MONTRÉAL – Dans un vestiaire déserté par la grande majorité de ses coéquipiers après une autre défaite sans appel, P.K. Subban réussissait malgré tout à garder le sourire.

Quart-arrière d’un club qui traverse son premier passage à vide de la saison, Subban ne s’emporte pas. Son ton calme est celui d’un jeune vétéran qui a vu neiger et ses propos sont dénudés de sensationnalisme.

« Il est évident que nos deux derniers matchs n’ont pas été nos meilleurs et on en paie le juste prix, a constaté le défenseur étoile, faisant référence aux dégelées de 6-2 et 5-0 encaissées par le Canadien au cours des trois derniers jours. Mais c’est correct. Au hockey, tout ça fait partie de l’apprentissage. Pendant qu’on tente par tous les moyens de se sortir de cette situation, on sait très bien qu’elle se répétera cette saison. Il est fort probable qu’on recommence à gagner un tas de matchs éventuellement, mais il faut aussi comprendre qu’il y aura des moments où tout ne se déroulera pas comme on le souhaite. »

Subban fait son mea culpa : son rendement n’est présentement pas à la hauteur des attentes créées par son impressionnante feuille de route et le lucratif contrat qu’elle a engendré. « Collectivement, on ne joue pas comme on le voudrait, mais personnellement, je ne crois pas que j’aie été aussi bon que je doive l’être, surtout au cours des deux derniers matchs. »

Même s’il voulait le nier, Subban se retrouverait rapidement à court d’arguments. Il a été sur la glace pour huit des onze derniers buts accordés par le Canadien et est ressorti des deux plus récentes contre-performances de l’équipe avec un différentiel de moins-6.

On pourrait aussi parler de ses pénalités douteuses. Dimanche, il a asséné un coup de bâton inutile au poignet de Jiri Hudler alors que son équipe se défendait déjà à court d’un homme. Contre les Blackhawks, il a tué dans l’œuf une attaque massive vieille de 51 secondes en retenant le bâton d’un rival. Subban est le joueur le plus puni du Canadien avec 11 pénalités mineures depuis le début de la saison.

Et il n’a qu’un tir au but à ses trois derniers matchs.

« Suis-je coupable de ne pas être à mon meilleur? Oui, je le suis », a confessé Subban, répondant à sa propre question qui était, de toute façon, rhétorique. « Je pense en fait que je n’ai pas été à mon meilleur depuis le début de la saison. Le bon côté de tout ça, c’est qu’il reste beaucoup de hockey à jouer et je sais que je peux être meilleur. »

Subban a semblé un brin vexé lorsqu’on lui a demandé s’il avait une explication à fournir pour ses récentes performances.

« Est-ce que ça a vraiment de l’importance? Je pourrais bien dire ce que je veux, tout le monde s’en fout. Les gens veulent simplement que je joue mieux. S’ils veulent commencer à me pointer du doigt, qu’ils le fassent. Je dois être meilleur et je le serai. »

S’inspirer des Hawks

Entre quelques clichés d’usage, Subban a laissé entendre qu’une possible piste de solution aux problèmes qui affectent présentement le rendement de son club réside dans la recette du succès de ses récents bourreaux.

« Pour avoir passé pas mal de temps en avant de notre filet ce soir, je peux vous dire qu’ils nous faisaient la vie dure. De mémoire, chaque fois que j’étais sur la glace, un de leurs gars se trouvait là. Ils étaient constamment devant notre gardien », a observé le numéro 76.

« Ont-ils profité de bonds chanceux? Oui, mais vous savez quoi, il faut être au bon endroit pour profiter de ces bonds. Les Hawks ont joué du hockey de séries ce soir. C’est ce que les bonnes équipes font, d’ailleurs. Alors peut-être qu’on pourrait emprunter une page de leur livre de jeux et réaliser qu’il faudrait nous aussi compliquer la tâche des gardiens adverses. »

Soulagé de constater que ses coéquipiers semblent prêts à se serrer les coudes sans commencer à chercher des coupables, Subban a conclu en lançant un appel au calme. Après tout, s’il y a une leçon à retenir de ce début de saison, c’est que le vent peut tourner rapidement.

« Il nous faut simplement relaxer, relâche un brin la prise sur notre bâton et recommencer à faire ce qui faisait notre succès, c’est-à-dire se déplacer en vitesse et contrôler la rondelle avec confiance. On pense trop présentement. Il faut jouer, c’est tout. Mais je ne m’en fais pas, parce que je sais qu’on est capable de faire mieux. »

Lui le premier, prend-on la peine de répéter.