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Corey Perry : la force tranquille des Oilers

Corey Perry Corey Perry - Getty
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EDMONTON – Corey Perry deviendra, dimanche, le 24e joueur de l'histoire de la LNH à atteindre le plateau des 200 matchs disputés en séries éliminatoires. 

Deux cents matchs en séries, c'est plus qu'une statistique. C'est un exploit! 

Chris Chelios (266 matchs de séries) domine ce groupe de 24 joueurs au sein duquel on retrouve 18 membres du Temple de la renommée et deux autres – Jaromir Jagr et Zdeno Chara – qui devraient bientôt être intronisés. Et il ne fait pas de doute que Corey Perry frappera lui aussi à la porte du Temple de la renommée lorsque sa carrière sera terminée. Mais en ce moment, il se consacre corps et âme à la cause des Oilers qui tenteront d'acculer les Kings au pied du mur en prenant les devants 3-1 dans la série dimanche au Crypto.com Arena.

Tout cela est bien beau. Mais pour l'instant, le nom de Perry est plutôt associé à ceux des seulement trois joueurs des Oilers qui sont toujours en quête d'un premier point dans la série contre les Kings.

Le gros ailier droit a non seulement été blanchi au fil de ses 50 premières présences effectuées, mais statistiquement il est le plus timide des trois. 

Le défenseur québécois Vincent Desharnais remplit un rôle important au sein de la brigade défensive. Son temps d'utilisation moyen de 18 min 8 sec dépasse de quatre minutes et des poussières celui de Perry. Même le joueur de centre Ryan McLeod, à la droite de qui Perry évolue au sein du troisième trio, a joué davantage que lui.

Ces statistiques, timides, on en conviendra tous, incitent à conclure que les Oilers ont raté leur cible lorsqu'ils ont ouvert la porte de leur vestiaire, en janvier, à un joueur que les Blackhawks de Chicago avaient expulsé à peine deux mois plus tôt. Un joueur qui a ensuite dû avoir recours au programme d'aide mis de l'avant par la LNH et l'Association des joueurs pour régler des problèmes personnels.

Derrière Connor McDavid qui revendique neuf points (un but) après trois matchs, Zach Hyman (six buts) et Leon Draisaitl (trois buts) qui revendiquent sept points chacun, Evan Bouchard (cinq passes) et Ryan Nugent-Hopkins (un but, trois passes) qui affichent tous plus qu'un point par match, Perry semble bien inutile.

Pourtant!

Perry occupe une place bien plus importante que ses statistiques personnelles le laissent croire. 

Debout dans son coin de vestiaire, Perry répond aux questions des journalistes qui défilent devant son casier. Il joue avec son jeune fils qui semble l'accompagner partout… sauf sur la patinoire. Avec l'air sévère qui l'a toujours caractérisé, il balaie le vestiaire des yeux comme s'il analysait ses coéquipiers pour déterminer leur niveau de stress, de confiance, d'implication.

Contrairement à Connor McDavid et Leon Draisaitl qui passent en coup de vent dans le vestiaire, Perry y reste comme s'il tenait à être le dernier à le quitter. Ce qu'il fait d'ailleurs avant chaque match alors qu'il est le dernier à quitter la patinoire au terme de la période d'échauffement.

Discrètement, il impose le respect. De fait, sa seule présence fait de Corey Perry la force tranquille sur laquelle ses coéquipiers semblent heureux de s'appuyer.

« Je n'ai jamais vu un joueur aussi bien gérer son implication dans un match », a lancé avec éclat Leon Draisaitl plus tôt cette semaine lors d'une mêlée de presse dans le vestiaire des Oilers.

« Corey a gagné tout ce qu'il y a à gagner dans le hockey, il a vécu toutes les situations qu'il est possible de vivre dans un match de hockey. Que ce soit avec la rondelle, sans la rondelle, que ce soit entre les coups de sifflet, il prend les bonnes décisions. C'est un gamer et je nous considère très chanceux de pouvoir compter sur lui », a ajouté celui qui complète, avec Connor McDavid, le monstre à deux têtes des Oilers.

« J'ai juste à être moi-même »

 À bientôt 39 ans, Corey Perry n'est plus le joueur qui a soulevé la coupe Stanley en 2007 à Anaheim. 

Il n'est plus le joueur qui a gagné les trophées Hart et Maurice-Richard en 2011, qui s'est fait une place au sein de la première équipe d'étoiles de la LNH en 2011 et 2014, qui a gagné deux médailles d'or aux Jeux olympiques (2010-2014) et ajouté une médaille d'or au Championnat du monde en 2016 pour assurer sa place au sein des triples médaillés d'or du hockey.

Il n'a plus les mains agiles qu'il avait. Ses huit buts marqués et 13 points récoltés en 38 matchs de saison régulière disputés depuis le 27 janvier dernier en témoignent.

Il a perdu de la vitesse. Ça saute aux yeux. 

Mais il n'a rien perdu de sa passion pour le hockey et de l'intensité qu'il déploie pour assouvir cette passion.

Dans un vestiaire au sein duquel on retrouve deux grandes vedettes comme McDavid et Draisaitl, à l'intérieur le talent foisonne, mais où il manque un brin d'expérience, cette passion et cette intensité sont exactement ce que le directeur général Ken Holland recherchait pour aider les vedettes et le talent à se rendre jusqu'au bout.

« J'ai juste à être moi-même », que Perry m'a d'ailleurs répondu lorsque je lui ai demandé, à l'aube du premier match de la série, comment il entendait contribuer aux succès de son équipe.

Surtout que c'est en étant lui-même que Corey Perry s'est rendu trois saisons de suite en finale de la coupe Stanley : avec les Stars de Dallas en 2020, avec le Canadien 2021 et avec le Lightning de Tampa Bay qui a décidé de faire appel à ses services l'année suivante, après l'avoir privé d'une deuxième conquête de la coupe Stanley.

Terrain connu, rôle familier

S'il se retrouve en terrain connu en séries éliminatoires, Corey Perry assure hériter d'un rôle qui lui est familier avec les Oilers.

« J'ai adoré mes expériences à Dallas, Montréal et Tampa malgré les défaites en grande finale. J'avais comme mandat d'appuyer mes coéquipiers. De me servir de mon expérience. Mais je dirais que la situation avec les Oilers ressemble plus à celle que j'ai vécue à Tampa où il y a avait beaucoup de talent à l'attaque, à la ligne bleue et devant le filet. Connor et Leon, comme Kuch (Nikita Kucherov) et Stamer (Steven Stamkos) sont des joueurs d'exception. Ce sont eux qui donnent le ton sur la patinoire. Mais ils ont besoin d'être appuyés. C'est mon rôle de le faire et d'aider ceux qui doivent les appuyer à comprendre comment y arriver. C'est dur les séries. C'est épuisant. Mais c'est ce qu'il y a de plus beau dans une carrière et c'est ça que je veux que les gars comprennent au lieu de simplement trouver ça difficile », analysait Perry.

En fin de match vendredi, les Oilers ont dû composer avec les assauts répétés de leurs adversaires des Kings qui tentaient de préparer le quatrième match.

Plus cette série se prolongera, plus la force tranquille de Corey Perry et sa contribution qui semble pour l'instant bien timide aideront la cause des Oilers. Ce sera plus vrai encore si les Oilers accèdent à la deuxième ronde, qu'ils atteignent la finale d'association et qu'ils se rendent en finale de la coupe Stanley.

Une finale que les Oilers pourraient disputer pour la première fois depuis le printemps 2006, alors que Corey Perry, à 20 ans, à sa première saison dans la LNH, a disputé le premier de ses bientôt 200 matchs en séries éliminatoires.

Simple coïncidence ou présage heureux pour les Oilers?

La réponse tombera bien un moment donné. Et le plus tard sera le mieux pour Corey Perry, ses coéquipiers et leurs partisans.