BROSSARD – Pour quelqu’un qui s’apprête à revoir un gars qui lui aurait proféré des menaces de mort la dernière fois qu’il l’a croisé, Dale Weise semblait plutôt relax à la veille du premier match de la saison entre le Canadien et les Bruins de Boston.

Weise a bien tenté de feindre l’amnésie quand le retour en ville de Milan Lucic a été abordé devant son casier, après l’entraînement de l’équipe mercredi, mais en vain. Personne n’a oublié le face-à-face hautement médiatisé entre les deux hommes au cours duquel Lucic, incapable de digérer l’élimination de son équipe au deuxième tour des séries éliminatoires, avait furieusement promis, dans des termes plus ou moins amicaux, d’obtenir vengeance.

« I’m going to f****** kill you next year ». Les détails de l'avertissement n’ont jamais été confirmés, mais l’essentiel des propos n’a jamais été nié non plus.

Nous voilà donc cinq mois plus tard, à quelques heures des retrouvailles, et Weise ne parle pas comme un homme dont la tête a été mise à prix. En fait, il ne sait même pas encore s’il aura la chance d’affronter les Bruins, contre qui il avait marqué deux buts lors des séries. Mais peu importe, il n’est pas trop intéressé à ressasser le passé.

« Je l’ai vu en parler à la télévision cet été. J’ai trouvé ça plutôt drôle, mais je persiste à dire que toute cette histoire a pris des proportions démesurées et je ne veux plus trop en parler, a exprimé Weise, qui était de bien bonne humeur devant les journalistes. On commence une nouvelle saison, on cherche encore nos repères pour retrouver le même niveau de jeu que l’an dernier, alors on essaie d’oublier ce qui fait partie du passé. »

« Chaque fois que Montréal affronte Boston, il y a beaucoup d’animosité. Je ne crois pas qu’il y en aura plus qu’à l’habitude demain », prévoit l’attaquant d’énergie, utilisé dans trois des quatre matchs de l’équipe jusqu’ici.

L’entraîneur Michel Therrien non plus n’était pas trop intéressé à alimenter l’incontournable histoire qui entoure le prochain chapitre de l’histoire qui unit son équipe à celle de son confrère Claude Julien.

« On connaît tous la rivalité avec les Bruins, mais chaque saison est une nouvelle saison. C’est comme ça qu’on voit ça. On sait que ça donne toujours des matchs très intenses. Les deux clubs sont bien préparés, les deux veulent gagner et demain ne fera pas exception. »

« Mais on ne commencera pas à commenter ce qui s’est passé dans les séries l’an dernier, a-t-il ajouté. On va se concentrer sur ce qu’on doit faire pour remporter notre prochain match. »

« Je crois que les deux équipes comprennent l’importance des points qui seront à l’enjeu, soutient Brendan Gallagher. Quand arrive le dernier mois de la saison, on se rappelle toujours des matchs qu’on a laissé filer plus tôt dans l’année. Demain, on se battra pour deux points contre des rivaux de division. Je crois que c’est la seule motivation qui devrait occuper nos pensées. »

Gallagher s’est en quelque sorte retrouvé entre l’arbre et l’écorce au cours des derniers mois. Le petit ailier du Canadien passe une partie de ses étés dans l’Ouest canadien, où il s’entraîne en compagnie de Lucic. Les deux sont d’anciens porte-couleurs des Giants de Vancouver, dans la Ligue junior de l’Ouest.

« Je l’ai taquiné un peu avec ça, mais j’ai attendu un peu... Ça a pris du temps avant que j’ose! », rigolait le souriant attaquant. « Looch est un gars très compétitif, il déteste perdre. Si vous ne le saviez pas, je crois que vous l’avez tous appris l’an passé. Ce n’est rien de nouveau, il a toujours été comme ça. C’est ce qui fait de lui un aussi bon joueur. »

« Il joue avec beaucoup de hargne à chaque soir, que ce soit contre nous ou contre n’importe quelle autre équipe, et je ne m’attends pas à ce que ce soit différent demain », anticipe Weise.

Les conditions idéales

Les Bruins connaissent un début de saison à l’opposé de celui du Canadien. Après avoir amorcé leur calendrier avec une victoire face aux Flyers de Philadelphie, ils ont perdu leurs trois matchs suivants, dont deux à domicile.

Pour les intéressés, la fiche personnelle de Lucic est à l’image du reste de son équipe. L’attaquant de puissance n’a récolté aucun point en quatre matchs, avec seulement quatre tirs au but à son palmarès.

Le Canadien fera donc face à une proie vulnérable pour son match d’ouverture à domicile, d’autant plus qu’avant de prendre la direction de Montréal, les Bruins devront affronter les Red Wings mercredi à Detroit. Le contexte semble donc idéal pour éliminer la mauvaise habitude qu’a prise le CH de commencer ses matchs du pied gauche depuis le début de la saison.

« Nos débuts de matchs ont été gênants, admet Weise. C’est difficile à expliquer, parce que nous avons connu, à d’autres moments, des séquences où nous avons très bien joué. Je pense notamment à la troisième période à Philadelphie, que nous avons complètement dominée pour prendre le contrôle du match. Il faut être prêt à offrir ce genre de performance dès la première mise en jeu. Au Centre Bell, c’est facile de se nourrir de l’énergie de la foule si on se sent un peu engourdi, alors je ne crois pas que le problème se répétera demain. »