur en arrache à l’attaque, il doit se racheter en s’assurant d’être étanche en défensive. Ce que Drouin n’est pas en ce moment. Ce qu’il n’est pas du tout.

 

Malgré sa timidité offensive et ses lacunes défensives, Drouin n’a rien perdu de son temps d’utilisation. Il joue au sein du « top six » et obtient, en prime, du temps de qualité en avantage numérique.

 

Ce n’est pas la première fois que je le souligne, mais à un moment donné, ça devient un brin inquiétant de voir qu’un gars reçoit autant de son coach quand il donne si peu à l’équipe.

 

Je dis ça, je dis rien!

 

Ce qui est vrai pour Drouin l’est aussi pour Suzuki.

 

Les statistiques officielles laissent croire que Suzuki a disputé un gros match jeudi. Il a obtenu cinq tirs sur les sept qu’il a décochés, il a gagné sept des 10 mises en jeu qu’il a disputées, il a mis fin à une séquence de trois matchs de suite avec au moins un point (quatre passes) et affiche deux buts et six points à ses huit derniers matchs.

 

Ces beaux « chiffres » camouflent toutefois du jeu qui manque de conviction. Ils camouflent aussi, et surtout, une attitude qui est loin de servir la cause de son équipe.

 

Suzuki est jeune. Il est sans doute un brin ou deux plus en forme que les Corey Perry ou Eric Staal. Mais en éternisant ses présences sur la patinoire il nuit autant à ses coéquipiers que Mete ne le fait quand il décide de se prendre pour Bobby Orr.

 

En plus, il écope de pénalités. Et souvent, de vilaines pénalités. Des pénalités de paresse. Des pénalités à des moments bien mal choisis. La première en fin de deuxième a mis son club dans le pétrin. Mais celle en fin de troisième a été bien pire puisqu’elle a retardé de deux minutes la tentative de remontée en fin de période.

 

Le temps de récompenser KK

 

Je ne suis pas en train de réclamer que Drouin et/ou Suzuki soient cloués au banc. De nombreux partisans s’en chargent déjà. Surtout dans le cas de Drouin.

 

Mais dans les deux cas, il me semble qu’un message doit être servi.

 

Surtout que le message que l’état-major a lancé à Jesperi Kotkaniemi en le sortant du confort de son trio pour l’obliger à céder cette place à Eric Staal semble vraiment avoir fouetté le Finlandais.

 

KK avait des ailes hier.

 

Bon! Vous direz, avec raison, que le fait d’avoir été inséré sur le flanc droit de Phillip Danault et Tomas Tatar en raison de la blessure subie par Brendan Gallagher est loin d’être une punition.

 

Mais il est clair que ce petit brasse-camarade a servi la cause de Kotkaniemi. Il est plus aiguisé sur la patinoire. Plus éveillé. Plus incisif. Plus actif. Il joue au hockey avec entrain au lieu de se laisser glisser nonchalamment comme il l’a fait bien trop souvent depuis le début de l’année.

 

De fait, je verrais d’un très bon œil qu’on récompense Kotkaniemi alors que Suzuki pourrait subir à son tour le genre d’électrochoc qui semble avoir réveillé KK.

 

De toute façon, même avec le retour éventuel de Joel Armia et l’ajout potentiel d’un peu de renfort à l’attaque d’ici la fin de période des transactions – lundi après-midi à 15 h – il faudra que KK obtienne plus d’action.

 

Car après une première rencontre intéressante, Eric Staal a connu un match plus difficile jeudi. Comme quoi le plan initial de le garder en soutient pour lui donner des missions plus spécifiques en cours de partie pourrait bien être le bon. Il n’a d’ailleurs joué que 12 min 17 s jeudi, mais a trouvé le moyen de terminer la rencontre avec un différentiel de moins-3.

 

Un joueur qui obtient beaucoup trop de temps d’utilisation en ce moment est Corey Perry. Vrai qu’il est solide. Vrai que ses neuf buts dépassent les attentes que plusieurs affichaient à l’aube de la saison. Mais Corey Perry ne peut passer 20 minutes sur la patinoire comme il l’a fait jeudi soir. Surtout après avoir joué plus de 18 minutes face aux Leafs la veille.

 

Le fait que Dominique Ducharme ait besoin de Corey Perry à ce point témoigne justement des lacunes qui minent l’équipe en ce moment. Si le coach a autant besoin des mains et de la présence de Perry autour du filet adverse, c’est parce que trop de ses joueurs n’y vont pas assez souvent et en plus sont loin d’afficher la même efficacité lorsqu’ils décident d’y aller.

 

Corey Perry a été embauché pour être un bon joueur de soutien en cours de saison afin d’être en mesure d’en donner davantage une fois en séries. Au rythme des derniers matchs, Perry perdra son efficacité au présent, et minera cette efficacité au futur.

 

Entre les lignes

 

-      Victime d’un but d’Auston Matthews 54 secondes après le début du match, mercredi, à Toronto, le Canadien s’est fait jouer le même tour jeudi alors que le défenseur Josh Morrissey a déjoué Jake Allen 18 secondes seulement après la mise en jeu initiale...

 

-      Mercredi à Toronto, Corey Perry a nivelé les chances 81 secondes seulement après le but de Matthews. Danault l’a imité en répliquant 82 secondes après le but de Morrissey...

 

-      Connor Hellebuyck était loin de se plaindre du barrage de 38 tirs qu’il venait d’affronter lorsqu’il a répondu aux questions des journalistes après le match. « Je préfère voir de l’action de manière soutenue. Ça me garde dans le match, ça m’oblige à demeurer plus concentré... »

 

-      Le gardien des Jets était beaucoup plus renversé par le mauvais bond qui a mené au but de Paul Byron en deuxième période. « Ça n’a pas de bon sens de se faire jouer un tour pareil. Surtout que ce ne sont pas les baies vitrées qui ont donné ce mauvais bond, mais la bande. Tu n’as pas le choix d’oublier un jeu semblable, car tu n’as rien fait de mal sur le jeu. Mais ça peut démoraliser. Sans oublier que c’est la deuxième fois que ça m’arrive ici cette année... »

 

-      Les Jets ont blanchi le Canadien en deux attaques massives jeudi. Ils sont particulièrement efficaces dans cette facette du jeu dernièrement comme le confirment les quatre petits buts accordés en 33 occasions (87,9 % d’efficacité) à leurs 12 dernières parties...

 

-      Inversement, l’attaque à cinq du Canadien traverse un passage à vide en ce moment avec un seul but marqué en 18 tentatives (5,5 %) lors des six dernières parties...

 

-      Privés de leur capitaine et grand leader Blake Wheeler qui est demeuré à Winnipeg, les Jets affronteront à nouveau le Canadien samedi. Ils compléteront ensuite leur voyage de cinq matchs dans l’Est avec des escales à Ottawa (lundi et mercredi) et Toronto où ils affronteront les Leafs lundi jeudi...

 

-      Après sept matchs entre les deux équipes, les Jets présentent un dossier de 5-2 aux dépens du Canadien qui a une fiche de 2-1-3-0...​