Le Canadien, qui a pris l'ensemble de la Ligue nationale par surprise grâce à ce spectaculaire début de saison, représente-t-il ce que nous avons vu de mieux à Montréal depuis la dernière coupe Stanley?

Les avis sont certainement partagés à ce sujet. L'avenir s'annonce prometteur, mais il faut rester réaliste en évitant de se laisser emporter par un enthousiasme toujours un peu contagieux en pareilles circonstances. Il y aura des moments difficiles et des soirées cahoteuses comme celle contre les Canucks, à Vancouver. Les séquences de 10 matchs du Canadien ne se solderont pas toujours par une défaite ou deux. Après tout, la parité n'est-elle pas solidement installée parmi les meilleures formations du circuit?

À mes yeux, il s'agit de l'édition la plus intéressante du Canadien depuis l'exploit de 1993. En 22 ans, quand avons-nous vu le Canadien présenter quatre trios capables de faire une différence n'importe quel soir du calendrier? Le quatrième, surtout. On en a vu des joueurs au talent limité composer la quatrième ligne d'attaque au cours des deux dernières décennies. Sur ce plan, le Canadien n'a pas été différent de la majorité des organisations de la ligne en faisant appel très souvent à des joueurs du calibre de la Ligue américaine pour compléter la formation.

Présentement, le Canadien compte sur le quatrième trio des joueurs qui savent jouer au hockey et qui sont capables d'apporter une contribution dans les deux sens de la patinoire. On ne comprend pas toujours ce que Marc Bergevin tente de faire quand il réclame à l'heure limite des transactions des Torrey Mitchell, des Brian Flynn et des Devante Smith-Pelly. Deux marqueurs de cinq buts et un autre de six buts au moment de ces transactions.

On se dit que ce n'est pas de cette façon qu'on peut espérer se rapprocher de la coupe Stanley. Surtout pas quand l'équipe est en manque d'un autre marqueur naturel. Le directeur général semble penser le contraire, sinon il n'emprunterait pas cette avenue.

Quand Bergevin a acquis ces joueurs d'utilité en février dernier, l'équipe avait besoin d'un centre défensif efficace pour permettre à Tomas Plekanec de souffler un peu, lui qui était fréquemment utilisé à forces égales, en supériorité numérique et en infériorité numérique. Mitchell, qui est venu remplacer un Manny Malhotra au bout du rouleau, s'acquitte fort bien de cette dernière tâche tandis que Flynn et Smith-Pelly complètent avec lui un trio qui dérange les plus dangereux marqueurs des équipes adverses.

Mais offrir la meilleure équipe montréalaise depuis longtemps ne veut pas dire qu'elle possède tout ce qu'il faut pour gagner le dernier match des séries. Les amateurs, qui rêvent d'une 25e coupe, trouvent souvent que ça prend un temps fou pour y arriver. Comment les blâmer? Vingt-deux ans sans défilé dans les rues de Montréal, c'est une éternité pour l'organisation la plus titrée du hockey. La plus longue période de disette précédente avait été de 12 ans, suivie de trois séquences de sept ans.

Il ne manque pas beaucoup de pièces maîtresses, mais il n'y a pas de doute que Bergevin a encore du pain sur la planche. Peu d'organisations possèdent des joueurs de concession aussi jeunes : le meilleur gardien de la ligue en Carey Price, un ex-gagnant du trophée Norris en P.K. Subban et un marqueur de 40 buts en Max Pacioretty. Ajoutez à cela un personnel de soutien qui comprend des joueurs d'avenir en Brendan Gallagher, Alex Galchenyuk, Nathan Beaulieu et même Jeff Petry qui, à 27 ans, est là pour longtemps.

Malgré tout, le match de mardi dernier contre les Blues de Saint-Louis nous a offert de la matière à réflexion. Le Canadien a démontré qu'il méritait d'être pris au sérieux en remportant une victoire décisive de 3-0. Toutefois, le sommaire du match n'a pas tout dit. Les petits attaquants de Michel Therrien en ont bavé un coup pour se frayer un chemin jusqu'au gardien de but contre un défenseur de six pieds et cinq pouces, trois autres de six pieds et quatre pouces et un dernier de six pieds et trois pouces.

Dans l'Ouest, les équipes sont bâties pour veiller tard au printemps. Le Canadien peut battre n'importe quelle formation de cette association durant le calendrier régulier, mais dans un affrontement quatre de sept, après s'être vidé pour gagner trois séries, ce serait une toute autre histoire. Faut présenter une attaque plus menaçante et être plus costaud que le Canadien pour franchir la dernière étape qui mène au gros trophée.

Cela signifie que la mission de Bergevin, aussi intéressante soit-elle en ce moment, est loin d'être terminée. Il ne faut pas s'attendre à ce qu'il se satisfasse de ce qu'il voit actuellement. La route sera longue et éreintante. Il y aura des blessés. On en exigera beaucoup des meilleurs éléments de l'équipe. Mais Bergevin nous a habitués à sortir un lapin de son chapeau à mi-chemin dans la saison. C'est vraiment au printemps qu'on saura de quoi l'équipe aura l'air.

Le gardien est rassurant et la défense bien équilibrée. À l'avant, un ou deux gros bonhommes, dont un marqueur opportuniste, pourraient faire une différence marquée, mais ça ne court pas les rues des gros gaillards talentueux. Si c'était si facile d'en dénicher, il y a longtemps que Bergevin les aurait trouvés.

Zack Kassian, qui répondait à ce profil, n'a même pas disputé un match. À six pieds, trois pouces et 215 livres, il aurait pu représenter une des solutions recherchées. Mais là encore, s'il n'avait pas été un athlète aussi indiscipliné, le patron du Canadien n'aurait jamais pu l'obtenir. Comme quoi les gros attaquants sont une denrée très rare sur le marché.

Demers en période de réflexion

Jacques Demers accepte toujours aussi mal le scandale des dépenses injustifiées de quelques sénateurs qui a jeté du discrédit sur le Sénat et qui a contribué à faire mal paraître tous les membres de cette institution.

Quand l'affaire avait éclaté au grand jour, il avait remis en question sa présence au sein du Sénat, mais il se refusait de faire faux bond au premier ministre Stephen Harper avant les élections. Maintenant que le gouvernement conservateur ne dirige plus le pays, il réfléchit à son avenir politique.

La semaine prochaine, des décisions seront prises et des votes auront lieu au Sénat. Avant de prendre une décision, Demers veut vérifier si des changements positifs surviendront. Il entend aussi discuter de sa situation avec sa famille.

« Le Sénat doit retrouver son prestige d'antan, dit-il. Ma réputation n'a pas été ternie par ce scandale, mais sur le plan de l'image, nous avons tous souffert de cela. Je ne veux pas qu'on nous fasse de fausses promesses. Je suis tanné des scandales. »