Parce que le Canadien affiche malgré tout 17 points après 13 matchs, parce qu’il partage toujours, mais pour combien de temps, le premier rang dans l’Est avec Pittsburgh et Tampa, on peut donner raison à Michel Therrien de lancer un appel au calme. D’implorer partisans et observateurs à ne pas paniquer.

Il est toutefois permis de s’inquiéter. Même que la liste de motifs suscitant de l’inquiétude en marge des insuccès du Tricolore s’allonge... dangereusement.

Après les deux premiers matchs d’une séquence de huit sur dix à la maison, le Canadien affiche déjà deux revers. Deux défaites au terme desquelles il a accordé 11 buts et n’en a marqué que deux.

Le Canadien traîne un différentiel collectif de moins-9 depuis le début de saison. Il faut dire que ses revers de 7-1 à Tampa, de 6-2 et 5-0 dimanche et mardi contre Calgary et Chicago combinés au fait que le Tricolore s’est contenté de six buts à ses cinq derniers matchs n’aident en rien à faire basculer son différentiel du côté positif.

Cela dit, les Penguins de Pittsburgh et le Lightning de Tampa Bay qui affichent aussi 17 points au sommet du classement dans l’Est ont des différentiels positifs de 22 et 10. Les Devils du New Jersey (moins-4) sont les seuls autres parmi les clubs occupant les huit premières places à être dans le rouge.

Même les Leafs, oui, oui, les Maple Leafs de Toronto affichent un « rutilant » plus 4.

Dans l’Ouest? Seuls les Jets de Winnipeg (moins-2) sont dans le rouge parmi huit premières équipes au classement.

Ça vous donne une idée!

Tendances inquiétantes

Le Canadien n’affiche qu’une victoire à ses cinq derniers matchs. Et cette victoire – gain de 2-1 en tirs de barrage à Calgary – est survenue dans le cadre de son plus mauvais match disputé dans l’Ouest canadien. Elle a couronné un vol de grand chemin perpétré par Carey Price aux pieds des Rocheuses qui se profilent à l’ouest de Calgary.

Au cours de cette séquence de cinq matchs, le Canadien n’a jamais défendu une avance. Pas une fois.

De fait, après sa défaite de 5-0 aux mains de Jonathan Toews et de ses Hawks venus de Chicago, le Canadien n’a encore jamais retraité au vestiaire avec une avance au terme de la première période. Il est le seul club de la Ligue encore dans cette situation.

Et après la défaite contre Chicago, il a maintenant accordé le premier but dans 11 des 13 matchs disputés cette année.

Même s’il a affiché un brin plus de discipline en offrant « seulement » quatre attaques massives aux Hawks mardi, le Canadien a obtenu plus de supériorités numériques qu’il en a offertes à ses rivaux une seule fois en 13 rencontres.

Des tendances qui sont loin d’inspirer confiance.

Et s’il est normal que l’entraîneur-chef du Canadien implore un peu de calme et beaucoup de patience de la part des partisans et observateurs, il deviendra difficile de les obtenir si le Canadien ne profite pas de sa première visite à Buffalo, contre les très mauvais Sabres, pour faire oublier ses récents et trop nombreux déboires. Je ne pensais jamais écrire ça si tôt en saison, surtout après le départ canon du Canadien, mais le match de mercredi à Buffalo est un match que le Canadien doit gagner.

Où sont passés les meilleurs?

Pour retrouver le chemin de la victoire, le Canadien devra vite pouvoir obtenir une contribution positive de la part de ses meilleurs joueurs. Des meilleurs joueurs – exception faite de Carey Price qui a encore fait ce qu’il a pu pour garder son club dans le match – qui ont été pulvérisés par les meilleurs joueurs des Hawks hier. Des meilleurs joueurs qui sont trop discrets depuis le début de la série d’insuccès de l’équipe.

Où donc est passé P.K. Subban? Deux matchs consécutifs avec un différentiel de moins-3 et quatre tirs au but seulement à ses six dernières parties n’aident en rien la cause de l’équipe. Sans oublier qu’il a écopé une autre pénalité coûteuse mardi, une pénalité qui a interrompu une attaque massive du Canadien en période médiane alors qu’il n’accusait qu’un retard de 0-2.

Jumelé à Subban pour permettre de dresser un mur contre Jonathan Toews et Patrick Kane que les Hawks avaient décidé d’unir pour secouer l’attaque et gagner à nouveau, Andrei Markov n’a pas été meilleur que son partenaire de jeu. De fait, ils ont tous deux été dominés par les meilleurs des Hawks.

Derrière Subban et Markov réunis, les deux autres duos se sont retrouvés bien menus devant une opposition aussi féroce que celle des Hawks.

Où sont passés Desharnais et Pacioretty? Je veux bien croire que Dale Weise n’a rien d’un joueur de premier trio – j’espère d’ailleurs que cette expérience tentée par le Canadien tire vraiment à sa fin – mais Pacioretty et Desharnais sont en train de replonger dans l’inertie qui a miné leur début de saison l’an dernier. Je sais, ils sont revenus de brillante façon. Et nous ne sommes qu’aux premiers jours de novembre. Mais quand même, on s’attend à beaucoup plus de leur part.

Où sont passés Plekanec, Galchenyuk et Gallagher?

Où est passé Parenteau? Oui il obtient des occasions, mais a-t-il attrapé le virus qui condamne Rene Bourque à se contenter de passer proche de marquer au lieu de marquer pour vrai?

Parlant de Bourque, il n’est pas passé proche de marquer hier soir. Car à l’exception de sa contribution – bien involontaire – sur le deuxième but des Hawks, Bourque qui profite d’une patience débordante de l’état-major n’a pas cadré un seul tir. Il n’a pas asséné une seule mise en échec. Il n’a pas bloqué un seul tir. Il n’a pas volé une seule rondelle. Il n’a bien sûr pas récolté le moindre point et a trouvé le moyen de terminer sa soirée de travail avec un différentiel de moins-3 en 11 minutes 11 secondes d’utilisation.

Avec une telle contribution fantôme, est-il permis de croire que le Canadien lui imposera une soirée de congé à Buffalo pour – enfin ! – faire une place à Jiri Sekac qu’on laisse sur la voie de garage sans trop d’explications. En fait sans explication aucune.

Sekac ne relancera pas le premier trio. Quoiqu’il serait peut-être intéressant de lui offrir la chance servie sur un plateau d’argent à Dale Weise au cours des deux derniers matchs.

Mais Sekac, comme Bournival l’a fait un peu mardi, pourrait contribuer à changer la dynamique.

Écarté de la formation mardi, Travis Moen ne faisait pourtant pas de tort à l’équipe. À mes yeux, il devrait revenir au sein du quatrième trio avec Malhotra et Prust. Un trio qui abattait du boulot honnête.

Ce sont plutôt Rene Bourque et Lars Eller qui devraient céder leur place à l’attaque au profit de Bournival et Sekac.

C’est du moins mon avis.

Attaque passive

De tous les facteurs que l’on peut défiler pour expliquer, sans la pardonner, la défaite gênante du Canadien hier, la passivité de l’attaque massive doit occuper la première place.

Lamentable depuis le début de la saison, l’attaque à cinq du Canadien l’a été plus encore hier.

Et un brin ou deux de plus de zip sur cette attaque massive aurait permis de complètement changer le cours du duel face aux Hawks. Et d’offrir une chance ou deux de gagner au Canadien.

Duncan Keith a offert une chance en or au Canadien de marquer le premier but de la rencontre en écopant une pénalité dès la première minute de jeu. Parenteau a frappé à la porte, mais Corey Crawford l’a refermée.

David Desharnais a ensuite envoyé la rondelle 10 pieds au-dessus du but qui était pourtant complètement ouvert.

Après un bon jeu en défensive, Brendan Gallagher a perdu la rondelle – sautillante il est vrai – au terme d’une descente à deux contre un en compagnie de Galchenyuk. Les deux comparses n’ont pas obtenu de tir sur le jeu.

Quand ça va mal.

Le Canadien qui dominait alors les Hawks – le Tricolore a été le meilleur club sur la glace en première période et il s’est bien défendu en première moitié de rencontre – aurait pu s’offrir une avance d’un, voire deux, peut-être même trois buts.

Surtout que Carey Price se dressait devant sa cage.

Sauf que la passivité du Canadien en attaque massive a été mise en évidence lorsque les Hawks, dès leur première occasion à cinq contre quatre ont marqué pour prendre les devants.

Des devants qu’ils n’ont jamais ensuite perdus grâce à un but chanceux et début de deuxième. Un but que le Canadien aurait pu effacer s’il n’avait pas bousillé une autre attaque à cinq alors que P.K. Subban s’est retrouvé au cachot.

Non seulement le Canadien ne marque pas de but – il n’en compte que trois en 37 occasions pour une piètre efficacité de 8,1 % qui le laisse au 27e rang de la LNH – mais il n’arrive pas même à s’offrir un peu d’élan avec des attaques répétées au filet. Pis encore, son inertie totale combinée à la pénalité écopée par Subban a l’effet inverse alors que ce sont ses adversaires qui gagnent de « momentum » en freinant le Canadien d’une façon gênante pour le Tricolore qui s’est d’ailleurs fait copieusement huer mardi. Surtout lors des trois autres buts enfilés en troisième période alors que le Canadien avait abandonné. Complètement.

Où donc est passée cette belle combativité, ce caractère que tous les joueurs et Michel Therrien en tête soulignaient pour expliquer les remontées gagnantes multipliées en début de saison?

Je ne le sais pas.

Mais le Canadien est bien mieux de la retrouver.

Car le caractère faisait cruellement défaut mardi contre Chicago. Oui le Canadien a bien amorcé la rencontre, oui il aurait pu, facilement à part ça, prendre les devants. Mais il ne l’a pas fait. Et au lieu de revenir de l’arrière et d’afficher de la fierté, il a plutôt baissé les bras.

À un moment donné en deuxième période, le Canadien menait 19-9 au chapitre des tirs au but. La période médiane s’est terminée avec avance de 22-19 favorisant Chicago. Si je sais compter ça donne 17-8 au cours du deuxième vin.

C’est là que le match s’est joué. C’est là que les Hawks ont compris qu’ils allaient gagner. C’est là que le Canadien a compris qu’il n’avait plus de chance de gagner.

Que feront Michel Therrien et ses joueurs pour se donner des chances de gagner ce soir à Buffalo? Car oui, ils ont des chances de gagner ce soir. Du moins ils devraient...

Il faudrait marquer le premier but, gagner la bataille des unités spéciales et afficher plus de confiance que mardi face aux Hawks afin de donner une chance à Dustin Tokarski – il devrait venir en relève à Carey Price à moins que l’état-major ne juge trop importante la victoire que le Canadien ne peut se permettre d’échapper – de renverser la vapeur le plus vite possible.

Plus facile à dire qu’à faire?

Peut-être. Mais contre Buffalo, ça devrait être aussi facile à faire qu’à écrire.

À moins que Brian Gionta et Josh Gorges trouvent une façon de venir hanter leur ancien club. Ne riez pas trop vite. Car les partisans du Canadien riront très jaune si jamais ce scénario catastrophe se produit.