Comme c'est devenu coutume, le directeur général Marc Bergevin a procédé à son bilan de quart de saison lundi, afin de discuter des performances du Canadien après 15 rencontres.

Un des thèmes qui ont retenu mon attention dans le point de presse d'hier midi, a été celui des joueurs qui peuvent en donner plus par rapport à leur rendement actuel. Tomas Tatar est le nom le plus évident à voir été soulevé, et avec raison, lui dont le niveau de jeu décevant a mené à une tape sur les doigts samedi dernier à Toronto, alors que Claude Julien l'a laissé de côté. 

Marc Bergevin décortique le début de la saison

Bergevin ne s'est pas gêné non plus pour dire que le centre Phillip Danault doit en donner plus. Bref, on parle ici de deux joueurs qui normalement font partie du trio le plus fiable du CH. Ce sont là deux attaquants qui formaient avec Brendan Gallagher l'année dernière un trio redoutable que les meilleurs éléments de l'équipe adverse n'appréciaient pas du tout retrouver sur leur chemin.

Je regarde toutefois dans l'ensemble de la production offensive de l'équipe. Jonathan Drouin a beau récolter sa part de mentions d'aides, il n'a quand même qu'un seul but à sa fiche. Paul Byron s'est trouvé au ballottage dimanche, et le fait qu'il n'avait pas encore trouvé le fond du filet après 14 matchs devait être un des facteurs ayant mené à cette décision.

Tyler Toffoli et Josh Anderson sont arrivés avec leur nouvelle équipe et immédiatement, ils ont affiché leurs couleurs en totalisant 19 buts à eux deux. Ça serait plaisant qu'au lieu de regarder passer la parade, les vétérans de l'équipe emboîtent le pas et permettent une distribution plus égale parmi le top-9.

On a compris par les propos du DG que la décision du CH de soumettre Byron au ballottage était un risque calculé, sachant que son salaire allait refroidir même les équipes qui l'auraient bien aimé dans leur formation. Et dans le cas où un club aurait mordu à l'hameçon,  il y aurait eu du positif au-delà de la perte
d'un bon joueur et d'un bon coéquipier, soit une économie de près de 3,5 M$ sur la masse salariale.

Je persiste à croire que Byron peut encore aider une équipe de la LNH. En jouant dans les trois premiers trios sur une base régulière, il peut encore produire. À Montréal, il a connu deux saisons de 20 buts. Je trouve ça dommage pour lui, le fait que l'équipe ne l'utilise plus autant que par le passé. Forcément, avec l'apport des Toffoli et Anderson, son temps de jeu a été passablement limité.

On peut déduire qu'en ce moment, Claude Julien préfère miser sur des joueurs au physique plus imposant que Byron. Qu'il considère que présentement, Joel Armia, Corey Perry et Artturi Lehkonen peuvent apporter plus à sa formation que Byron. Mais je prends l'exemple de Perry, et je ne vois pas comment il pourrait jouer chacun des matchs jusqu'au 56e et dernier de la saison. Il peut donner un fier coup de main au Canadien, en tant que vétéran expérimenté sur l'avantage numérique et en tant que protecteur pour Jesperi Kotkaniemi, mais tôt ou tard, Julien voudra miser sur la vitesse pour certains affrontements, et ces fois-là, Perry sera un candidat à être laissé de côté à son tour.

Moins d'aplomb ou un ajustement des clubs rivaux?

Quand tu entames la saison dans un contexte aussi particulier que celui de la COVID-19, avec l'absence d'un calendrier préparatoire, certaines équipes vont mieux répondre que d'autres, c'est inévitable. Fidèle à sa réputation d'être excellent pour préparer ses équipes, Julien a réussi à bien faire comprendre ses exigences à son groupe très tôt dans la saison. Tout le monde poussait dans la même direction, tandis que leurs rivaux ont plus ou moins bien réagi au manque de répétitions.

Maintenant, après sept ou huit matchs, le rythme et l'intensité recherchés sont revenus pour tout le monde. D'une part, il y a ces ajustements des autres équipes de la division Nord. Mais il ne faut pas oublier non plus qu'en début d'année, le CH a été confronté soir après soir à des gardiens qui n'étaient pas du tout au sommet de leur art. Que ce soit Mikko Koskinen, Braden Holtby, Thatcher Demko ou David Rittich, il y a eu des cadeaux qui ont été offerts.

Ç'a été toute autre histoire toutefois quand Edmonton a été visiteur au Centre Bell la semaine dernière, alors que Mike Smith était en pleine possession de ses moyens. Le Canadien a une équipe compétitive, capable de tenir tête aux meilleurs, mais il devra réaliser qu'il ne marquera pas quatre buts ou plus par match en se fiant trop sur la générosité des gardiens adverses. Il faut travailler pour obtenir la même production offensive qu'en début d'année.

Je serai curieux de voir comment le Tricolore pourra se servir de la période de sept jours de congé pour retrouver ses bonnes habitudes. Il y aura des aspects que Julien voudra travailler plus que d'autres au cours des séances d'entraînement qui vont précéder les matchs contre les Maple Leafs et les Sénateurs, samedi et dimanche.

À mon avis, l'avantage numérique est une des facettes qui mérite d'être travaillée pendant le congé. Ça passe probablement par un retour au duo de Jeff Petry et Shea Weber aux points d'appui. Peut-être étaient-ils devenus trop prévisibles, et c'est pourquoi on a voulu rééquilibrer les unités du jeu de puissance. Il faut chercher des solutions pour que les joueurs rivaux ne puissent pas anticiper aussi facilement les jeux du CH avec l'avantage d'un homme.

Quant à l'infériorité numérique, j'aime bien le boulot accompli, mais je veux qu'on continue de mettre l'accent sur un style agressif sur le porteur du risque. Le temps d'exécution est un élément-clé pour enlever le plus possible d'options à des joueurs de grand talent - pensons aux premières unités des Oilers, des Leafs et des Canucks par exemple.

Finalement, en début de saison, une des forces les plus évidentes du Canadien était sa capacité à effectuer des sorties de zone rapides et efficaces. C'est-à-dire que la première passe arrivait tellement vite que les attaquants montréalais arrivaient à se donner un élan entre les lignes bleues, forçant les défenseurs adverses à jouer plus sur les talons. Je ne vois plus ces montées avec le même dynamisme, et ce sont les bridgaes défensives des autres équipes qui les en remercient.

Ce sont des choses sur lesquelles Claude Julien et ses adjoints mettent l'accent à longueur de saison, mais je suis persuadé qu'une attention particulière y sera consacrée durant les séances d'entraînements d'ici à samedi.

* propos recueillis par Maxime Desroches