Encore une recette perdante pour le Tricolore
Canadiens jeudi, 26 oct. 2017. 17:59 mercredi, 11 déc. 2024. 14:42Le Canadien a maintenu la recette qu’il concocte depuis le début de l’année. Une recette qui ne lève pas. Une recette perdante.
Oui le Tricolore tire souvent sur le filet adverse. Il l’a fait encore jeudi avec 73 tirs tentés dont 40 ont atteint la cible. Mais parce que ces tirs sont rarement dangereux, qu’ils viennent trop souvent de la périphérie et non de l’enclave, qu’ils sont décochés en direction de gardiens adverses qui n’ont jamais, ou presque, à composer avec la présence d’un joueur du Tricolore pour lui voiler la vue, ou simplement lui compliquer la tâche, ces gardiens repoussent sans trop d’ennuis les tirs du Canadien.
Ajoutez à cela le fait qu’en plus de lui faciliter la vie, le Canadien affrontait l’un des bons gardiens de la Ligue en Jonathan Quick et vous comprendrez rapidement – même si vous n’avez pas vu le match – que Quick a signé son deuxième jeu blanc de la saison en guidant ses coéquipiers des Kings de Los Angeles vers une victoire de 4-0.
Quoi? Carey Price a encore accordé quatre buts?
Effectivement!
Et parce qu’il a été faible sur deux des quatre buts – peut-être aussi sur un troisième selon les points de vue plus ou moins sévères à l’endroit du gardien – les partisans s’en sont pris à Price qu’ils ont hué à quelques reprises en plus de le ridiculiser un brin ou deux en applaudissant des arrêts de routine en fin de match.
« Il ne mérite pas ce genre de traitement. Carey demeure l’un des meilleurs gardiens de la LNH », a lancé son vis-à-vis Jonathan Quick après la rencontre.
Dans le vestiaire du Tricolore, le jeune Charles Hudon s’est aussi porté à la défense de son gardien.
« C’était désagréable à entendre ce genre de réaction. Comme Québécois, ça fait encore plus mal. C’est dur à digérer ce genre de manque de respect à l’endroit de Carey. Il a toujours été là pour l’équipe au fil des dernières années. On est tous derrière lui. On est tous dans le même bateau », a indiqué l’attaquant recru qui, encore hier, a travaillé fort avec ses compagnons de trio, mais qui est toujours en quête de son premier but après 10 rencontres.
« Ça n’a pas de bon sens notre manque d’opportunité. On travaille. Les chances sont là. On a encore joué un bon match ce soir. Mais pour moi comme pour le reste de l’équipe, on dirait que
nos lames de bâton se transforment en trampoline quand on touche à la rondelle », a ajouté Hudon.
« Quand on traverse des moments aussi difficiles que ceux que nous traversons en ce début de saison, il est important de demeurer unis. C’est vrai pour tous les joueurs dans ce vestiaire, mais bien que les amateurs ont pleinement le droit d’être déçus, d’être aussi frustrés que nous le sommes, j’aimerais qu’ils restent derrière nous également », a ajouté Jeff Petry qui a encore connu un match difficile jeudi.
Peu importe les aspects positifs que le Canadien peut, avec ou sans raison, brandir en marge de sa performance face aux Kings, il a quand même perdu et ne revendique que deux victoires (2-7-1) et cinq petits points après 10 matchs.
À un tel rythme, il peinera à atteindre le plateau des 50 points et terminera loin, très loin, des séries et on passera la saison à se demander si Marc Bergevin avait raison lorsqu’il a prétendu mercredi que les solutions aux ennuis de son équipe se trouvaient dans le vestiaire.
À ce chapitre, un amateur particulièrement allumé a fait Banco sur Twitter hier soir – il s’appelle Nicolas Viau – lorsqu’il s’est demandé si le vrai message livré par Marc Bergevin mercredi n’était pas plutôt de rester dans le vestiaire...
Je sais, c’est un brin cruel. Surtout parce que le Canadien n’a pas aussi mal joué que le score l’indique.
Mais la loi implacable du sport est directement reliée aux résultats obtenus et non aux bonnes intentions en victoires morales.
Ce n’est pas toujours juste, j’en conviens. Le capitaine Max Pacioretty, avec ses huit tirs cadrés aux dépens des Kings, expliquait d’ailleurs qu’il venait de disputer un bien meilleur match face aux Kings bien qu’il venait d’être blanchi, que celui de mardi face aux Panthers alors qu’il avait marqué, mais c’est comme ça!
Mes observations en marge de cette autre défaite du Tricolore :
- Les arrêts d’hier sont des buts aujourd’hui
- Le CH fait bien paraître les gardiens adverses
- Manque criant de robustesse
- Première assiette cassée par Mete
Chiffre du match : Jonathan Quick a atteint le plateau des 500 matchs jeudi face au Canadien. Bien qu’il ait réalisé quelques arrêts solides, le gardien sélectionné en troisième ronde du repêchage de 2005 – 72e sélection alors que Carey Price avait été la cinquième de la cuvée 2005 – n’a pas eu trop de mal à auréoler sa 266e victoire en carrière (266-168-55) d’un 46e jeu blanc depuis qu’il défend la cage des Kings.
Les arrêts d’hier sont des buts aujourd’hui
Qu’est-ce qui fait plus mal qu’un but en fin de période? Deux buts en fin de période.
Eh oui! Encore une fois jeudi, le Canadien a été victime de buts rapides de la part des Kings. La semaine dernière à Los Angeles, les Kings en avaient enfilé trois. Hier, ils se sont contentés de marquer deux fois en de première période. Deux fois en 11 petites secondes.
Sur le premier but, Price a été déjoué par une rondelle déviée par Adrian Kempe. Oui, oui, le même qui avait enfilé un tour du chapeau au Staples Center. On dira qu’il est très difficile de se dresser devant un tir dévié. Et c’est vrai. Mais sur la séquence, on remarque que Price n’affiche pas sa stature habituelle devant le filet. Il est en déséquilibre. Il est moins gros devant son but.
Sur le deuxième but, Tyler Toffoli reçoit un cadeau de Victor Mete qui a complètement bousillé une sortie de zone. Toffoli, qui possède un très bon tir, file sans la moindre opposition jusqu’à Price qu’il déjoue avec un tir puissant et précis.
Sur le troisième, Anze Kopitar décoche un tir des poignets parfait en entrant en zone du Canadien. Un tir sec. Un tir vif. Oui Jordie Benn se dresse devant Kopitar, mais il ne voile pas le moindrement la vue de Price qui bouge à peine tant il est surpris alors que la rondelle file dans la lucarne au-dessus de son épaule gauche.
Sur le quatrième, Kurtis McDermid scelle l’issue de la rencontre avec un tir que Price aurait dû stopper sans le moindre ennui.
Price est donc à blâmer sur le quatrième. Sans l’ombre d’un doute. Mais bon! Le match était déjà joué. Ça n’excuse en rien sa générosité, mais ça peut l’expliquer.
Sur le premier but, je vais lui donner le bénéfice du doute.
Je suis également prêt à donner tout le crédit de la terre à Toffoli et Kopitar quant à la qualité des tirs qu’ils ont décochés.
Mais attention!
C’est parce que Carey Price nous a habitués à réaliser des arrêts face à des rondelles déviées et d’autres face à des tirs puissants et de grande qualité qu’il s’est hissé parmi les meilleurs gardiens au monde.
C’est parce qu’il nous a habitués à racheter des erreurs comme celle commise par Mete sur le but de Toffoli et à garder son équipe dans le match avec des arrêts sur des tirs aussi sensationnels que celui de Kopitar que Price a gagné ses trophées Hart, Vézina et Ted Lindsay.
C’est aussi pour ce genre d’arrêts qu’il a mérité le privilège de défendre les couleurs du Canada aux Jeux olympiques de Sotchi (médaille d’or) et l’an dernier à la coupe du Monde à Toronto.
C’est surtout parce qu’il nous a habitués à ce genre d’arrêts aussi difficiles qu’importants que Price touchera un salaire de 10,5 millions $ pour les huit prochaines saisons à compter de l’an prochain.
Alors peu importe le débat selon lequel Price a été faible sur un, deux, trois ou quatre des buts des Kings, il est beaucoup plus facile d’affirmer qu’il nous a habitués par le passé à réaliser des arrêts plutôt qu’à accorder des buts sur ce genre de tirs. Peu importe leur qualité.
Depuis le début de la saison, ces gros arrêts ne viennent pas assez souvent. De fait, ils ne viennent pas souvent.
Le CH fait bien paraître les gardiens adverses
Peu importe le niveau de responsabilité de Carey Price sur les quatre buts des Kings, il est essentiel d’ajouter que même s’il avait réalisé trois arrêts sur ces quatre buts, son équipe aurait perdu quand même.
Car ses coéquipiers n’ont pas été fichus de marquer le moindre but hier soir. C’était donc la deuxième fois cette saison que le Canadien était blanchi. C’était aussi la huitième fois en 10 matchs que le Tricolore marquait deux buts ou moins en temps réglementaire et/ou prolongation puisque c’est en tir de barrage que Jonathan Drouin a donné la victoire à sa nouvelle équipe lors du premier match de la saison à Buffalo.
Vrai que Jonathan Quick est l’un des bons gardiens de la LNH. Vrai aussi qu’il a réalisé quelques bons arrêts jeudi alors en démontrant son haut niveau d’athlétisme et même d’acrobatie devant sa cage.
Mais des 40 tirs cadrés du Canadien, combien ont atteint le gardien des Kings en pleine poitrine? 30? 35? Je n’ai pas le chiffre exact, mais je peux vous assurer que c’est une grande majorité.
Que Quick soit très bon, j’en conviens.
Mais encore hier, le Canadien a contribué à le faire bien paraître parce qu’il ne fonce pas assez au filet, parce qu’il n’est pas assez incisif dans ses occasions de marquer. Dans ces bonnes et très bonnes occasions de marquer.
Et ce qui était vrai dans la défaite d’hier l’a été aussi dans plusieurs autres cette saison.
Claude Julien a défendu son équipe après le match. Il a assuré que le Canadien était la meilleure des deux équipes jusqu’à ce que les Kings marquent deux fois de suite en fin de première période. Il a insisté sur le fait que son équipe a maintenu le rythme en période médiane et même en troisième alors que le match était pratiquement joué.
Claude Julien a aussi mentionné que les gardiens qui croisent le Canadien sont souvent en mission. «Je l’ai vécu plusieurs fois avec d’autres équipes. Les gardiens qui croisent le Canadien savent qu’ils affrontent Carey Price. Ça les motive à être solides. Ils veulent bien faire. On l’a vu encore ce soir», a plaidé l’entraîneur-chef du Canadien.
Je ne conteste pas cette prétention.
Mais dans le lot d’occasion de marquer, j’ai la vilaine impression que les Kings ont obtenu autant d’occasions en or que le Tricolore dans le match de jeudi. Ce qui veut dire que tirer beaucoup et obtenir des occasions, ça paraît bien. Ça remonte le moral. C’est une source d’encouragement. Mais si de ce nombre, il n’y a pas assez d’occasions en or et qu’en plus, le club n’arrive pas à les transformer en but, ça devient un simple mirage qui voile la triste réalité selon laquelle l’attaque est peut-être beaucoup moins incisive qu’on l’a cru, ou qu’on le croit encore.
Manque criant de robustesse
Si le Canadien manque cruellement de buts, comme on l’a encore vu jeudi face aux Kings, la rencontre a également démontré que le Canadien manque cruellement de robustesse.
Les Kings sont gros. Lourds. Robustes. Ils ne sont pas les plus rapides, vraiment pas, mais ils avancent en meute et quand ils vont le long des rampes et devant le filet, ce sont eux qui gagnent les duels.
Les Kings n’ont pas passé de joueurs du Canadien cul par-dessus tête au Centre Bell jeudi avec l’une ou l’autre de leurs 41 mises en échec. Mais en première période, deux fois plutôt qu’une, ils ont rivé solidement Max Pacioretty dans la bande alors que le capitaine tentait d’entrer en zone ennemie.
Ces deux mises en échec, comme les autres qui ont suivi, ont permis aux Kings de ralentir le Canadien. Surtout ses élans.
Inversement, le Canadien ne fait rien pour ralentir ses adversaires quand ils filent vers le gardien. Il ne fait rien non plus – ou pas assez – à l’autre bout de la patinoire pour déranger l’autre gardien.
Oui Gallagher, Byron et Shaw se démènent. Tentent des choses. Mais ils sont tellement petits qu’ils sont simplement déplaisants à défaut d’être vraiment dérangeants.
Et ce n’est pas assez.
Le Canadien a quelques joueurs costauds. Mais ils sont loin de signaler leur présence sur le plan physique.
Rappelé dimanche du club-école de Laval, le gros Michael McCarron devrait justement être le type de gars à brasser l’adversaire en échec avant, à le ralentir en zone défensive. On en le voit pas. Les officiels mineurs lui ont donné le crédit de cinq mises en échec hier face aux Kings. Je ne les ai pas remarquées…
Mais j’ai encore remarqué son manque de vitesse. Un manque à gagner qui pourrait bien le confiner dans la Ligue américaine pour longtemps si elle l’empêche de s’imposer physiquement.
Un autre qui devrait se signaler à ce chapitre est Shea Weber. Il ne le fait pas assez depuis le début de la saison. Je ne m’attends pas à ce que Weber patine à l’épouvante sur la patinoire afin de sortir ses adversaires de leurs patins,
Ça non!
Mais je m’attends à voir – en étendre – Weber épingler solidement un adversaire dans la bande, ne serait-ce que pour donner le signal aux adversaires du Canadien qu’ils sont attendus en zone défensive sans être les bienvenus.
Je m’attends à ce genre de réception de la part de Weber une fois par match au moins et non une fois par semaine.
Et si Weber donne le ton, peut-être que les autres autour de lui se sentiront plus braves.
Première assiette cassée par Mete
Ça devait arriver un moment donné : Victor Mete a commis sa première grosse gaffe coûteuse de la saison à son 10e match de l’année. Une gaffe qui a aidé les Kings à doubler leur avance (2-0) en fin de première période.
Comme répète souvent ma mère, il n’y a que ceux qui ne font jamais la vaisselle qui n’en casse pas. Et comme Mete a les mains dans l’eau jusqu’aux coudes depuis le début de la saison malgré ses 19 ans et son statut de verte recrue, il est phénoménal qu’il n’ait cassé qu’une assiette jusqu’ici.
Je vous avise tout de suite : il en cassera d’autres. Et ce sera normal.
Surtout que maintenant qu’il a franchi la barre des 10 matchs et qu’il est acquis qu’il restera avec le grand club – à moins d’être prêté à Équipe Canada Junior dans le temps des Fêtes – Mete sera davantage dans la mire des adversaires du Canadien.
Il sera dans leur plan de match.
On voit d’ailleurs de plus en plus d’entrées en zone du Tricolore de son côté. Normal. On veut profiter de sa petite taille et de sa petite expérience.
Jusqu’ici, Mete impressionne par sa vitesse, par son aisance, avec et sans la rondelle, par sa vision et par son calme dans toutes les facettes du jeu.
C’est immense.
D’ailleurs, l’avez-vous vu appuyer l’attaque en première période alors que Nikita Scherbak a effectué une sortie de zone? Mete a rejoint et devancé Alex Galchenyuk qui est pas mal rapide en zone neutre et c’est lui qui était à la droite de Scherbak pour menacer le but des Kings.
La menace est tombée à plat en raison de l’excellence défensive des Kings, mais quand même : c’était beau à voir.
Plus que le revirement qui a suivi pas longtemps après.
Cela dit, l’apport positif de Mete chez le Canadien cette saison est beaucoup plus lourd que les quelques ratés dont il s’est rendu coupable. Beaucoup, beaucoup...