Plusieurs facteurs expliquent pourquoi le Canadien se réveille mercredi matin à un petit point du Lightning de Tampa Bay et du premier rang de l’Association Est – avec trois matchs en main sur Tampa – et pourquoi les Flyers de Philadelphie rateront les séries éliminatoires pour une deuxième fois en trois ans.

À lui seul Carey Price est un meilleur gardien que tous les gardiens des Flyers réunis.

Le Canadien a été épargné par les blessures à ses joueurs de premier plan alors que les Flyers ont été décimés au chapitre des blessures.

Mais aussi, mais surtout, le Canadien trouve des moyens de gagner depuis le début de l’année alors que les Flyers eux trouvent des moyens de perdre.

On en a eu une preuve flagrante mardi soir au Centre Bell.

Surpris par un but des Flyers sur un excellent tir des poignets de Matt Read 51 secondes seulement après le début du match, Carey Price – il aurait pu effectuer l’arrêt sur ce jeu – et le Canadien ont passé le reste de la première période à retrouver leurs esprits. Plus rapides et aussi agressifs que les Bruins de Boston dimanche, les Flyers contenaient alors le Canadien.

Mais dès le début de la deuxième, le Canadien a pressé le pas et les Flyers se sont repliés. Ils se sont mis à jouer sur les talons.

Et comment!

Après n’avoir décoché que 12 tirs au premier tiers – sept bloqués par Ray Emery, deux bloqués en défense et trois hors cible – le Canadien a mitraillé la cage ennemie 78 fois au cours des deuxième et troisième périodes sans oublier la prolongation à laquelle David Desharnais a mis fin en enfilant son neuvième but de la saison. Son quatrième filet victorieux.

C’était la sixième fois cette saison en 20 occasions (6-13-1) que le Canadien effectuait une remontée gagnante en troisième période.

Ces six gains placent le Canadien sur un pied d’égalité avec St Louis et Detroit qui présentent toutefois de meilleurs pourcentages de réussite puisqu’ils se sont retrouvés moins souvent que le Canadien avec des reculs à combler au dernier tiers.

Les Blues dominent avec six remontées en 15 occasions (6-8-1) alors que les Red Wings présentent un dossier de 6-9-2.

Ce sont les Flames de Calgary qui comptent le plus de remontées gagnantes en troisième période avec neuf. Il faut toutefois dire qu’ils ont été dans cette vilaine situation 26 fois cette année (9-16-1).

Les Ducks d’Anaheim talonnent les Flames avec un dossier de 7-14-0.

Emery mitraillé

S’il est vrai qu’il a amorcé le match un brin ou deux sur les talons, le Canadien s’est vivement repris dès le début de la période médiane mitraillant la cage des Flyers de 78 tirs décochés en 43 min 27 s de jeu.

C’est énorme!

Ray Emery a bloqué 32 des 34 tirs du Canadien – en passant, il faudrait m’expliquer pourquoi il n’a pas obtenu d’étoile alors que Carey Price a été décoré de la troisième avec ses 23 occasions – ses coéquipiers l’ont aidé avec 23 tirs bloqués – Pierre-Edouard Bellemare s’est surpassé avec cinq de ces 23 tirs bloqués – et 21 rondelles ont raté la cible.

La réplique des Flyers a été timide avec 44 tirs tentés au total, dont 24 seulement cadrés.

Le chiffre des tirs au but reflète d’ailleurs à merveille l’allure du match et explique comment le Canadien s’y est pris pour trouver le moyen de remporter cette 35e victoire en 53 matchs – une 19e en 23 parties au Centre Bell – alors que les Flyers ont encaissé un 23e revers en 54 rencontres (23-23-8), un 16e déjà sur la route (8-16-4).

« On a bien amorcé le match. On a bien joué en première. On avait un bon échec avant. On s’est assis après. C’est à l’image de notre saison, on trouve trop souvent des moyens de perdre », a convenu le centre québécois Sean Couturier qui était fort déçu après la rencontre.

« On doit trouver des façons de gagner ces parties importantes », a ajoutant Matt Read, l’unique marqueur des Flyers qui, dans la défaite, ont quand même récolté au moins un point dans un septième match de suite.

« On a surtout échappé un gros point ce soir. Dans deux mois, ce point pourrait faire la différence entre une place en séries ou les vacances. C’est vraiment désolant », a lancé l’ancien défenseur du Canadien, le Suisse Mark Streit.

L’an dernier, les Flyers ont effacé un début de saison affreux – 29 points après 31 matchs 13-15-3 – avec une poussée exceptionnelle de 65 points (29-15-7) lors des 51 dernières parties. Une poussée qu’il sera très difficile de répéter cette année.

« Nous sommes dans une situation vulnérable, c’est évident. Il ne faut pas regarder l’ensemble du défi qui est devant nous, mais simplement gagner le plus de matchs possible », mentionnait Sean Couturier.

« Nous avons mieux joué cette année en début de saison que l’an dernier. L’ennui, c’est que nous n’avons jamais été en mesure de bâtir sur nos victoires. On a battu de gros clubs en début de saison. On a disputé de très forts matchs. Mais la partie suivante, on échappait le match contre des clubs plus faibles ou en jouant du mauvais hockey. Mais là, nous avons creusé un trou qui commence à être de plus en plus profond », a ensuite ajouté Mark Streit.

Lecavalier joue de malchance

À sa sortie du vestiaire, Vincent Lecavalier affichait une mine basse.

« Cette défaite fait mal. En fait elles font toutes mal. Mais ça devient difficile de rattraper les équipes qui nous devancent. On a gagné cinq matchs de suite au cours des dernières semaines – et six en huit (6-1-1) – mais nous sommes demeurés au même point au classement. Ça montre à quel point la lutte est serrée et aussi à quel point une fois rendu en février, il est difficile de rattraper les points perdus », a indiqué le centre de l’Île-Bizard.

Lecavalier qui, à l’image des Flyers, connaît une saison difficile – sept buts, 16 points et un différentiel de moins-8 – a joué de malchance sur le but de la victoire du Canadien.

Retraitant au banc pour y compléter un changement, Lecavalier n’a jamais vu la rondelle qui glissait vers lui. Au lieu de s’emparer de la rondelle et de la remettre à un coéquipier avant de sauter au banc, Lecavalier a quitté la patinoire. Le Canadien s’est aussitôt emparé du disque pour amorcer une poussée à trois contre les deux défenseurs des Flyers. Une poussée au terme de laquelle David Desharnais a scellé l’issue de la rencontre.

En 18 présences sur la patinoire (14 :02 d’utilisation) Vincent Lecavalier a cadré un des trois tirs qu’il a dirigés en direction de Carey Price. Ces trois tirs et un revirement au profit du Canadien sont ses seules notes au bulletin d’après-match.

Si Vincent Lecavalier s’est fait discret, on peut en dire autant des fers de lance de l’attaque des Flyers, Claude Giroux et Jakub Voracek qui sont loin d’avoir menacé Carey Price au cours de cette rencontre.

À son retour au Centre Bell face à ses anciens coéquipiers, Ryan White s’est fait tout aussi discret malgré quatre mises en échec.

Dans le camp du Canadien, bien peu de négatif à relever. De fait, les deux dernières périodes et la prolongation ont permis de mettre la grande majorité des joueurs en évidence.

Dirigé par Jacob De La Rose, le quatrième trio – en compagnie de Michael Bournival et Christian Thomas – s’est très bien tiré d’affaire lorsqu’envoyé dans la mêlée.

De La Rose, qui a affiché plus de confiance sur la patinoire, a même orchestré la poussée qui a mené au but vainqueur de David Desharnais.

« Le Canadien joue bien. Il a de la vitesse et la rondelle sort rapidement du territoire. Ils sont difficiles à affronter et à contenir », a d’ailleurs reconnu Vincent Lecavalier à sa sortie du vestiaire.

Ajouter à ces caractéristiques fort positives pour le Tricolore, le fait que Carey Price soit Carey Price et vous avez un pan des raisons qui expliquent la saison exceptionnelle que connaît le Canadien jusqu’ici.